Entre nos mains

Chapitre 79 : Les murmures de la nuit.

La salle de réception du palais continuait de résonner des sons festifs qui emplissaient l’air : des rires, des conversations animées, et le cliquetis des couverts contre les assiettes finement décorées. Les lustres étincelaient au-dessus des tables richement dressées, éclairant l’espace avec une douce lumière dorée qui se reflétait sur les verres en cristal et les bijoux des convives. Le roi Samuel, assis à la grande table principale, présidait cette soirée de gratitude, organisée pour honorer et remercier tous ceux qui contribuaient à la vie du palais : gardes, serviteurs, cuisiniers, jardiniers, et tout le personnel qui œuvrait chaque jour dans l’ombre. Pour une fois, ils n'étaient pas dans leurs rôles respectifs, mais des invités à part entière.

Maëlle, dans sa robe bleu nuit, paraissait presque irréelle. La fluidité du tissu suivait chacun de ses mouvements, et les perles scintillantes brodées sur le corsage attrapaient chaque éclat de lumière, soulignant la grâce de ses gestes. Elle évoluait parmi sa famille, souriante, participant aux conversations avec aisance. Autour d'elle, ses frères Sacha et Daniel échangeaient des blagues avec Victor, tandis que Nohé, plus en retrait, semblait captivé par une discussion sur les récentes avancées politiques avec un dignitaire. Pourtant, malgré l’ambiance joyeuse qui régnait autour d’elle, une partie de son esprit était ailleurs.

De l’autre côté de la salle, Samy, assis avec les autres gardes du corps, tentait de garder son calme. Son regard se portait régulièrement sur Maëlle, et chaque fois que leurs yeux se croisaient, un frisson imperceptible traversait son corps. C’était comme si, malgré la distance physique, ils étaient connectés par un fil invisible. Il pouvait lire dans son sourire la même impatience, la même envie de se rapprocher, mais ici, dans cette salle bondée, sous les regards de tous, ils devaient se contenter de ces échanges silencieux.

Le repas battait son plein. Des plats somptueux, des spécialités locales et des mets venus d'ailleurs, circulaient entre les tables, emplissant l’air de parfums alléchants. Les conversations autour de Maëlle se mêlaient à cette atmosphère festive, mais elle n’y prêtait qu’une attention partielle. Chaque éclat de rire, chaque geste vers un verre de vin ou une bouchée délicate, semblait lui rappeler qu’elle attendait autre chose de cette soirée. Elle voulait se retrouver près de Samy, sentir sa présence à ses côtés, même dans ce cadre officiel.

Elle décida enfin de briser les conventions. La tentation était trop forte, et l'atmosphère de la soirée s'y prêtait. Tandis que ses proches continuaient leurs échanges sans remarquer son départ, Maëlle se leva doucement et quitta la table, son mouvement presque imperceptible au milieu de l’agitation générale. Ses pas, légers et déterminés, la guidèrent à travers la grande salle en direction de la table des gardes du corps. Le bruit ambiant, les rires et les conversations couvraient ses déplacements, et seuls quelques regards curieux suivirent sa démarche élégante.

En approchant de la table des gardes, Maëlle sentit son cœur s’accélérer légèrement. Samy, qui l’avait vue venir, se redressa instinctivement, un mélange de surprise et d’anticipation dans son regard. Elle s’arrêta à quelques pas de lui, un sourire malicieux aux lèvres. Avant que quiconque ne puisse vraiment comprendre ce qui se passait, elle s’installa sans hésiter sur les genoux de Samy, enroulant un bras autour de son cou avec une aisance déconcertante.

Les autres gardes, d'abord figés de surprise, échangèrent des regards entre eux, puis, petit à petit, des sourires s’étirèrent sur leurs visages. Ce geste, pourtant si intime, semblait naturel venant de Maëlle, comme si elle défiait tranquillement les normes sociales pour savourer un moment de proximité.

— "Alors," commença-t-elle avec un sourire espiègle, en caressant doucement la nuque de Samy, "comment se passe votre soirée ?"

Sa voix était douce, presque murmurée, comme si elle ne voulait pas vraiment interrompre l'atmosphère détendue autour de la table, mais plutôt s’y fondre. Samy, bien que surpris, sourit à son tour. Il se pencha légèrement vers elle pour répondre :