𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟏 : 𝐃𝐀𝐌𝐍𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍

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𝚃𝚆 : 𝚂𝙲𝙴𝙽𝙴 𝙲𝙷𝙾𝚀𝚄𝙰𝙽𝚃𝙴

Charlie

10 heures 40.
Franklin Rd, Nashville.

Depuis cette soirée fatidique à Lafter, une ombre s’était abattue sur nous tous. L’air était saturé d’une tension palpable, comme si chaque recoin murmurait les secrets que nous refusions de partager.

On se parlait à peine, nos voix autrefois animées réduites à des murmures étouffés, craignant de briser le fragile silence qui s’était installé. Il y avait ce sentiment horrible, un mélange de regret et de peur, qui flottait lourdement dans l’air.

Personne ne voulait aborder le sujet de la soirée, mais c’était comme un fantôme qui hantait nos esprits, une présence constante dans nos pensées.

Les conversations, quand elles osaient émerger, étaient rares et brèves, des échanges forcés qui ne faisaient qu’accentuer le vide entre nous.

Les rires et les chuchotements habituels avaient disparu, remplacés par des soupirs lourds et des regards qui se dérobaient, fuyant la vérité que nous n’étions pas prêts à affronter.

Nous semblions tous perdus dans nos propres pensées, naviguant à travers les brumes de nos propres tourments.

Il y avait une tristesse profonde dans les yeux de chacun, une douleur qui s’accrochait à nos âmes, une marque indélébile laissée par cette nuit où tout avait changé. C’était une douleur qui ne pouvait être effacée.

– J’ai informé les familles de Thomas, George et celle d’Adam de la tragédie, annonça Tobias d’une voix éteinte, brisée par le poids des mots qu’il venait de prononcer.

– Merci, Tobias, murmura Luke, ses doigts serrant le verre de whisky comme s’il pouvait y puiser du réconfort. 

Il porta le liquide ambré à ses lèvres, laissant l’ardeur de l’alcool anesthésier la douleur qui ne cessait de marteler son esprit.

Affaissée dans le canapé, je fixais un point invisible sur ma cuisse, là où j’avais dû recoudre la plaie béante laissée par la violence de la nuit passée.

Mes pensées se tournaient inexorablement vers Angeline. Comment avait-elle pu encaisser le choc ? Son frère, décapité avec une sauvagerie inimaginable, sans la moindre once de pitié ou de remords.

La douleur qu’elle devait endurer en cet instant, je ne pouvais que l’imaginer, supposant qu’elle surpassait de loin le chagrin d’avoir perdu sa mère dans un accident de voiture.

Et moi, j’étais là, figée, entravée par mon propre corps et mon impuissance, incapable de lui offrir le moindre soutien.

Conrad s’installa à mes côtés, enveloppant mes épaules de son bras protecteur. Sa tête trouva refuge contre la mienne. Il me tendit un verre, son contenu brunâtre promettant une échappatoire, ne serait-ce que temporaire.

Nous avons levé nos verres en un toast muet à ceux que nous avions perdus, puis bu d’un trait. La brûlure de l’alcool se fit sentir dans ma gorge, une douleur bienvenue qui me rappelait que je pouvais encore ressentir quelque chose.

WORST NIGHTMARE I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant