Un été entre amis -4-

5.9K 510 13
                                    

Vinza

**

J'y crois pas, il s'est vraiment endormi sur moi. Et en moins de quelques minutes. Ce n'est certes pas la première fois qu'il me fait le coup, mais pas aussi rapidement. Il aurait dû aller se coucher au lieu de persister à vouloir rester là. Je soupire et j'essaye de me concentrer sur le film mais je n'y arrive pas. Son souffle vient me chatouiller le cou alors que sa joue repose sur mon épaule. Je tente de remonter la couverture qui glisse mais si je bouge, il va se réveiller ou tomber. Il est pire qu'un gamin. Mais je me sens trop coupable pour faire quoi que ce soit. Depuis qu'on est arrivé, il est vrai que j'ai enchaîné les nuits agitées et même si je voulais me voiler la face, je sais parfaitement que j'ai empêché Arnaud de dormir. C'était déplacé de ma part de les ramener ici. Mais plus facile aussi. À Paris, j'évite. Je n'aime pas que mes conquêtes d'un soir entre dans mon intimité. Leur donner mon adresse, c'est comme les inviter à revenir. Hors, le but de l'affaire, c'est bien un coup d'un soir. Voir de deux, si jamais on se recroise en soirée. Mais rien de plus. À Paris, c'est notre appartement. Je fais en sorte qu'Arnaud ne soit pas dérangé. Mais ici... Ici, ce sont les vacances. Le bungalow n'est pas notre chez-nous. Je soupire à nouveau. Chez-nous...

Arnaud marmonne quelque chose et je lève les yeux au ciel avant de retenter de me concentrer sur le film, mais toujours rien. À la place, je me souviens de notre randonnée. Elle était sportive, ça c'est certain. Mais on a tous plutôt bien marché. Même Naïs et Arnaud qui sont les moins sportifs de notre groupe. Il va falloir que j'en trouve une autre dans le style pour qu'on puisse savourer ensuite la plage et le fait d'être tous ensemble. Je souris en me souvenant de notre bataille d'eau et de nos courses futiles. Saundra est plus rapide que Benjamin et moi, c'est un fait indiscutable. Elle nous a battus à plate de couture. Cette femme est incroyable. J'ai l'impression qu'elle excelle dans tous les sports. Il va falloir que je voie avec Benjamin pour qu'on trouve son point faible. Si je mets Carmen dans le coup, elle finira par la prévenir. Une histoire de soutient féminin ou un truc du genre. Il va falloir étudier ça.

Arnaud bouge et s'installe mieux contre moi. Je lève les yeux au ciel. Il fait chaud et je ne suis pas un coussin.

— Tu me tiens chaud, dis-je en lui remettant une mèche bouclée en place.

Mouais, je ne suis pas certain que ça serve à grand-chose de lui parler. Il a l'air bien parti et je sens qu'on va finir la nuit sur le canapé. Ça me rappelle nos soirées films du dimanche soir. C'est notre soirée à tous les deux. On fait le stock de films nazes et avec un bon bol de popcorn et quelques canettes de bière, on se les enchaîne. On termine toujours endormi dans le canapé. Mais on recommence avec plaisir le week end suivant.

Un tapotement contre la vitre manque de me faire sursauter. Je me tourne vers la baie vitrée et je vois Carmen qui me fait un signe. Je lui indique que c'est ouvert et elle entre en silence. On dirait un chat. Elle se déplace toujours avec souplesse. On ne l'entend jamais arriver dans le bureau. Elle nous a déjà fait quelques farces ainsi.

— Je t'ai amené de la crème solaire. Je crois qu'il a pris un bon coup.

— Merci. Je pensais en acheter demain.

Carmen me sourit et tire une chaise pour s'installer à côté de moi. Elle regarde Arnaud en souriant.

— Il a mieux tenu que tu ne le croyais.

— M'en parle pas. Je pensais qu'il faudrait le tirer au bout de trois quarts d'heure.

— Tout comme Naïs. Je suis passée les voir avant de venir. Benjamin m'a dit qu'elle s'était couchée en rentrant. Il a dû la pousser sous la douche pour être sûre qu'elle ne saute pas l'étape.

Un été entre amisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant