Chapitre 47 : Élévation

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‒ Il faudrait à présent baptiser le galion, murmura Majira. Est-ce que la Symphonie des Cieux vous convient ?

‒ Trop pompeux, nota Calida, et puis nous ne sommes pas en pèlerinage. Je propose Flottodactyl. Rapidair. Ou encore Volevite.

‒ Je vote pour le dernier ! s'écria Andri.

Volevite, et puis quoi encore, ronchonna Aspen. Je refuse de monter à bord si cette proposition est acceptée.

‒ Dit celui qui ne soumet rien, répliqua la chasseuse.

‒ Je préfère ne rien énoncer plutôt que de dire quelque chose de stupide, rétorqua le brigand.

‒ Pourquoi pas l'Aile de l'Aurore ? s'exclama Jarek pour ne pas laisser le temps à Calida de riposter.

La Mélodie des vents ? intervint Althea.

‒ Ou le Chœur Céleste ? avança Maveth.

‒ J'aime beaucoup ce nom, déclara Eira. Il reflète la cohésion dont nous avons fait preuve lors de sa construction.

‒ Votons pour le nom qui nous parle le plus, décida Lord Reuel en souriant.

Après un vote à main levée, la dénomination de l'Aile de l'Aurore fut adoptée. Aspen tourna son regard vers Eira et lui fit un clin d'œil.

‒ Il est temps d'embarquer, dit ce dernier sans détacher son regard de la reine.

Il leva les mains, ses doigts traçant des mouvements précis dans l'air. La température autour de lui chuta légèrement, mais il n'en tint pas compte. Pas à pas, un escalier de glace étincelant prit forme, reliant le navire à la plage sur laquelle ils se tenaient. Il était semblable à celui qu'il avait créé en Bylur pour passer de l'autre côté de l'éboulement.

Aspen maintenait sa concentration, sentant la magie de glace lui répondre. L'escalier descendait doucement vers lui, chaque nouvelle marche se matérialisant sous ses yeux. La structure était lisse et solide, mais elle avait une beauté fragile, presque éthérée.

‒ Magnifique ! s'extasia la petite Andri en tapant dans ses mains.

Calida hocha la tête en signe d'approbation.

‒ Ha ! Oui, c'est absolument sublime. Il semblerait que Messire Aspen soit bon à quelque chose.

Enfin, l'escalier atteignit le sable fin. Le brigand abaissa ses mains, un soupir de satisfaction s'échappant de ses lèvres.

‒ C'est prêt, annonça-t-il à ses compagnons.

Il s'inclina devant la souveraine.

‒ Après toi, flocon de neige.

Eira posa le pied sur la première marche, son sac sur l'épaule et sa main frôlant la rampe ornée de spirales ciselées dans la glace. Calida la suivit de près, ressentant la puissance tranquille et la stabilité de l'escalier. Leurs compagnons montèrent à leur tour. Aspen ferma la marche, jetant un dernier regard sur l'île où il s'était entraîné durant de longs mois.

Ensemble, ils gravirent les marches scintillantes, montant vers leur création commune. Ils atteignirent le navire et se hissèrent à bord. Maveth courut vers le gouvernail, prête à les conduire en Bylur. Elle étala une carte maritime sur le bois du pont.

Quelques minutes, ils levaient l'ancre et leur nouveau voyage débuta.

Aspen se promenait sur le pont, admirant la robustesse de l'Aile de l'Aurore. Les troncs qui formaient les mats étaient bien droits, sans aucune branche qui ne dépassait. Les voiles, gonflées par le vent, poussaient le navire en avant. Il s'appuya au bastingage taillé dans la glace. La brise jouait avec ses cheveux blonds. Le ciel était d'un bleu clair sans nuage, et la lumière dorée du soleil levant se reflétait sur les vagues en contrebas. La mer d'Émeraude s'étendait à perte de vue, et le parfum du sel vint chatouiller ses narines.

Frozen TearsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant