Chapitre 50 : Les regards qui parlent.

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Alors que les rires commençaient à s'atténuer, un bruit sourd retentit soudainement, interrompant la légèreté de la conversation. Les sourires s'effacèrent progressivement, et les visages s'assombrirent de curiosité. Un coup à la porte, net et ferme, se fit entendre. Les regards se tournèrent vers l'entrée, juste avant qu'un des gardes postés à l'extérieur ne frappe et n'entre avec un salut rapide et respectueux.

« Excusez-moi, » dit-il en s'inclinant légèrement, « le roi souhaite rassembler toute la famille. Il est temps de discuter des affaires du gouvernement et de préparer son allocution. »

L'annonce sembla flotter dans l'air un instant, tandis que chacun des petits-enfants, cousins et cousines présents dans la pièce se redressaient, les sourcils légèrement froncés. L'atmosphère légère et insouciante s'était envolée d'un coup, remplacée par une gravité palpable. Il n'était pas fréquent que le roi demande à voir toute la famille pour une telle discussion, et encore moins avant une allocution publique.

Maëlle fut la première à bouger, se levant d'un mouvement fluide, suivie rapidement par ses frères et sœurs. L'ambiance sérieuse imposa un silence solennel dans la pièce. Sans un mot, ils quittèrent la suite, les uns après les autres, une certaine nervosité se lisant sur leurs visages.

Les gardes du corps, en rang derrière eux, prirent leur place habituelle, gardant leurs positions protectrices. Parmi eux, Samy, attentif à tout ce qui se passait, marchait à une distance respectable de Maëlle. Pourtant, malgré son professionnalisme, il sentait une légère tension en lui. Son cœur battait un peu plus vite à chaque pas, comme s'il anticipait quelque chose. Chaque regard de Maëlle qu'il croisait semblait renforcer ce lien invisible entre eux, un fil fragile mais inébranlable.

Pendant ce temps, ses collègues, toujours aussi taquins, ne purent s'empêcher de lancer quelques piques discrètes. Un sourire en coin aux lèvres, l'un des gardes, un ami proche de Samy, murmura en retenant un rire :

« Alors, l'élu, prêt pour une nouvelle séance de bécotage à la moindre occasion ? »

Un autre, marchant juste derrière Samy, ajouta tout bas, presque en chuchotant : « Fais gaffe, à ce rythme, on va croire que tu montes les échelons à une vitesse folle, surtout avec cette complicité que t'as avec la princesse. »

Samy sentit ses joues rougir légèrement, une réaction qu'il avait du mal à contrôler face à ces plaisanteries. Mais malgré son embarras, un sourire se dessina sur ses lèvres. Il savait que ses collègues plaisantaient avec bienveillance, et il appréciait cette camaraderie, même si leurs remarques ne faisaient que rendre plus évident ce qu'il ressentait vraiment.

Il fallait dire que la relation naissante entre lui et Maëlle n'échappait à personne. Même dans le palais, où les regards se faisaient discrets, certains murmures circulaient, et chacun semblait percevoir cette tension douce mais persistante entre eux. Chaque geste, chaque sourire échangé faisait naître des soupçons, et Samy savait qu'il devait être plus prudent. Mais pouvait-il vraiment réprimer ses sentiments ?

Tout au long du chemin menant à la salle de réunion, Maëlle continuait de jeter des regards discrets en arrière, vérifiant la présence de Samy. Chaque fois que leurs yeux se croisaient, une étincelle passait, silencieuse mais pleine de sens. C'était comme un langage secret, un dialogue muet que seuls eux deux comprenaient. À chaque échange, les battements de cœur de Samy s'accéléraient, et un sourire involontaire se formait sur ses lèvres. Ce jeu de regards ne passait pas inaperçu, cependant. Les autres gardes, toujours en alerte, ne manquaient pas de remarquer cette interaction silencieuse. Ils échangèrent des rires étouffés et des regards complices entre eux, comme s'ils assistaient à un spectacle privé.

Les cousins de Maëlle, tout aussi perspicaces, observaient discrètement. Nahïa, marchant non loin de sa sœur, se pencha vers Sacha et murmura :

« Tu crois qu'ils vont finir par nous avouer ce qu'on sait déjà tous ? »

Sacha répondit avec un sourire malicieux : « Je donne deux jours avant que tout le monde soit au courant. »

Un léger éclat de rire parcourut le groupe, adouci par l'ambiance solennelle qui régnait toujours. Ils se permettaient quelques instants de légèreté avant la réunion importante qui les attendait. Pourtant, chacun d'eux savait que la journée à venir serait chargée de défis et de décisions cruciales.

Arrivés à quelques mètres de la salle de réunion, Maëlle ralentit volontairement son pas, laissant une petite distance se creuser entre elle et le reste du groupe. Elle jeta un coup d'œil rapide autour d'elle, vérifiant que personne ne faisait trop attention, avant de se glisser doucement en arrière, à la hauteur de Samy.

Samy sentit sa présence avant même de la voir. Lorsqu'il tourna la tête, Maëlle était déjà là, souriante, ses yeux pétillant d'une malice tendre. Sans un mot, elle s'approcha encore un peu plus près et, avec une assurance tranquille, elle lui déposa un baiser léger mais significatif sur la joue. Son sourire radieux trahissait l'affection qu'elle ressentait, et malgré la situation sérieuse, ce petit geste illuminait leur monde, ne serait-ce que pour un instant.

Les cousins et les gardes du corps, qui avaient ralenti leurs pas et observaient discrètement la scène, échangèrent des regards amusés. L'un des gardes, qui n'avait jamais été très doué pour garder son sérieux, ne put s'empêcher de lancer :

« Eh bien, plus besoin de jouer les discrets apparemment ! »

Un autre, sur le même ton malicieux, ajouta en étouffant un rire : « C'est qu'on se cache plus, maintenant ! À ce rythme-là, on va devoir vous faire escorter par des gardes juste pour vos moments à deux. »

Maëlle, loin d'être déstabilisée, leur répondit avec un sourire confiant, ses yeux brillant de malice : « De toute façon, vous êtes tous au courant. Pourquoi se cacher ? »

Ses cousins, d'abord surpris par cette franchise soudaine, échangèrent des regards complices avant d'éclater de rire. Sacha, qui ne manquait jamais une occasion de plaisanter, répondit en secouant la tête :

« Et bien, si tu le dis. Mais fais attention, avec Samy dans les parages, on ne sait jamais où tu pourrais te retrouver ! »

Les éclats de rire se répandirent à travers le groupe, même parmi les gardes qui, habituellement, se montraient plus discrets. Samy, de son côté, rougit de plus belle mais ne put s'empêcher de sourire face à cette bonne humeur générale. Il se sentait à la fois touché et légèrement embarrassé par toute cette attention, mais l'atmosphère légère et bienveillante lui réchauffait le cœur.

Maëlle, toujours à ses côtés, posa sa main sur son bras et murmura doucement : « Ne t'inquiète pas, Samy. Ils t'aiment bien, c'est pour ça qu'ils plaisantent autant. »

Il hocha la tête, reconnaissant pour ces paroles rassurantes. Malgré tout, le moment partagé avec Maëlle et observé par tous lui semblait parfait. Il y avait une intimité dans cet échange, même sous le regard attentif de leur entourage.

Alors qu'ils approchaient de la grande porte de la salle de réunion, Maëlle accéléra légèrement le pas pour rejoindre ses frères et sœurs. Samy resta en retrait, ses collègues toujours à ses côtés, mais une nouvelle lueur d'assurance dans le regard. La journée promettait d'être intense, mais il se sentait prêt, entouré d'une famille qui commençait peu à peu à l'accepter pleinement.

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