Un mois remplis d'angoisse

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PDV GIULIA
1 mois plus tard


Je me laissais tomber sur le lit, fixant le plafond de ma chambre, tout en caressant distraitement Oreo qui s'était blotti contre moi. Le domaine était étrangement calme ce soir, mais une tension flottait dans l'air, pesante et palpable. Cela faisait maintenant un mois que j'avais pris mes marques ici. Un mois durant lequel les jours se suivaient, rythmés par les va-et-vient de tous ces hommes affairés, les discussions à voix basse, et la pression qui semblait augmenter de jour en jour. Demain était censé marquer le début de l'offensive, et cette pensée ne cessait de tourner dans mon esprit.

Depuis notre arrivée, j'avais vu Oreo grandir à vue d'œil, devenir plus vif, plus curieux, même un peu plus audacieux. C'était un petit compagnon fidèle, toujours à mes côtés, et il m'apportait une certaine forme de réconfort dans ce quotidien incertain. Quant à mon ventre, il commençait doucement à se dessiner, arrondi et discret, à peine perceptible sous mes vêtements. J'étais si souvent seule avec mes pensées que ces légers changements me rappelaient pourquoi j'étais ici, pourquoi je m'accrochais à cette vie qui n'était pas toujours facile.

Ezio passait la plupart de ses journées loin de moi, accaparé par les préparatifs de l'attaque imminente. Les moments où nous nous retrouvions étaient rares, et je le voyais rarement détendu, sauf la nuit, quand il se glissait dans mon lit. Là, entre les draps, nous trouvions une échappatoire. Pendant ce mois, il m'avait offert de tendres moments, comme ces soirs où il arrivait dans notre chambre avec des hamburgers et de quoi regarder un film. C'était si simple, mais cela me rappelait que, malgré son rôle, malgré la violence qui nous entourait, il restait cet homme capable de m'offrir des instants d'une douce normalité.

Et Carmen... j'avais essayé à plusieurs reprises de la joindre, de trouver un signe d'elle, mais chaque tentative s'était soldée par un silence écrasant. Cette absence me pesait, et je me demandais ce qu'il était advenu d'elle, si elle se portait bien. Carmen avait toujours été une ancre pour moi, une épaule solide, et son absence laissait un vide difficile à combler. Heureusement, Tatiana et moi avions tissé un lien profond, presque fraternel. Elle me comprenait, me guidait, et avec elle, j'avais trouvé une alliée, une amie. Petrov, lui, avait pris une place particulière dans ma vie. Je le voyais plus comme un protecteur, une figure bienveillante, et chaque conversation avec lui me rassurait un peu plus sur notre sécurité ici.

Perdue dans mes pensées, j'entendis alors la porte s'ouvrir doucement. Je me redressai sur le lit pour voir Ezio entrer, un sourire discret aux lèvres. Il s'approcha et s'assit au bord du lit, son regard se posant sur moi avec une tendresse rare, presque fragile.

— Tout va bien ? me demanda-t-il en passant une main dans mes cheveux.

Je hochai la tête, lui rendant son sourire.

— Oui, je repensais juste à ce mois qui vient de s'écouler. Tout semble si irréel, si intense.

Il me regarda longuement, comme s'il cherchait les mots justes. Après un moment, il murmura :

— Demain est un grand jour, mais ce soir, je veux que ce soit nous, juste toi et moi.

Il sortit alors un petit sac et, avec un sourire, me montra le contenu : deux hamburgers bien chauds et de quoi regarder un film. Mon cœur se serra, un sourire se dessinant sur mes lèvres.

— Tu as tout prévu, dis-je, touchée par cette attention.

— J'ai toujours su que tu avais un faible pour ce genre de soirées, dit-il en souriant, avant d'ajouter, plus sérieux, : Et moi, j'ai un faible pour toi.

Nous mangeâmes ensemble, riant et discutant de tout et de rien, éloignant pour quelques heures les soucis qui pesaient sur nous. Quand le film toucha à sa fin, il éteignit l'écran et se tourna vers moi, ses yeux brillants d'un éclat que je n'avais vu que rarement.

— Giulia... commença-t-il, sa voix un peu rauque.

Il se pencha, ses lèvres frôlant les miennes, et en un instant, tout le reste disparut. Nos craintes, nos responsabilités, la guerre à venir, tout cela s'effaça dans cette étreinte, dans cette passion qui nous consumait tous les deux. Il me fit doucement basculer en arrière, et nous nous laissâmes emporter dans un tourbillon de sensations, dans cet instant qui n'appartenait qu'à nous.

Plus tard, alors que la nuit avançait et que le silence s'épaississait, je restai blottie contre lui, mes pensées vagabondant entre ce mois écoulé, ce qui m'attendait, et cet enfant à naître. Je me demandais ce que l'avenir nous réservait, si nous allions réussir à surmonter cette épreuve ensemble.

Je sentais le souffle apaisé d'Ezio contre moi, et, malgré tout, une étrange sérénité s'installait en moi. Demain, nous devrions nous battre. Mais ce soir, j'étais avec lui, et pour l'instant, c'était tout ce qui comptait.

Un ange tomber en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant