C'est la poitrine déchirée par la douleur que je me réveille, entourée d'une lumière éclatante, trop forte pour provenir des chandelles. En sueur, souffrante, je me redresse, puis me plie en deux, cherchant à tout prix de l'oxygène, un peu d'air pour respirer. Ma vision est floue, je ne comprends pas ce que je vois.
Pitié, quelqu'un, aidez-moi !
Respire, Eldéa, respire !
Mais je n'y parviens pas. Ma vision se brouille. Mon contact avec la réalité se perd.
Et puis, des voix. Des voix familières.
— Mon Dieu, Eldéa, mais qu'est-ce qu'il se passe ?
Emilia. Sa voix devrait me rassurer, mais la douleur me tord les boyaux, m'empêchant de me concentrer sur elle. Je ne comprends pas ce qui se passe. Son ton paniqué me fait moi-même paniquer. Si elle-même ne sait pas quoi faire, comment le pourrais-je ?
Elle disparait. Je ne l'entends plus. Ne m'abandonne pas ! J'ai besoin de toi !
Mes yeux tentent de s'ouvrir, mais sont aveuglés par une lumière dont j'ignore la provenance.
Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi Emilyah n'a-t-elle pas refermé la lumière avant de partir ?
J'ignore combien de temps je reste recroquevillée sur moi-même, tentant de reprendre un rythme de respiration régulier, en vain. Puis j'entends sa voix. Un frisson me parcourt la colonne vertébrale. Il est là.
Une crampe me saisit. Je me tords de douleur, même si j'aimerais rester calme c'est impossible. Un gémissement s'échappe de mes lèvres gercées.
— Eldéa, Eldéa, calme-toi, s'il te plait. Je ne peux pas t'aider si tu paniques.
Comme si je pouvais faire autre chose que paniquer !
Je me trouve dans une autre dimension, dans un brouillard épais dont il est impossible de se défaire. Peu importe à quel point j'essaie de me concentrer, d'ouvrir les yeux, de me calmer, je n'y parviens pas ; la douleur a aspiré toute mon énergie. Elle me dévore de l'intérieur. Bientôt, il ne restera plus rien de moi.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
Emilyah. J'essaie de me concentrer sur leurs voix, sur leur conversation, pour espérer oublier la douleur et me remettre sur pied.
— Son pouvoir se réveille, chuchote Aydan.
— Mais elle n'est pas immortelle, elle ne peut pas avoir de pouvoir !
La panique, le stress, la peur me submergent. La nausée me prend. Sans que je ne puisse contrôler mon corps, je me tourne sur le côté pour rendre le contenu de mon estomac au sol. Ma vision est si brouillée que j'ignore si j'ai vomi sur le sol ou sur moi. Je m'en moque.
— Je le sais, Emilyah, mais ce n'est pas le temps de discuter ! Va lui préparer un bain chaud, elle en aura besoin
J'ai capté des bribes de la conversation, mais elles ne font pas de sens. Je grince des dents alors qu'une nouvelle vague de douleur se saisit de moi. C'est si frustrant de n'avoir aucun contrôle sur son propre corps !
Est-ce ainsi qu'on meurt ?
— Ton corps d'humaine rejette le pouvoir d'immortel. Ce n'est pas naturel pour lui.
Aydan. Il me parle comme s'il savait que je pouvais l'entendre. Comme si je pouvais lui répondre.
Qu'est-ce que ça veut dire, tout ça ? Est-ce que je vais mourir ? La panique s'empare encore plus de moi, je m'agite, tente de parler, mais tout ce qui sort de ma bouche n'est que des sons sans signification.
Une larme de frustration coule le long de ma joue. Une nouvelle secousse me saisit.
— Tu ne vas pas mourir, Eldéa. Tu es capable de te battre.
C'est ce que j'ai toujours fait, me battre. Mais j'ai mal, si mal, et je ne sais pas quoi faire. Je tente de me concentrer sur quelque chose, mais je n'y parviens pas. Je perds la bataille, je le sais. Je ne suis pas assez forte, pour ce faire. Je vais mourir ici, sans identité, je vais...
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Les Spectres Oubliés
FantasyEldéa se réveille, sans souvenirs, dans un château vide... Enfin, presque vide. Le maitre des lieux, Aydan, un homme aussi mystérieux que détestable, y vit, seul. Il lui interdit de sortir du manoir, la condamnant à une existence morne. Mais c'est s...