<< Journal d'une personne indésirable.>>
21 juin 2013 - 18h24
Voilà le début de mon journal, les premiers mots qui viennent noircir cette page. Avant de commencer à raconter ma vie ici, je vais expliquer pourquoi un journal. Si jamais vous me croisez à la cité, jamais vous pourriez deviner que j'ai un journal, et vous ne devineriez pas non plus mon secret. Et c'est à cause de ce secret, de cette partie de ma vie que je dois cacher - question de vie ou de mort ici - que j'ai décidé de me confier à mon stylo. J'ai besoin d'en parler, mais y'a personne en qui j'ai assez confiance, surtout que personne, je dis bien personne n'est au courant ici, j'agis discrètement.
Le contexte de tout ça, c'est une cité française, avec tous les détails que je vous laisse imaginer, et des parents maghrébins et musulmans pratiquants. J'en dirais pas plus sur moi. Mon prénom? Mon âge? Je l'écrirais peut être, un jour. Mais pas aujourd'hui.
Pourquoi commencer ce journal aujourd'hui? Parce que ce soir, j'ai prévu un plan pour rejoindre Badri à la fête de la musique. Badri, comment vous expliquer? A la base, c'était juste un pote, nos mères se connaissent depuis toujours j'ai l'impression, et nous deux c'est la même. On a toujours été proches, depuis tipeu. Mais vous connaissez la chanson, « le temps sépare plus qu'il ne répare ». Avec l'adolescence et tout, nos objectifs se sont éloignés disons, à l'heure d'aujourd'hui, rien qu'on se calcule à peine. Mais ça reste l'homme de mes rêves. Ses yeux verts, son corps bien musclé - il est du genre à trainer torse nu en bas des tours l'été -, sa coupe fraiche, ses airs de bad boy, tout ce que j'aime. Enfin, il a pas que des airs, il est dans un réseau tout ça, stupéfiants et compagnie. Avec Badri, on est dans le cliché du thug de téci. Mais j'aime les hommes comme ça. Sans qu'il s'en rende compte, j'suis assez proche de Badri pour avoir des infos sur lui, j'peux vous dire où le nom de la chicha où il a ses habitudes, à quelle heure il sort, à quelle heure il rentre, son style de keh. Je connais pratiquement tout de sa vie.
Et je pense que lui et moi, on va s'entendre bien mieux qu'il peut l'imaginer.
A demain pour les détails de cette soirée qui s'annonce intéressante.
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22 juin 2013 - 16h40
J'viens de me réveiller. La soirée d'hier c'était vraiment du lourd. Et j'ai réussi mon truc, enfin la première étape de mon plan.
Comme prévu, j'avais les bonnes infos sur le lieu où Badri et sa bande devaient passer la soirée. J'ai la chance d'avoir le physique, l'allure et le genre qui passe crème au milieu d'une bande de mecs en soirée. En gros, je me fonds dans le décor, comme au quartier en fait. Personne ne voit ma différence, elle se saisit difficilement. Sachez qu'en me rapprochant de Badri comme je le fais, je prends des risques, le principal c'est que mon secret soit dévoilé. Qu'il en parle aux autres, mais surtout que mes parents l'apprennent. Je sais pas, mais les connaissant, ils ont clairement pas l'ouverture d'esprit pour accepter ça de la part d'un de leurs enfants. J'crois même que mon père me tuerait, en réalité c'est quasiment certain.
C'est pas simple de mener la vie que je mène dans une cité, vraiment pas. Je sais que si je décidais de partir, de tout laisser tomber ici, de faire ma vie, j'pourrais trouver des endroits où je serais bien, où personne ne jugerait, où je serais carrément tranquille même en révélant mon secret. Mais ici, mon secret fait de moi une personne indésirable. Même s'ils sont pas au courant, je sais qu'aucun habitant de ces fichus barres d'immeuble ne tolérera mon existence si jamais ils découvraient qui je suis vraiment.
En fait, je reste pour Badri. Il me le faut. C'est lui qui est à l'origine de tout ça, en quelque sorte. Le premier homme que j'ai remarqué, mon beau et sexy Badri, depuis mes 14 ans j'attend de le mettre dans mon lit. Mais pour ça faut du talent, et faut agir au bon moment.
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#ByIndi
Genel KurguToutes mes petites inspirations. Des petites histoires en trois parties. Des "One Shot" aussi. Parce que pour moi écrire c'est se libérer, écrire c'est la liberté de la pensée, c'est poser les idées, qui fourmillent dans mon cerveau, sur un papier...