Un été entre amis -1-

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Arnaud

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La porte du bungalow claque et des gloussements se font entendre. Je relève la tête de mon livre et je fronce les sourcils. Il a encore remis ça. Je n'y crois pas. On heurte la table qui nous sert pour déjeuner, puis une chaise. Les gloussements continuent et je peux suivre leur parcours jusqu'à la chambre. Du moins, j'en déduis qu'ils vont à la chambre. Après tout, où pourraient-ils aller si ce n'est... un craquement, puis un son étouffé. Je retire ce que je viens de penser, ils ne vont même pas jusque dans la chambre. Je soupire et retourne à mon livre. Sauf que mon attention n'arrive pas à se focaliser sur les mots qui recouvrent la page. Les gloussements se sont mués en gémissements. J'ai l'impression d'écouter un porno en cachette. Je me concentre à nouveau sur mon livre, mais rien à faire. Je finis par me lever, prendre mon casque dans mon sac à dos et le brancher sur mon téléphone avant de lancer la première piste audio qui passe. La musique vient couvrir les sons de mon meilleur ami et de sa conquête d'un soir.

« Allez viens, on va s'éclater cet été. Tu verras, la plage, le soleil, les apéros... » Il avait oublié d'ajouter, les nuits de sexe en folie à tout va quand il m'a vanté les mérites de ces trois semaines tant attendues. Quand je pense que j'espérais bêtement profiter de ce temps pour me reposer, me changer d'air et passer un peu de temps avec lui et nos amis. C'était peine perdue.

Quand je me suis réveillé ce matin, mon casque était tombé au sol et mon téléphone avait rendu l'âme. Sans parler de mon livre dont les pages étaient complètement froissées. J'ai soupiré avant de me lever et j'ai été directement dans la salle d'eau pour m'y enfermer et prendre une bonne douche fraîche. Depuis qu'on est arrivé, les températures flirtent avec les trente degrés. Et même si on aère le soir, les températures ne descendent pas assez bas pour savourer un peu de répit. Mais je ne vais pas me plaindre, on est en vacances, et il fait beau. C'est tout ce qu'on peut demander.

À présent que je suis habillé d'un short et d'un t-shirt totalement neutre, je peux tenter le salon. J'espère qu'ils sont partis, j'espère qu'ils sont partis, j'espère...

—Hey, salut Arnaud, ça va ?

Et merde. Je fige un sourire sur mon visage et regarde mon meilleur ami qui est en train de préparer du café dans la petite cuisine attenante à la salle du séjour-salon comme je l'appelle. La grande baie vitrée qui donne sur le balcon laisse entrer la lumière du soleil. Mais aucun signe de sa conquête nocturne. Mon cœur s'allège un peu.

— Ouais.

— C'est un petit ouais ça. Tiens.

Il me tend une tasse de café et je soupire de lassitude. Comment veut-il que ça aille comme il faut avec la nuit qu'ils ont passé à copuler sur ce pauvre canapé ? Mon regard justement dévie sur le meuble à la housse bleue à fleurs d'un goût discutable. Il ne me plaisait déjà pas à notre arrivée, mais maintenant encore moins. Je porte la tasse à mes lèvres et grimace.

— Excuse-moi, j'ai oublié le sucre. Attends.

Il vient déposer les deux morceaux dans ma tasse et retourne se beurrer une biscotte. Je me concentre sur la baie vitrée quand une ombre apparaît et vient frapper contre la vitre. Je souris à Naïs et je vais lui ouvrir. Voilà mon rayon de soleil. La jeune femme me claque une bise sonore avant d'aller faire de même à mon meilleur ami.

— Vinz', tu es rentré tard hier ? demande Naïs en lui prenant la biscotte sous le nez et en mordant à pleine dent dedans.

Un été entre amisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant