Red Head - Part 1

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Georgiana Milicent Farwell. Professeur d'Anglais.

Mon nom est écrit sur mon casier sans faute d'orthographe, c'est fabuleux, cette journée commence finalement pas si mal que ça. Oui j'essaye de me raccrocher aux branches comme on dit pour trouver quelque chose qui me permette d'apaiser mes angoisses.

Je suis une fille angoissée, et je l'ai toujours été. Surtout le jour de la rentrée des classes. Le problème est pire cette année, puisque cette année c'est moi le professeur.

Ma première rentrée en tant que professeur d'Anglais, dans un collège, un collège de ZEP. C'est angoissant.

Je m'appelle Georgiana Milicent Farwell, j'ai 24 ans, je suis d'origine anglaise, pas très grande, rousse, les yeux verts, la peau laiteuse avec des tâches de rousseur sur le nez et qui bien entendu prend la même teinte que mes cheveux si je m'expose au soleil, et par dessus le marché j'ai des lunettes depuis aussi longtemps que je me souvienne. Conclusion : la rentrée a toujours été angoissante pour moi.

J'suis timide et réservée, et je préfère les livres aux êtres humains, j'ai toujours préféré les livres. Mais c'était écrit ça, mon prénom lui même est tiré d'un livre, « Georgiana Darcy » Orgueil et Préjugés, Jane Austen, ça vous parle? C'est le livre préféré de ma mère, et elle a choisi le prénom le plus bizarre qu'elle ait pu y trouver. Elle aurait pu choisir Emma, ou même Elizabeth, mais non, pas de chance.

Vous vous demandez sûrement comment une fille timide et réservée se retrouve professeur d'anglais? Et bien, en fait c'était pas le but premier de ma vie, j'ai toujours rêvée d'être écrivain, sauf que ça marche pas comme ça. C'est un métier difficile et la concurrence est rude, en plus de ça il faut bien gagner de l'argent pour vivre. Alors comme l'anglais est ma langue d'origine, que je l'adore et que j'ai toujours eu des professeurs d'anglais médiocres à partir du moment où mes parents ont décidé de déménager en France, je me suis dit que je pourrais peut être essayer de relever le niveau.

Voilà comment je me retrouve au bord de la crise d'angoisse devant mon casier dans une salle des profs pleine à craquer. La plupart des professeurs ici présents sont jeunes, affectations en ZEP oblige, et s'ils ne sont pas jeunes, ils ont l'air aigris. Mais ça, c'est quelque chose de typiquement français. J'ai vécu jusqu'à mes 9 ans en Angleterre, jusqu'à ce que mon père qui est chef cuisinier trouve un emploi très bien rémunéré dans un restaurant étoilé dans la campagne du sud-ouest de la France. Mes parents adorent et ont toujours adoré la France. On venait en vacances tous les étés dans le sud-ouest de la France, et un jour on y a déménagé.

Ce fut un sacré dépaysement, en Angleterre on vivait à Manchester qui est tout de même une grande ville, et du jour au lendemain on se retrouve dans une ville, si on peut appeler ça une ville, de 1500 habitants. Des habitants qui se connaissent tous depuis plusieurs générations le plus souvent. Alors la petite famille anglaise qui débarque, elle passe pas inaperçue, surtout la petite rousse, dans une cour d'école où les enfants semblent n'avoir jamais vu une rousse de toute leur vie. Ajoutez à cela mon prénom, et l'excitation d'avoir une nouvelle qui parle pas trop français dans la classe, et vous avez gagné le cocktail parfait pour ne pas passer inaperçu. Mon grand frère, Fitzwilliam - oui comme Fitzwilliam Darcy, ma mère est incorrigiblement fan de Jane Austen - que l'on appelle Fitz, a eu un peu plus de chance. Il avait déjà 13 ans à l'époque, il était au collège, et il est simplement blond très clair aux yeux verts, alors y'avait que son prénom original et ses origines qui ont fait de lui une source d'intérêt. Puis bizarrement les enfant s'en prennent plus facilement à la petite rousse discrète, qu'au grand blond passionné de rugby et de sports mécaniques. Cette année là j'ai compris que la vie était injuste.

Et j'ai aussi rapidement compris que les français étaient aigris. Tout du moins en apparence, les gens font la tête, et vous regarde de travers quand ils vous connaissent pas. Même en campagne, c'est peut être même pire à la campagne qu'en ville en réalité. J'ai quitté la campagne pour aller faire mes études, et j'ai remarqué que les gens font moins attention aux différences, mais ils semblent pas plus heureux pour autant.

#ByIndiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant