Un été entre amis

Un été entre amis -38-

Vinza

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Alors que je conduis derrière la voiture de Benjamin, mon esprit ne cesse de me repasser en boucle le repas d'hier soir. J'ai vu Arnaud. Je l'ai vu et il m'a évité. J'avoue que je n'ai rien fait pour que ce ne soit pas le cas car je ne savais pas par quel bout attaquer notre possible conversation. Benjamin m'a fait comprendre qu'il fallait qu'on discute, mais sérieusement ? Comment veut-il que je lance ça : Hey, Arnaud, tu as deux minutes, faudrait qu'on parle ? ou Arnaud, je crois qu'il faudrait qu'on discute.

— Hey, Vinza, tu peux te concentrer ?

Je quitte mes questions existentielles de comment aborder Arnaud pour jeter un coup d'œil à Carmen. Elle est assise sur le siège passager et regarde un dépliant. Saundra, derrière, scrute le paysage sans faire attention à moi.

— Oui. Ne t'inquiète pas, je leur rentrerais pas dedans.

Saundra émet un rire sarcastique mais n'ajoute rien. Carmen soupire avant de commenter le dépliant.

— Ils font de l'alcool aussi.

— On pourra en ramener en souvenir. C'est mieux qu'un savon, répond Saundra.

— C'est bien aussi les savons, dis-je.

J'avais prévu d'en ramener pour ma famille.

— C'est d'un classique. Tu vas hésiter entre odeur olive et lavande ? Non. Une liqueur c'est mieux. Même une bonne bouteille d'huile d'olive, ce sera mieux qu'un savon.

Je hausse les épaules et je vois Benjamin mettre son clignotant. Je repère alors le panneau indiquant l'exploitation agricole que nous allons visiter. Nous parcourrons une grande allée couverte avant d'arriver au parking. Il pleut toujours mais nous ne sommes pas les seuls à avoir choisi cette destination. Je me gare et nous nous dépêchons d'entrer.

— Cette pluie ne s'arrêtera jamais ? maugréait Saundra.

— Bienvenue à la distillerie Noel. Que puis-je faire pour vous ?

Je me retourne d'un coup pour tomber sur une femme un peu plus âgée que nous au sourire chaleureux et aux yeux d'un vert pétillant.

— Nous venons pour la visite, répond Carmen.

— Très bien, vous allez être combien ?

Je cherche autour de nous pour voir où sont les trois autres et je les repère arrivant en courant.

— Six.

— Il y a un groupe qui est arrivé juste avant vous, je vais vous faire patienter un peu. Nous avons un film si vous le souhaitez.

— Oh avec plaisir.

Naïs attrape la main de Benjamin et le tire à la suite de notre hôtesse. Carmen et Saundra suivent et je me retrouve à côté d'Arnaud. Il fixe un point droit devant lui pour ne pas croiser mon regard. Ok. Je prends sur moi et nous nous installons dans la petite salle de projection.

Le film retrace l'histoire de l'exploitation, les différentes productions et les produits commercialisés. Personne ne parle. Nous sommes rejoints par un couple avec deux enfants. Quelques minutes plus tard, la charmante hôtesse nous prévient que nous allons pouvoir passer à la suite. Parfait. Ça commençait à devenir un peu long. C'est elle qui prend alors en charge la visite.

— Elle est mignonne la dame, rigole l'un des deux garçons qui ne doit pas avoir plus de quinze ans.

C'est vrai qu'elle est jolie avec ses longs cheveux bruns qui cascadent dans son dos et sa tenue vestimentaire en lien avec la distillerie. Je laisse mon regard parcourir ses formes quand je sens sur moi un regard froid. Je me tourne et remarque qu'Arnaud me fixe, lève les yeux au ciel et rattrape Naïs. Je me frappe mentalement. Merde. Va vraiment falloir que j'arrête cette manie de reluquer tout ce qui bouge. Je me mords la lèvre et je le rejoints. Je dois me focaliser sur Arnaud. Carmen me l'a dit, cette sortie va être un moyen pour moi de me rapprocher de lui. Ce sera un terrain neutre, avec du monde et sans prise de tête. Sans prise de tête tu parles. Je viens de l'énerver juste parce que mon regard c'est attardé sur les fesses de notre guide.