Entre nos mains

Chapitre 51 : L'officialisation.

Ils arrivèrent enfin à la grande salle de réunion où les discussions sérieuses allaient reprendre. Les jeunes amoureux, Maëlle et Samy, durent se séparer, chacun rejoignant son rôle respectif. Maëlle prit place aux côtés de ses cousins, tandis que Samy se posta en retrait avec les autres gardes du corps, veillant silencieusement.

La pièce, richement décorée de tapisseries aux motifs anciens et de grands lustres, créait une ambiance solennelle. La lumière douce des chandeliers éclairait la longue table de bois, où chaque membre de la famille royale avait pris place avec gravité. Les discussions légères de quelques minutes plus tôt semblaient déjà lointaines.

L’atmosphère dans la salle était concentrée. Samuel, le roi, un homme aux traits marqués par la sagesse et l’expérience, ouvrit la réunion en abordant les projets que chaque membre de la famille devait désormais préparer pour l’avenir du royaume.

Marie, la mère de Maëlle, fut la première à parler. Avec son élégance naturelle et sa voix posée, elle proposa de renforcer les relations diplomatiques avec les pays voisins, en insistant sur la nécessité d'établir des échanges culturels et économiques. "Nous devons montrer notre ouverture au monde tout en protégeant nos intérêts. Des accords de commerce, des alliances stratégiques, c’est par là que nous devons commencer" , déclara-t-elle avec assurance, ses mains délicatement posées sur la table.

Tandis qu'elle parlait, Maëlle, toujours attentive, jeta un regard en coin vers Samy. Celui-ci, debout à l'autre bout de la pièce, semblait concentré sur la réunion, mais Maëlle pouvait voir un sourire furtif naître sur ses lèvres lorsqu'il croisait son regard. Un léger frisson parcourut Maëlle. Même dans un cadre aussi formel, cette connexion discrète entre eux la faisait sourire intérieurement.

Ensuite, ce fut au tour de William, l’oncle de Maëlle, de proposer son plan pour réformer l'éducation nationale. Il expliqua, avec passion, qu’il souhaitait moderniser les infrastructures des écoles et renforcer les programmes en sciences et technologies. " Nos enfants doivent être préparés aux défis du futur, qu'ils soient scientifiques, économiques ou sociaux," dit-il en ponctuant ses propos de gestes amples.

Maëlle hocha la tête en signe d’approbation, mais son esprit vagabondait, revenant sans cesse à Samy. De temps en temps, elle regardait de nouveau en sa direction, et leurs yeux se rencontraient. Elle souriait légèrement à chaque fois, ressentant une douce chaleur envahir son cœur. Elle se surprenait à penser à ce qu'ils pourraient vivre ensemble après ces moments officiels. Elle imaginait des promenades au clair de lune ou des conversations intimes loin des regards.

Victor prit ensuite la parole pour exposer son projet de réforme militaire. Il voulait moderniser l’armée tout en instaurant des programmes de réinsertion pour les soldats ayant terminé leur service. " Il est temps de penser à leur avenir une fois qu'ils ont fini de servir notre pays. Nous leur devons autant que nous devons protéger nos frontières," expliqua-t-il avec une sincérité qui montrait combien ce sujet le touchait personnellement. Sa voix, légèrement rauque, portait une émotion retenue que Maëlle connaissait bien.

Elle écouta attentivement, sachant combien ce sujet touchait Victor personnellement. Elle lança un regard compréhensif à son cousin, consciente du poids de ses mots. Mais, une nouvelle fois, ses pensées la ramenèrent à Samy, qu’elle surprit en train de la regarder avec une tendresse qui fit battre son cœur un peu plus fort.

Quand ce fut au tour de Maëlle de parler, elle se redressa légèrement sur sa chaise, prenant une profonde inspiration. " Je propose un projet visant à améliorer les conditions de vie dans les zones rurales. Il faut apporter plus de soutien aux fermiers et artisans," dit-elle avec conviction, ses doigts jouant avec un stylo qu’elle tenait en main. "Des subventions, des aides pour moderniser les équipements, mais aussi des programmes pour développer le tourisme local." Ses mots étaient inspirés par l'après-midi passé à la ferme avec Samy, où elle avait vu de ses propres yeux l’importance de préserver ces traditions rurales tout en leur offrant de nouvelles perspectives.

Ses paroles, bien que sérieuses et réfléchies, étaient en réalité portées par un souvenir personnel. Elle se souvenait de la façon dont Samy avait admiré la simplicité de la vie à la ferme, et comment cela l'avait touchée.

Alors qu'elle terminait son discours, ses yeux rencontrèrent ceux de Samy une nouvelle fois. Mais cette fois, il n’y avait plus de sourire furtif. Samy semblait un peu plus sérieux, presque inquiet. Maëlle comprit alors que c’était le moment. Elle ne voulait plus cacher ce qu’elle ressentait, elle ne voulait plus de ce jeu de regards complices dans l’ombre.

Prenant une profonde inspiration, elle se tourna vers sa famille, qui l’observait avec curiosité. " Il y a autre chose dont je voudrais vous parler," dit-elle, sa voix légèrement tremblante, mais teintée de détermination. Les regards se tournèrent vers elle, intrigués, certains surprenant peut-être la légère rougeur sur ses joues.

"Depuis quelque temps, j’ai développé des sentiments pour quelqu’un d’extraordinaire, quelqu’un qui a été à mes côtés dans les moments les plus importants…" Elle jeta un coup d'œil rapide à Samy, dont le visage devint soudainement cramoisi. " Il s’agit de Samy, mon garde du corps. "

Un murmure parcourut la salle. Tous les yeux se tournèrent vers Samy, qui semblait de plus en plus nerveux. Il était impossible de cacher le rouge qui montait à ses joues. Maëlle sentit son cœur battre la chamade, mais elle se tenait droite, prête à assumer.

Voyant cela, Maëlle ne perdit pas de temps. Elle se leva de sa chaise, ses pas résonnant légèrement dans la salle silencieuse. Traversant la pièce avec grâce, elle rejoignit Samy, qui se tenait immobile, presque figé. Elle lui prit doucement la main, un geste simple mais chargé de sens, une affirmation de leur lien devant tous.

" Je voulais vous le présenter officiellement," dit-elle, ses yeux brillants de détermination. " Samy est bien plus qu’un garde du corps pour moi. Il est la personne qui me fait sourire, qui m’inspire, et que j’aime profondément."

Samy sentit son cœur s’emballer alors que Maëlle prononçait ces mots. Il n’aurait jamais imaginé une telle déclaration devant la famille royale, mais il était incroyablement touché. Sous les regards de la famille, il serra la main de Maëlle un peu plus fort, essayant de calmer le tourbillon d’émotions qui l’envahissait.

Le silence régna un instant dans la salle, avant que Samuel, ne prenne la parole. " Samy, approche-toi" , dit-il avec une voix calme mais autoritaire.

Samy fit quelques pas en avant, toujours main dans la main avec Maëlle. Le roi le fixa, son expression indéchiffrable, ses yeux semblant sonder les intentions de l'homme devant lui.

Après un moment de silence, il sourit légèrement. " Nous avons tous remarqué le changement en Maëlle, sa joie, sa détermination. Si c’est toi qui es la cause de tout cela, alors tu es le bienvenu parmi nous. Mais sache que cela n’annule pas tes responsabilités. Tu devras continuer à veiller sur elle, peut-être même plus encore maintenant. "

Samy hocha la tête avec un sérieux renouvelé." Je ferai tout pour la protéger, et pour être à la hauteur de cette famille, " répondit-il avec sincérité.

Maëlle sourit en entendant ces mots, rassurée. Elle n’avait plus de doutes. Leur relation, bien que naissante, était forte et authentique.