Entre nos mains

Chapitre 59 : Le poids du monde, la légèreté d'un instant.

Le lendemain matin, alors que les premières lueurs du jour éclairaient timidement le palais, Maëlle était déjà en pleine effervescence. Une nouvelle journée de devoirs royaux l'attendait, et cette fois, la fatigue des jours précédents commençait à se faire sentir. Ses obligations prenaient une ampleur colossale, et chaque réunion, chaque déplacement ajoutait un poids supplémentaire à ses épaules. Aujourd'hui, elle devait superviser des projets économiques, rencontrer des responsables locaux et gérer les attentes toujours croissantes des habitants.

Samy, fidèle à ses côtés, observait silencieusement. Son rôle de garde du corps, bien qu'exigeant, était parfois difficile émotionnellement, car il devait veiller à ce que Maëlle soit en sécurité tout en gardant ses distances. Pourtant, à chaque moment où leurs regards se croisaient, il sentait cette connexion invisible qui les reliait. Malgré la fatigue qui se lisait dans ses yeux, elle affichait toujours un visage serein en public, un masque qu'elle portait avec élégance.

La première réunion de la journée se déroula dans une grande salle du palais, où des représentants de divers ministères, des membres de la famille royale et des experts internationaux s'étaient réunis pour discuter des réformes à venir. Maëlle, parfaitement préparée, écoutait attentivement chaque intervenant, prenant des notes et posant des questions pertinentes. Elle était dans son élément, mais Samy pouvait voir les micro-expressions de fatigue sur son visage, la manière dont elle se frottait discrètement les tempes lorsqu'elle pensait que personne ne la regardait.

Entre deux interventions, Samy s’approcha discrètement d’elle, se plaçant à quelques pas de sa chaise, comme il le faisait habituellement. Mais cette fois, dans un murmure presque imperceptible, il la rassura :

« ça va aller. Je suis là, juste à côté. »

Maëlle releva légèrement la tête, un sourire discret jouant sur ses lèvres, bien que ses yeux restent concentrés sur les documents devant elle. Ce petit moment, aussi fugace soit-il, lui apporta une bouffée d’air frais. Elle savait que Samy n’était pas seulement son protecteur physique, mais aussi son pilier émotionnel.

La réunion se poursuivit, et les discussions devinrent de plus en plus techniques, surtout lorsqu’il s’agit de parler des investissements pour les zones rurales. Maëlle, passionnée par ces questions, s'impliquait profondément dans les échanges. Elle expliqua avec conviction les initiatives prévues pour moderniser les infrastructures agricoles, promouvoir l’égalité des chances et améliorer les conditions de vie dans les régions isolées. Les représentants, bien que sceptiques au départ, semblaient peu à peu se ranger à ses idées, impressionnés par sa détermination.

Lors d'une intervention, un ministre, M. Haddad, exprima son inquiétude : « Votre Majesté, ces projets nécessitent des fonds considérables. Comment pouvons-nous garantir un soutien financier constant ? »

Maëlle ne se laissa pas démonter. « Monsieur le ministre, nous devons penser à long terme. L’éducation est un investissement dans notre avenir. Si nous créons des opportunités pour les jeunes, nous stimulerons l’économie et créerons des emplois. »

Un autre intervenant, une économiste renommée, ajouta : « Je suis d'accord avec la princesse. Nous avons l’occasion de transformer notre pays. Mais il nous faut l’adhésion des communautés locales. Nous devrions organiser des forums pour discuter directement avec eux. »

La salle acquiesça, et Maëlle se sentait de plus en plus soutenue. À la fin de la réunion, elle échangea quelques mots avec les participants. Un jeune homme, un expert en développement rural, s'approcha d'elle :

« Votre Majesté, je suis vraiment impressionné par votre passion pour ces projets. Avez-vous déjà pensé à une collaboration avec les ONG locales ? Elles pourraient apporter un soutien logistique et une meilleure compréhension des besoins des communautés. »