Chapitre 35 : Sous les Silences.

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Le palais vibrait dès l'aube, chaque recoin résonnant des préparatifs en cours. Les rayons du soleil se faufilaient à travers les immenses fenêtres, baignant les couloirs de leur éclat doré, tandis que les employés, gardes et conseillers s'affairaient pour la journée de réunions à venir. Les murmures pressés, les bruits de pas rapides, et le cliquetis des tasses de café ou de thé accompagnaient l'atmosphère fébrile. L'énergie était palpable, et chaque individu semblait pleinement conscient de l'importance des discussions qui allaient se tenir.

Dans sa chambre, Maëlle se préparait calmement, mais une certaine tension habitait ses gestes. Elle savait que cette journée serait cruciale pour la suite des événements. Les réformes, les questions économiques et les ajustements stratégiques pesaient sur ses épaules. Samuel Georges et d'autres membres influents de la famille allaient être présents, ainsi qu'un panel de conseillers étrangers, ajoutant une pression supplémentaire.

Elle ajusta une mèche de cheveux rebelle devant son miroir, songeuse. Derrière elle, à quelques pas, Samy veillait en silence. Il était toujours là, une présence rassurante dans l'ombre. Son regard attentif balayait la pièce de manière méthodique, comme s'il anticipait déjà les moindres détails à surveiller au cours de la journée. Rien n'échappait à son attention.

Maëlle, après un dernier regard vers son reflet, se tourna vers Samy. " Prête pour une longue journée ", murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour lui. Samy, avec sa discrétion habituelle, se contenta de hocher la tête, son expression neutre, mais ses yeux toujours alertes. Son professionnalisme inébranlable semblait apaiser Maëlle, lui rappelant qu'elle n'était pas seule dans cette aventure.

Le premier entretien de la journée se tenait dans une grande salle de conférence aux boiseries sombres, ornée de tapisseries fines. Les lustres en cristal qui pendaient du plafond diffusaient une lumière tamisée et élégante, créant une atmosphère feutrée malgré l'importance des discussions à venir. Les membres de la famille, les conseillers et les experts étaient déjà en place, chacun feuilletant ses documents, peaufinant ses notes.

Maëlle entra dans la salle, les yeux scrutant rapidement chaque visage familier. Elle se sentait légèrement tendue mais déterminée à faire bonne figure. Elle s'installa à sa place désignée, en tête de la table, tandis que les discussions commencèrent presque immédiatement, plongeant directement dans les détails techniques liés aux réformes des infrastructures.

À l'arrière, Samy s'était positionné près de la porte, comme à son habitude. Il ne participait pas aux discussions, mais il n'était jamais totalement inactif. Son regard se déplaçait d'un coin à l'autre de la salle, notant chaque mouvement, chaque détail. À un moment, alors que Maëlle levait brièvement les yeux de ses notes, elle croisa son regard. Un instant fugace, mais suffisant pour qu'elle trouve dans son sourire discret une ancre de sérénité. Cette simple interaction, bien que brève, lui rappela qu'elle avait toujours une constante dans sa vie tumultueuse.

Le déroulement de la réunion était rigide et structuré. Les plans d'expansion, les discussions sur les chantiers à venir et les partenariats étaient décortiqués dans les moindres détails. Maëlle, malgré la fatigue mentale qui commençait à s'accumuler, restait concentrée, prenant des notes méthodiques tout en participant aux discussions. De temps en temps, elle relevait la tête et constatait que Samy la surveillait toujours, comme une ombre bienveillante. Elle lui adressa un sourire subtil, qu'il lui rendit avec la même discrétion. Cette interaction non verbale était rassurante, une forme de communication qui ne nécessitait aucun mot.

La première réunion s'étira jusqu'à tard dans la matinée, et après une courte pause pour reprendre leur souffle, Maëlle et les autres se dirigèrent vers une nouvelle salle pour le deuxième entretien. Celui-ci portait sur des questions communautaires et se tenait dans une pièce plus intime, dont les murs étaient tapissés de livres anciens et de cartes détaillées. Les fauteuils disposés en cercle autour d'une grande table de bois renforçaient l'atmosphère studieuse.

Maëlle, fatiguée mais concentrée, s'immergea à nouveau dans les discussions, analysant chaque proposition avec un esprit critique affûté. Samy, toujours silencieux, se tenait un peu plus en retrait cette fois, mais ses yeux n'abandonnaient jamais leur vigilance. Durant cette réunion, plusieurs fois leurs regards se croisèrent. Ces petits moments volés, marqués par des sourires presque imperceptibles, étaient pour Maëlle des bouffées d'air dans la pression omniprésente des entretiens.

L'heure avançait, et Maëlle commençait à ressentir les effets de la fatigue. Ses épaules étaient lourdes, ses tempes pulsaient légèrement sous la tension des heures accumulées. Cependant, elle ne relâcha rien de sa concentration, bien consciente de l'importance du dernier entretien à venir : celui portant sur les réformes économiques.

C'est dans une salle plus sobre que cette réunion prit place. Les experts étrangers étaient là, ajoutant une dimension plus technique aux débats déjà complexes. La discussion tournait autour des réajustements budgétaires et des implications des politiques économiques à venir. Maëlle, penchée sur ses notes, écoutait attentivement chaque intervention. L'intensité des échanges, combinée à la densité des informations, la plongeait dans une concentration extrême.

Alors qu'elle se levait pour prendre un document, un incident mineur survint. En voulant contourner la table, son pied se prit dans un câble qui traînait au sol. Un déséquilibre soudain la fit chanceler, mais avant qu'elle ne puisse toucher le sol, Samy réagit. Il s'était déjà rapproché, ses instincts en alerte, et tendit la main non pas pour la retenir, mais pour lui offrir un appui rapide et discret.

Le contact fut bref, presque imperceptible, mais suffisant pour éviter une chute embarrassante. Maëlle se redressa immédiatement, son regard rencontrant celui de Samy. Aucune maladresse, aucune gêne, simplement un échange de regards calme et entendu. Samy hocha légèrement la tête en guise de confirmation qu'il veillait toujours sur elle, avant de se repositionner, l'incident étant déjà du passé pour lui.

Ce moment, bien que banal en apparence, portait en lui une signification plus profonde. Il y avait dans ce geste une délicatesse, une protection silencieuse. Ce n'était pas une scène romantique cliché, mais un simple rappel que Samy était là, toujours attentif, sans jamais franchir les limites. Leur connexion se renforçait par ces instants subtils, dépourvus de grandes démonstrations, mais chargés d'un poids émotionnel que seul eux deux pouvaient comprendre.

La journée s'acheva enfin, et Maëlle, épuisée par les heures de discussions, rejoignit les siens dans le salon principal. La pièce, illuminée par les lueurs chaudes des chandeliers, offrait un répit bien mérité après une journée d'efforts intenses. Les fauteuils en velours moelleux, les tapis persans et les boiseries raffinées créaient une atmosphère de détente bienvenue.

Maëlle s'effondra dans un fauteuil, ses muscles tendus se relâchant enfin. Elle jeta un coup d'œil en direction de Samy, qui se tenait toujours à l'écart, en poste près de l'entrée du salon. Leur connexion silencieuse, tissée tout au long de la journée, ne nécessitait pas de mots. Elle se leva, traversa la pièce, et s'approcha de lui avec un sourire fatigué mais sincère.

" Vous aussi, vous avez eu une longue journée ", dit-elle doucement.

Samy, fidèle à lui-même, hocha simplement la tête. "Rien que je ne puisse gérer ", répondit-il avec un sourire subtil, son regard attentif ne la quittant jamais.

Ce bref échange, empreint d'une simplicité élégante, suffisait à apaiser les deux. Maëlle savait qu'elle pouvait se reposer sur lui, non pas comme un garde, mais comme une présence constante et rassurante.

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