Un été entre amis -43-

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Arnaud

**

J'y crois pas. Elles m'ont fait ça. Je ne savais pas où on allait se soir, mais j'ai rapidement compris que c'était le fameux cinéma en plein air que nous avions mis de côté. Naïs rêvait de le faire avec Benjamin. Et autant dire que quand je les ai vus se diriger vers un cabriolet rouge foncé, j'ai compris que l'option « entre ami » n'était pas au menu.

Plus loin, Vinza semblait comme un enfant déambulant dans un magasin de jouet. Et c'est vrai que les reproductions de voiture des années 80 sont plutôt réussi, Carmen et Saundra le laissent avant de se diriger ni vu, ni connu vers leurs sièges. J'ai bien compris que je n'aurai ma place dans aucune des deux voitures. Que la seule que j'aurai serait celle à côté de Vinza. Oh Naïs et tes plans foireux, comme je te hais dans ces moment-là !

Pourtant, regarder un film, sur un terrain neutre me tente bien. Après tout, je n'ai toujours pas la réponse de Vinza à ma tirade de l'amoureux transit. Je soupire et serre le sac pique-nique que Naïs m'a donné en sortant de la voiture. Ni une, ni deux, je m'installe à côté de Vinza. Le silence est assez pesant. Pourtant, il tente quand même de le briser.

- Euh...

Ou pas.

- Euh, Tu sais ce qui est prévu d'autre ?

Je hausse les épaules, j'en sais pas plus que lui.

- On va regarder un film.

- Mais encore ?

- Je suis aussi peu au courant que toi. Je pensais qu'on allait tous se caler dans la même voiture, mais non. Naïs veut être seule avec Benjamin et les filles ne veulent absolument pas partager la voiture avec nous deux.

Je le regarde mordre dans son sandwich. Finalement, ce sera peut-être moins pire que je ne le pensais. Ou pas, je le vois comprendre quelque chose.

- Tu aurais pu te caler dans une autre voiture.

- Pour regarder le film seul. Même pas en rêve.

Menteur. Je ne suis qu'un menteur. Bien sûr que si j'avais voulu, j'aurai pu retourner au guichet et demander une voiture pour moi. Beaucoup de cinéphile ne vienne pas accompagné. Ce n'est pas réservé que pour les couples. Mais je n'avais pas envie. Je ne sais pas pourquoi. La bande son me détend. Je cherche à retrouver tous les titres de film alors que le soleil se couche doucement teintant d'un rouge orangé le ciel. Je n'ai pas fait attention au temps qui s'est écoulé, mais les notes de Stand By Me me font frissonner. Et encore plus quand Vinza commence à parler.

- Je suis désolé.

- On ne va pas remettre ça.

- Vraiment. Je suis désolé.

J'ai envie de le couper net. J'ai compris qu'il avait envie de se confesser, de parler. Mais j'ai peur de ce qu'il va dire. J'ai envie de le savoir, mais en même temps, je préfère être à des kilomètres. Pourtant, c'est moi qui l'ai cherché en lui parlant de mes sentiments.

- Arnaud, tu as parlé hier. C'est mon tour. Ecoute, je suis vraiment désolé de ne rien avoir vu. Tout était tellement naturel entre nous que je n'ai jamais fait attention à autre chose. Ça fonctionnait bien. J'étais bien avec toi. Notre quotidien m'allait. Nos soirées films collocs surtout. J'aurai aimé que rien ne change.

Son regard s'ancre dans le mien et je déglutis. Il est sérieux. Sauf que moi aussi je l'étais.

- Mais ça a changé Vinza. Et je ne peux pas continuer à me mentir, à te mentir sur mes sentiments.

Un été entre amisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant