Chapitre 68 : Sous le Regard du Monde.

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Chapitre 68 : Sous le Regard du Monde.

La chaleur de la journée enveloppait le site des projets royaux en cours, et l'air vibrait d'une tension palpable. Les travaux avançaient, témoignant de la volonté du pays de se reconstruire après des années de crises. Tandis que Maëlle et Samy progressaient à travers les différentes sections de la visite, ils furent accueillis par une foule inattendue. Les flashes des caméras crépitaient, des murmures curieux s'élevaient, et bientôt, une marée de journalistes les encerclait.

C'était une surprise. Maëlle, bien que préparée aux interactions officielles et aux protocoles royaux, n'avait pas anticipé l'ampleur de l'attention internationale que ce projet attirerait. Elle savait que les initiatives de reconstruction en partenariat avec la royauté étaient cruciales, mais la couverture médiatique qu'elles suscitaient dépassait ses attentes. Des journalistes de diverses nationalités, arborant des micros avec des logos de chaînes télévisées prestigieuses, posaient des questions à voix haute, essayant de capter son regard.

Le visage de Maëlle restait serein, mais à l'intérieur, elle était sur ses gardes. Chaque geste, chaque mot pourrait être analysé et disséqué par cette meute de journalistes. Elle jeta un coup d'œil vers Samy. Toujours à ses côtés, il lui offrit un sourire discret, un geste simple qui, pourtant, apporta un peu de réconfort dans cette marée de regards inquisiteurs. Leurs mains se frôlaient par inadvertance, un contact léger mais lourd de sens pour eux deux. C’était leur secret, une promesse silencieuse de soutien mutuel.

Cependant, la subtilité de ces gestes n'échappa pas aux journalistes. Leurs regards devenaient de plus en plus attentifs, scrutant chaque interaction entre eux. Les frôlements de leurs mains, les regards échangés, les sourires fugaces, tout semblait attirer des murmures d'hypothèses parmi les reporters, dont certains prenaient des notes précipitées.

« Comment se fait-il que des journalistes internationaux soient ici, dans un pays qui est généralement peu médiatisé ? » demanda Maëlle, s'adressant directement à un journaliste qui semblait moins agressif que les autres. Il avait une barbe poivre et sel, des lunettes fines, et tenait un carnet plutôt qu'un appareil photo, contrastant avec l'effervescence technologique qui l’entourait.

Le journaliste esquissa un sourire compréhensif, presque indulgent. « Vous sous-estimez l'impact de ce qui se passe ici. Votre histoire est en train de captiver le monde entier. Il est rare de voir une famille royale émerger d'une région aussi éloignée et modeste pour jouer un rôle aussi déterminant dans la stabilisation d’un pays en crise. Les gens sont curieux. Ils veulent savoir comment une famille d’origine française, à l’histoire humble, peut-elle changer le destin d’un pays. Votre engagement attire inévitablement les projecteurs du monde entier. »

Maëlle écoutait attentivement. Cette transformation, cette transition vers un rôle public de plus en plus influent, avait été rapide, presque vertigineuse. Elle réalisa alors que son histoire, celle de sa famille, dépassait les frontières et fascinait bien au-delà de ce qu’elle avait imaginé. Cette révélation la toucha plus profondément qu’elle ne l’aurait cru. Elle n'était plus simplement une femme en quête de réponses, elle devenait une figure publique, un symbole d’espoir pour un pays en reconstruction. Cette prise de conscience, lourde de responsabilité, traversa ses pensées.

À ses côtés, Samy, toujours vigilant, capta son regard. Un simple sourire, un léger signe de la tête. Il n'avait pas besoin de parler pour qu'elle comprenne : il était là, à chaque instant, prêt à la soutenir. Maëlle serra brièvement sa main, un geste discret mais chargé d’émotion. Leur lien, bien que encore gardé secret, commençait à prendre une place visible, et même les journalistes les plus éloignés semblaient percevoir cette complicité naissante.

Alors qu'ils tentaient de progresser dans leur visite des chantiers, les journalistes s'avançaient, de plus en plus insistants. Les questions fusaient de toutes parts, couvrant parfois les discussions sérieuses avec les responsables des projets. « Mademoiselle, un commentaire sur les réformes en cours ? »demandait l’un. « Votre relation avec votre garde du corps semble particulièrement proche, que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? » ajoutait un autre.

Maëlle gardait son calme, mais l'agitation commençait à perturber le déroulement de la visite. Les journalistes, incapables de se modérer, rendaient difficile la communication avec les équipes locales, et Maëlle, malgré ses efforts, avait du mal à suivre les explications des ingénieurs et responsables.

Samy, dont la patience commençait à s'effriter, s'avança d’un pas ferme. « Vous devez faire moins de bruit, nous sommes ici pour travailler, pas pour répondre à vos questions personnelles. » Sa voix était calme mais empreinte d’autorité. Pourtant, les journalistes, au lieu de se plier à sa demande, ricanèrent. Les regards curieux se transformèrent en amusement. « Hé, détendez-vous, on fait juste notre boulot ! » lança l'un d'eux avec un ton sarcastique.

Maëlle, sentant l'atmosphère devenir tendue, posa doucement une main sur le bras de Samy. « Laisse-les, » murmura-t-elle. Mais Samy ne put retenir sa frustration plus longtemps. « Vous devez respecter ce que nous faisons ici ! » s'exclama-t-il, élevant enfin la voix. « Ce n’est pas une distraction, c’est le futur de ce pays que vous couvrez, alors agissez avec plus de professionnalisme. »

Un silence tendu s’installa. Le ton de Samy avait fait mouche, et les journalistes, surpris par cette fermeté, se calmèrent enfin. L'effet fut immédiat, et Maëlle, profitant de l’accalmie, se tourna vers Samy avec un regard à la fois amusé et tendre. « C’est la première fois que je te vois perdre patience comme ça, » murmura-t-elle en souriant. « C’est presque adorable. »

Samy, apaisé par les taquineries de Maëlle, esquissa un sourire, laissant retomber la tension en lui. Les journalistes, malgré l’ordre rétabli, observaient cette interaction avec un intérêt renouvelé, notant chaque geste, chaque expression.

Tandis qu’ils reprenaient leur marche parmi les chantiers, Maëlle ne put s’empêcher de remarquer les regards scrutateurs. Elle sentait l'attention qui pesait sur eux, et cette fois, il n'y avait plus moyen d'éviter les questions.

Finalement, une voix se fit entendre parmi la foule des journalistes. « Mademoiselle, pourriez-vous nous parler de votre relation avec le garde ? Il semble que vous soyez très proches. »

Maëlle sourit. Elle savait que cette question finirait par tomber à nouveau. En jetant un coup d’œil complice à Samy, elle décida de jouer la carte de l’humour. « Oh, Samy ? Il est surtout là pour me rappeler où j’ai laissé mes clés. » Un éclat de rire se fit entendre parmi les journalistes, qui semblaient apprécier la réponse légère.

Un autre, plus audacieux, insista : « Et que dire de vos mains qui se tiennent si souvent ? Est-ce un geste symbolique ? »

Maëlle ne se laissa pas déstabiliser. « Oh, ça ? C’est simplement pour m’assurer qu’il ne se perde pas dans tous ces couloirs. Il a une fâcheuse tendance à errer ! »

Les journalistes riaient de bon cœur, mais Maëlle, tout en jouant de la légèreté, savait qu’il était temps de recentrer la discussion. « Plus sérieusement, je suis ravie que vous soyez ici pour couvrir l’avancement de nos projets. Les améliorations que nous mettons en place sont cruciales pour le futur de ce pays. »

Les regards inquisiteurs s'adoucirent, et les questions commencèrent à se concentrer sur les aspects techniques des projets. Maëlle, satisfaite de cette transition, reprit le contrôle de la situation.

Cependant, en arrière-plan, une petite silhouette se frayait un chemin à travers la foule. Une petite fille, vêtue d'une robe rose, s'approcha de Maëlle, tirant timidement sur sa robe. « Est-ce que le grand monsieur est ton mari ? » demanda-t-elle avec une innocence désarmante.

Maëlle, amusée par la question, se pencha doucement vers elle. « Je vais te confier un secret, mais tu dois promettre de ne le dire à personne, d'accord ? » La petite fille hocha la tête avec enthousiasme, ses yeux brillants de curiosité. « Samy est mon chéri, mais c’est un secret. » chuchota Maëlle avec un clin d'œil complice.

La fillette éclata de rire, ravie de cette confidence. Tandis qu’elle s’éloignait, un sourire espiègle aux lèvres, Maëlle se redressa, croisant le regard amusé de Samy. Ils reprirent ensuite la visite, ignorant les journalistes qui recommencèrent à poser des questions indiscrètes.

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