Un été entre amis

Un été entre amis -5-

Arnaud

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J'ai rêvé que je m'étais endormi contre Vinza et que j'avais passé la nuit dans ses bras... Enfin, ce genre de rêve, j'en fais souvent. Je songe à son beau visage mat avec ses yeux verts et sa bouche aux lèvres fines. Je me vois le coiffer pendant des heures, faisant et défaisant ses multiples tresses. Je m'imagine dans ses bras forts et adosser contre son torse. Et parfois, mes pensées dérivent bien plus loin et je ne peux que me réveiller confus et triste que le lit ne soit que le mien, et vide. Pourtant, là, l'impression est restée un moment. Il m'a fallu quelques minutes pour émerger, puis prendre conscience que j'étais dans le salon, sur le canapé et qu'une couverture était posée sur moi. Un oreiller avait même été installé sous ma tête.

— C'est impossible !

Je me prends la tête dans les mains et respire doucement. J'essaye de remettre en place le puzzle de la vieille. Douche, fatigue, dîner, fatigue, télévision, fatigue et... si, je me suis bien endormi contre Vinza. Mais après... Je soupire et me lève. Il fait jour, ce n'est pas le moment de perdre du temps à joindre deux bouts qui n'existent pas. Je m'avance dans le couloir pour remettre l'oreiller et la couverture dans ma chambre. La porte est grande ouverte. Et celle de Vinza aussi. Le lit n'est pas défait et ses vêtements sont jetés en vrac comme s'il s'était changé en coup de vent.

Il est sorti ? Après que je me sois endormi, il a dû quitter le bungalow pour aller passer une soirée torride. Après tout, qui aurait envie de rester avec un colocataire qui s'endort devant un vieux film de gangsters. Franchement ? Il est en vacances. Je ne peux pas l'empêcher d'aller voir ailleurs. On n'est pas ensemble. On est juste des amis. Rien d'autre. Pourtant, à Paris, ça ne me fait pas le même effet. Peut-être parce que je ne le vois pas ? Il est toujours là au matin. Je ne m'aperçois que rarement de sa disparition nocturne, même quand je m'en doute.

J'entre dans ma chambre, refais le lit, et ramasse mes affaires qui traînent un peu partout pour remettre de l'ordre dans la pièce. Ensuite, direction la salle de bain. Une bonne douche me fera du bien. Lorsque je sors de la cabine, je me rends compte que j'ai encore oublié mes affaires. Une manie chez moi de toujours laisser mes vêtements dans ma chambre. Je fais la même à l'appartement. Je noue la serviette autour de ma taille, les pensées encore mélancoliques d'un énième réveil solitaire. Et je sors pour tomber sur Vinza, en tenue de sport, le front couvert de sueur.

— Est-ce que ton coussin a été assez confortable ? me demande-t-il en souriant.

Qu'est-ce qu'il vient de dire ? Alors j'ai bien dormi contre lui ? Je sens le rouge me monter aux joues et je m'enferme dans la chambre. Je reste quelques secondes adossé à la porte. J'ai dormi contre Vinza. Et apparemment, toute la nuit. Impossible ! C'est impossible ! Il faut que je respire deux secondes. Je ne suis pas une collégienne en chaleur. Même quand on passe des soirées TV à l'appart, je ne m'endors pas sur lui. Du moins, je fais tout pour. Merde alors ! Je me sens con, mais en même temps extrêmement heureux. La porte de la douche se ferme et je respire mieux. Je m'habille rapidement puis je quitte la chambre pour aller prendre l'air. J'ai besoin de respirer pour reprendre mes esprits. Je sors sur la terrasse et savoure les rayons du soleil. Il commence déjà à faire chaud. Saundra me fait de grands signes pour que je la rejoigne. Ce que je fais rapidement. M'occuper l'esprit me fera du bien.

— Bien dormi ?

— Assez oui. Je sens les courbatures de partout.

— Tu devrais t'étirer un peu. Ça ferait du bien à tes muscles. Ils ont trop chauffé hier. Et puis...

— Arnaud. Tu as mis de la crème ?

Je me tourne vers Naïs qui gravit les marches quatre à quatre et me regarde telle une infirmière soupçonneuse que son patient ne suive pas son traitement. Et c'est le cas. J'ai été tellement surpris que je n'ai pas pensé à mettre de la crème. Pourtant, les picotements sous la douche et mon reflet dans le miroir ne m'avaient rien caché de mon état. Et d'ailleurs, on en a apporté ? Saundra ne semble pas perturbée d'avoir été coupée alors qu'elle me parlait. Elle est retournée à son petit-déjeuner.