<< 29 janvier 2014 - 22h22
Première nuit en cellule.
Que dire de ça? J'arrive pas à dormir. Mais j'ai jamais bien dormi.
Comment j'en suis arrivé là? Je sais pas, je sais plus... Enfin si mais l'explication n'est pas très rationnelle.
Je suis juste insensible. J'ai pas de sentiments, rien, ni positifs, ni négatifs. Depuis toujours, comme si lors de ma naissance la péridurale subie par ma mère m'avait anesthésié le coeur.
Personne comprend comment j'en suis arrivé là, même la juge l'a dit "mais enfin monsieur, vous aviez tout pour être heureux, pourquoi vous avez fait ça?"
J'ai pas répondu tu veux que je dise quoi? Je sais pas ce que c'est le bonheur, ni le malheur en fait.
C'est vrai, j'suis fils unique, j'ai mes deux parents, j'suis en couple avec une fille, plutôt jolie cette fille mais je l'aime pas, je l'ai choisi parce qu'elle voulait être avec moi et voilà, bref j'suis en couple, on a un fils et j'avais un bon travail. Voilà ma vie. Il paraît que je manque de rien, je sais pas vraiment ce que c'est le manque en fait.
Mes parents? Ils sont sympas. Rien a dire. Je les déteste pas, ils m'aiment, mais je les aime pas. Je suis neutre.
Ma "compagne"? Elle est gentille aussi, elle se bat pour notre couple, il semblerait qu'elle souffre de mon comportement. Je la déteste pas, je l'aime pas non plus. Là encore je suis neutre.
Mon fils? Je sais pas il est petit, je peux pas me prononcer, j'ai pas le sentiment de paternité, et sa naissance ne m'a pas bouleversé. Un jour comme un autre, de toute façon, je le verrais pas grandir. Et peu importe, ça me chagrine pas.
Je suis pas plus malheureux de dormir ici, que de dormir chez moi. Je suis là, je suis là. C'est comme ça.
J'suis là à cause de ma double vie. C'est à dire qu'à force c'est dur de rien ressentir, tu t'ennuies dans ta vie... Et tu cherches l'adrénaline... Je fais preuve d'un sang froid à toute épreuve, j'aurais sûrement pu intégrer le RAID ou le GIGN... Mais j'ai choisi une autre famille, le grand banditisme...
Personne ne s'est aperçu de rien dans ma famille, je suis trop malin, j'ai aucun mal à mentir, aucun sentiment.
Vous expliquer mon parcours serait bien trop compliqué comment j'ai pu monter aussi haut, implique de vous donner trop de détails sur ce milieu, j'ai aucune envie de trahir les miens. Sachez juste que mes mains ont touchés de la drogue, des armes, des billets et du sang.
J'ai tout du grand criminel. Ils auront mis beaucoup de temps à m'attraper, ma réputation me précède et j'ai rien nier, à quoi bon?
Casier vierge, jamais attrapé jusqu'à présent donc jamais condamné, tu vois le truc? J'étais simplement le X dans beaucoup d'affaires non élucidées. Celui que tout le monde cherche, mais que personne connait.
A l'heure d'aujourd'hui j'ai toujours pas été condamné, mais je viens de passer 72h en garde vue, puis la juge d'instruction a demandé mon placement en détention provisoire, jusqu'au procès... Date du procès? Encore inconnue. Je suis un cas complexe, je sens que le provisoire va durer un certain temps, mais qu'ils fassent, qu'ils fassent peu importe.
Encore et toujours neutre, j'ai absolument rien ressenti. Lors de mes agissements illicites ou lors de mon arrestation, ni même en voyant les larmes sur les joues de la femme qui m'aime lors de la perquisition. Je l'avais prévenu je suis un homme sentimentalement amorphe, sur ce plan je suis un légume, un légume qui parle et agit, un légume qui fait souvent plus le mal que le bien, mais un légume.
C'est tout ce que je peux dire pour ce soir. J'ai cette douleur infernale qui me reprend... J'ai envie de me fendre le crâne en deux... Ces maux de tête sont de pire en pire... J'en ai toujours eu, mais là l'étau se resserre...
Faut que je demande à voir une infirmière ici, qu'elle me donne de la morphine s'il faut, qu'elle m'endorme jusqu'au jour du procès ou définitivement... De toute façon ma particularité m'a conduit à commettre des crimes sans nom, alors je devrai sûrement mourir, ça me gênerait pas, ma vie n'a jamais eu beaucoup de sens, ni d'importance.
4 février 2014 - 15h20
Retour en cellule après passage à l'infirmerie.
En cellule je suis seul, à l'infirmerie j'étais seul aussi.
La psychiatre m'a qualifié d'individu bien trop dangereux pour pouvoir côtoyer les autres. Les seules personnes que je vois ici ce sont les surveillants, qui mettent toutes leurs protections quand ils viennent me chercher en cellule et puis l'infirmière...
Une vielle visiblement proche de la retraite. Elle m'en a parlé, j'avais mal au crâne et elle m'a raconté sa vie, soit disant la semaine prochaine elle aura une jeune collègue avec elle, pendant un mois, puis ensuite la vielle partira et la jeune restera. Ok, très bien.
Moi honnêtement? Je m'en fou, je voudrais juste que ça cesse ce délire de fou dans mon crâne... Cette migraine immonde et sans nom qui me donne envie de me faire exploser la boîte crânienne...
Ils m'ont ramené en cellule parce que personne peut rien faire pour moi. Et ces connards de l'administration pénitentiaire pensent que je simule, que je simule et que je prépare mon évasion...
Mais les mecs, comment vous dire qu'on est pas dans prison break. Et que si mon corps a servi de cahier de brouillon à un bon nombre de tatoueurs, ma peau est une simple œuvre d'art, pas un plan de cette putain de prison haute sécurité.
Faut que je pose ce putain de crayon... J'ai des tonnes de choses à écrire mais faut que je ferme les yeux... Je tiens plus, je tiens plus les yeux ouverts.
16 février 2014 - 17h23
Ça fait 12 jours que j'ai pas écrit, mon cerveau m'en empêchait. Ce putain de truc dans mon crâne me bouffe la vie, comme si je me niquais pas assez la vie tout seul... Du coup j'avais rien à raconter et pas la force de gratter le papier.
Je suis retourné à l'infirmerie, encore... Un truc particulier est arrivé.
Un événement "intéressant" je pense, en tout cas quelque chose que je veux pas oublier, j'ai cette appréhension, oublier des choses, oublier ma vie. Je sais pas pourquoi, je tiens quand même à me souvenir des choses.
Ce matin j'ai été amené à l'infirmerie. C'est la nouvelle infirmière qui m'a pris en charge.
Elle a demandé aux surveillants de sortir, ça je veux pas l'oublier, elle m'a traité comme un humain... Je me souviens parfaitement de ce moment particulier...
***
- Vous pouvez disposez messieurs.
- Désolé mademoiselle, mais cet individu est un détenu particulièrement surveillé, on doit rester pour votre sécurité.
- C'est un homme, pas un individu, ni un détenu, un homme avant tout. Alors non, vous n'allez pas rester. Placez vous devant la porte comme pour les autres, vous me l'avez menotté au lit, vous voulez qu'il me fasse quoi? De toute façon y'a que vous qui voyez l'insécurité ici.
- Mademoiselle! Nous avons des ordres.
- Vous avez un métier, je le respecte, respectez le mien! La dignité de l'homme avant vos mesures abjectes.
- Bien! C'est à vos risques et périls, si un incident a lieu, vous en répondrez devant la direction!
- Si ça vous fait plaisir.
Les surveillants sortent, elle me pose des questions sur mes maux de tête...
- Vous pensez pas qu'il serait temps de consulter un médecin?
- Vous pensez pas que je simule?
- Pourquoi voulez vous que je pense ça?
- Parce que votre collègue le pense. Parce que je suis dangereux, et que je vais sûrement tenter de m'évader. Vous avez pas lu mon casier?
- (Rires) Je suis infirmière, je suis là pour prodiguer des soins, en aucun cas pour vous juger.
- Je vous fais rire? Je vous fais pas peur?
- Pourquoi vous tenez absolument à me faire peur?
- Oh j'y tiens pas. Je suis juste surpris.
- Surpris? Vous avez pas une apparence particulièrement effrayante tout de même.
- Non c'est vrai. Mais ici, tout le monde sait ce que j'ai fait. Alors tout le monde a peur.
- Et bien moi je ne le sais pas, je ne veux pas le savoir. Et par conséquent je n'ai pas peur.
- Intéressant. Vous pensez que je dois consulter alors?
- Oui je pense, un scanner pourrait être intéressant également.
- Vous savez que la pénitentiaire n'autorisera jamais ça? Il me font même pas sortir pour les entretiens avec le juge d'instruction, tout ce fait pas video. Il me laisseront pas sortir pour ça.
- Ils vous laisseront sortir. C'est de votre vie dont il est question!
- Ma vie? Je pense pas qu'elle ait une grande valeur pour eux.
- Vous êtes dépressif?
- Réaliste.
- Hum. Je vais contacter le médecin pour vous, je vous tiens au courant de la suite. N'hésitez pas à revenir si le traitement que je vous donne pour le moment ne suffit pas d'accord?
- D'accord. Mais il suffira pas. Rien ne suffit jamais.
***
Après cet entretien on m'a ramené entre ces 4 murs...
Cette infirmière elle est plutôt gentille, elle a l'air motivée, ça ce voit qu'elle vient juste de mettre les pieds en détention...
18 février 2014 - 12h12
Encore une visite à l'infirmerie...
Mes maux de tête? Pas crédible selon la pénitentiaire.
Alors pas de rendez-vous avec le médecin pour le moment et le scanner encore moins...
***
- Je vous l'avez dit non?
- Je compte pas lâcher l'affaire. C'est une honte que ce soit clair.
- Mais individu particulièrement surveillé, Émilie. Je peux vous appeler Émilie? On va être amenés à se revoir souvent non?
- (Rires) Pas de soucis. Vous êtes un homme avant tout, ils ont pas le droit de nier votre humanité comme ils le font!
- Y'a pas d'humanité en moi.
- Oh ça c'est faux! On a tous une part d'humanité.
- Vous avez pris ma part je crois. Je vous assure aucune humanité en moi.
- Vous êtes têtu, mais je le suis aussi. Vos maux de tête alors?
- Rien de mieux. Vos cheveux?
- Mes cheveux? Qu'est ce qu'ils ont?
- C'est pas naturel cette couleur, pourquoi si noir?
- Si c'est naturel.
- Vraiment?
- Oui.
- Vous êtes sure?
- (Rires) Oui je suis sure d'être née avec des cheveux noir de jais.
- Hum. Ca tranche, vous avez la peau claire, vous aimez pas le soleil?
- Vous êtes pas censé me poser des questions si personnelles vous savez?
- Oh... Je voulais pas être indiscret. Votre mélange m'interpelle, des cheveux si noir, une peau si blanche et vos yeux de ce vert là, c'est étrange.
- Étrange? Je dois prendre ça comment?
- Je sais pas. Comme vous voulez.
***
Je tiens à ne pas oublier le physique de cette femme. Parce que c'est le premier qui m'interpelle en fait.
Cette jeune femme m'intrigue, enfin jeune, elle est pas beaucoup plus jeune que moi je pense, en réalité.
Puis ici, c'est le seul contact réel que j'ai. Même si je suis un être dénué de sensibilité, je suis un "animal social" comme disait Aristote, enfin sa thèse définit l'homme comme un "animal social" alors là ça conduit à admettre que j'ai une part d'humanité.
J'ai jamais su définir ce que j'étais, biologiquement je suis un homme, socialement je suis un criminel, sentimentalement je suis rien.
Il convient tout de même de noter une chose : je trouve son rire agréable. Comme certains aliments, j'ai des sensations sur les aliments, y'a ceux qui sont désagréables en bouche et ceux qui sont agréables. Son rire est agréable.
19 février 2014 - 18h54
Aujourd'hui je suis retourné à l'infirmerie...
Pour mes maux de tête, pour parler avec Émilie aussi. Ca m'occupe, ici je m'ennuie.
Dehors j'étais un homme occupé, entre mon travail licite, mes activités illicites et la mascarade qu'est ma vie de famille. Ici je n'ai rien à faire.
Mes parents m'ont écrit, je ne sais pas quoi répondre.
Ma concubine m'a écrit, je n'ai pas envie de répondre. Elle a fait une demande de parloir, je n'ai pas envie de la voir.
J'aime lire, mais je peux pas lire longtemps, ça cogne dans mon crâne...
Alors parler avec Émilie, ça fait passer le temps. Elle est gentille, elle veut me sauver, elle me croit quand je dis que j'ai mal.
Elle pense que j'ai une tumeur au cerveau... Elle se prend la tête avec l'administration pour accélérer mon rendez-vous avec le médecin. J'attend rien, elle obtiendra rien, mais je note, je trouve ça, agréable qu'elle me considère, alors que je suis ici.
18 mars 2014 - 13h45
Ca fait longtemps que j’ai pas écrit dans ce fichu cahier… J’en avais pas la force… J’ai passé 15 jours dans mon lit… Je pouvais pratiquement rien faire, à peine m’alimenter… Ce mal de crâne… Encore et toujours… L’étau se resserre…
A cause de ses conneries j’ai fini au quartier disciplinaire - au mitard si vous préférez - pourquoi vous demandez vous? Bien parce qu’ils ont pris ma non alimentation comme un signe de rébellion…
Pendant ce temps? Bah pendant ce temps, t’as Emilie - l’infirmière - qui se prend la tête avec l’administration pénitentiaire, qui fait des pieds et des mains pour que je puisse voir le médecin, qui est venu me voir au mitard…
Cette fille est complètement timbrée, elle veut pas comprendre qu’elle perd son temps, qu’elle s’use pour un rat comme moi, que y’a rien à sauver. Elle a quand même réussi à me l’obtenir ce putain de rendez-vous avec le médecin…
Il a établit que mon état semblait réellement grave, que les symptômes que je décris ne peuvent pas être inventés, il a demandé mon extraction pour m’orienter vers un neurologue, il me faut des examens plus approfondis.
La demande est encore en atteinte, l’administration doit se prononcer, et pour eux rien ne presse. Quand je vous dis qu’ils me veulent mort avant mon procès, je vous promets que c’est vrai.
En attendant le médecin il m’a collé un traitement de cheval, avec, ça va mieux, mais mes moments de lucidité sont rares, et généralement j’en profite pour demander à aller à l’infirmerie, avec ce que je prend j’ai besoin d’un suivi de près et c’est Emilie qui s’en charge…
Cette femme est un mystère, j’ai jamais… Je… Putain faut que je cherche le mot exact pour décrire ça. Mais je… Elle… Nos conversations, ça déclenche quelque chose de positif en moi, un truc que je ne connais pas et que je ne saurais décrire, je crois que c’est le traitement qui fait ça, mais pour une fois dans ma vie, je peux dire que j’apprécie - que j’aime même - passer du temps avec une personne.
Je deviens fou, je deviens fou. La cause de ma folie? La prison, cette institution qui nous rend tous fous, le cocktail est encore plus néfaste quand à cette atmosphère oppressante s’ajoute la maladie, un traitement de choc, le genre de truc qui finit de t’achever.
Je vais crever, je le sens, je le sais, je vais crever seul, comme un
21 avril 2014 - 19h22
Je vais crever, je le sens, je le sais, je vais crever seul, comme un rat.
Voilà la fin de ma phrase, celle que j’ai pas pu finir. J’ai fait un malaise…
Plus les jours passent, plus les minutes défilent, plus mon état empire… La pénitentiaire, ils ont bien dû admettre que je simulais pas pour le malaise…
J’ai eu une phase d’état second, j’ai senti une main dans la mienne et je l’ai entendu hurler sur le personnel présent… J’ai fini par atterrir je ne sais comment dans un putain d’hôpital… Les mains menottées au lit, et la pénitentiaire en garde devant ma porte… Et sa main toujours dans la mienne, Emilie.
Je me rappelle pas de tous les détails de cette discussion, mais vaguement, je me souviens qu’elle a dit avoir eu peur pour moi, que j’allais passer des examens, qu’un neurologue avait pris mon dossier en main, mais elle est sure d’avoir raison depuis le début.
J’ai aimé qu’elle soit présente, je sais pas comment expliquer ça, j’ai l’impression d’aller mieux quand elle est là… Je peux pas dire qu’elle me rend heureux, parce que je comprend pas cette notion là, le bonheur et tout ça, mais elle m’apporte du positif. Il convient de souligner que c’est la première fois dans ma vie que je ressens ça.
Ah ouais… Les résultats sont tombés… Putain elle avait raison la petite infirmière.
Tumeur au cerveau. Stade avancé. Chimio obligatoire. Pas certain que ce soit opérable. Etat de santé incompatible avec la détention.
Le juge des libertés et de la détention a du statuer en urgence sur mon éventuel maintien en détention, mais les médecins sont unanimes, si j’y retourne je crève. Il m’a placé sous contrôle judiciaire, mais avec tous les soins que je subi je vais pas aller bien loin.
Je passe ma vie sur un lit d’hôpital… Franchement con comme fin pour un mec comme moi non? Une double vie dans le grand banditisme, ayant affronté plus d’une fois un homme, armé ou à mains nues, j’ai vu la mort de près plus d’une fois, et c’est une putain de tumeur qui va me crever…
Oh ouais, elle va me crever, y’a peu d’espoir pour moi.
25 avril 2014 - 22H01
Si je reprend ce foutu stylo aujourd’hui c’est que demain ils m’ouvrent le crâne pour essayer de retirer cette merde, et je sais que j’en sortirai pas vivant.
Aucun membre de ma famille, aucun protagoniste de ma vie antérieure à la détention n’est au courant de tout ça. La seule personne qui vient me voir ici c’est Emilie.
Oh, Emilie, si tu me lis, c’est que je suis parti. C’est qu’on m’a arraché à cette putain de vie, la tumeur a bouffé mon cerveau, je regrette pas d’être parti, non parce que vraiment la vie qui m’attendait, putain c’était pas une vie, toi et moi on le sait. J’ai jamais vraiment eu de vie en fait.
Je tenais juste à te dire, merci. Merci pour avoir était présente, merci de m’avoir cru, merci de t’être battue, t’en veux surtout pas, t’as pas à t’en vouloir, si je suis mort aujourd’hui, c’est la vie. T’as tout fait pour les alerter, tout tenté pour me sortir de cet enfer. Et aussi, je pense que je vais crever et ça me fait réaliser des trucs, Emilie, je crois que je t’ai aimée. Sincèrement, mon coeur va cesser de battre dans peu de temps, mais sache que cet organe amorphe aura battu pour toi, qu’il bat pour toi au moment où je t’écris.
Je sais rien de ta vie privée, mais j’espère que t’as un homme qui t’aimes à tes côtés, ne fais rien de désespéré, ne gâche pas votre relation, tu mérites sa présence et tu mérites le bonheur, cette sensation que tu m’as fait toucher du bout des doigts alors que c’était l’enfer dans mon crâne.
Je t’en prie Emilie, parle de ce carnet à personne, garde le pour toi. >>
Je repose ce carnet sur la table de chevet, non il ne s’est pas réveillé. La tumeur était trop avancée, ils ont rien pu faire pour le sauver. Son corps va être remis à sa famille, sa famille qui ne sait même pas qu’il est là.
J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps à l’annonce de sa mort, et c’est pas la lecture de ce petit cahier où était écrit mon prénom qui a arrangé les choses… C’est vrai que je le connais très peu au final, je peux pas dire que je sois tombée amoureuse de lui, mais je tenais sincèrement à lui.
On m’a toujours dit que j’avais la sale habitude de voir le bon chez tout le monde alors que parfois il n’y en a pas… Pour lui, tout le monde me disait que je me battais pour rien, que de toute façon il méritait pas qu’on lui sauve la vie, dans le pire des cas qu’il meurt, la société ne s’en plaindra pas… J’ai jamais pu penser comme ça.
Ses mots me bouleversent parce qu’ils me touchent au plus profond de moi, je suis une femme sensible. Il a raison, j’ai un homme dans ma vie, je suis mariée et heureuse, et j’aurais pas quitté mon mari pour lui, mais… C’est tellement étrange de se dire que, la seule personne qu’il a aimé, c’est moi. Alors que j’étais une sorte d’inconnue au final, et qu’il avait des parents, une compagne et un fils et… Moi.
J’aurais voulu faire tellement plus, j’ai toujours voulu sauver le monde, j’ai échoué dans ce cas précis, mais j’aurais au moins réussi à lui apporter du positif à la fin de sa courte vie.
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#ByIndi
General FictionToutes mes petites inspirations. Des petites histoires en trois parties. Des "One Shot" aussi. Parce que pour moi écrire c'est se libérer, écrire c'est la liberté de la pensée, c'est poser les idées, qui fourmillent dans mon cerveau, sur un papier...