Βαθια Νηρα : Les Eaux Profondes [EN PAUSE]

Chapitre 6:

***
L'orphelinat..? Qu'est-ce que je fais ici?

Je voyais la moquette bordeaux de la chambre que j'occupai avec Naora 6 ans plus tôt.

Ah, je vois. Je rêve.

Je savais que c'était une sorte de rêve-souvenir parce que la moquette avait été remplacé par un parquet beige.

Mais.. Je ne suis pas censée rêver. Je devrais être...
Où? Où est-ce que je devrais être? Je ne sais plus.

Je me rapproche de nos lits superposés. La moi d'avant, et la Naora de l'époque dormaient tranquillement.
Cette vue m'apaisa, et me laissa un sourire serein.

-Hey!! C'est l'heure!! Debout les Naftilìas!! L'heure des visites c'est pour dans 5min!!

Gabriel?
Il est vivant?

Ah oui. C'était avant. Et puis c'est un rêve.
Dans les rêves, tout est possible. Tout est modelable.
Même faire revivre.. Un souvenir.

-J'entre! Je vous jure sur la tête de Dasky que je vais vous faire sortir de vos lits!!

La petite Naora lui jeta son oreiller lorsqu'il ouvra la porte. Je ris en voyant la moi d'avant s'enrouler du mieux qu'elle pût dans ses couvertures.

-Il est que 11h! Laisse nous dormir! cria-t-elle, tandis que la Naora d'avant écarquillait les yeux.

-Onze heures!??? Angie lève toi, lève toi!! On trouvera peut être une famille!

C'est vrai! Je me souviens. Elle attendait tous les dimanches avec impatience. Le jour de visites.

Je vis la petite moi enfiler rapidement un bandeau sur son œil gauche.

Le gris.

Puis elle rejoint sa cousine et le garçon, âgé de 2 ans de plus qu'elles. Les trois enfants se dirigeaient joyeusement vers la salle d'accueil.

-De toute façon, moi je veux partir que quand vous ne serez plus là! Je ne pourrais pas vous laisser ici! déclara Gabriel.

Il est toujours comme ça..

Il disait souvent qu'il ne partirait pas avant nous parce qu'un grand frère ne laissait pas ses sœurs derrière lui. Il a toujours été fraternel avec nous.

Et je l'aimais.

Je fermai les yeux, chassant des larmes qui menaçaient de couler.
Peut-on pleurer même en rêvant?

Je suivais toujours la petite moi et ses amis de l'époque. Mon regard se posa sur un calendrier.
Dimanche 5 août 2015.

5 août..? C'est.. Le jour de sa..
Gabriel.

Ils entrèrent dans la salle d'accueil, et je les suivis de près, tel un fantôme.

Dans la grande pièce, il y avait une femme d'environ cinquante ans, a l'air sévère et un jeune couple, d'une trentaine d'année. Ils voulaient sûrement un jeune enfant, eux.

D'après mes souvenirs, cela devrait être Lih-ah, une petite fille d'origine japonaise, abandonné quelques rues plus loin.
Je la regardais et la trouvait encore plus mignonne que ce dont je me souvenais.
Vingt minutes plus tard, les papiers étaient signés. Elle s'appelait désormais Lih-ah Troy. Elle avait l'air rayonnante. Elle avait trouvé une famille, une vraie. Il s'en allèrent, et ce fut au tour de la femme de choisir.

Elle était habillée avec des vêtements chics, et se tenait bien droite. Elle avait un air hautain sur le visage, et les sourcils froncés.

Ah oui! C'est elle. A cause d'elle Naora ne voulait plus aller aux visites les dimanches.

Alain les avait laissé seuls avec elle. Des visites, ils en ont eu plein, pas besoin de s'inquieter pour eux. Pour nous, a l'époque.

Elle leur dit, d'un ton qui ne réclamait aucune protestation, de se mettre en ligne et de ne pas bouger.
Elle passait devant chacun d'eux, les examinant entièrement, de la tête au pied.
De temps en temps, elle en critiquait un, puis un autre lorsque quelque chose ne lui plaisait pas.
La femme leur tâtait les bras, les jambes, comme du simple bétail. Comme si elle allait choisir le meilleur morceau de viande.

Puis au bon d'une quinzaine de minutes, ce fut le tour de la petite moi. Je me souviens avoir été légèrement effrayé par son expression froide.
Elle a fait comme les autres pour la petite moi.

Puis elle fit ce que j'avais tant redouté a l'époque.

-Enlève ton cache-œil, avait-elle ordonné.

Et du tac au tac, la petite moi lui avait répondu franchement par la négative.

-Non.

Elle insista, et lui dit qu'elle n'avait pas le choix.
Je regardais la scène qui se passait sous mes yeux. Une scène appartenant au passé, mais qui se déroulait a nouveau.
La moi d'avant était obstinée et continuait de secouer la tête et de refuser ce qu'elle lui demandait de faire.

Puis la femme perdit patience. Elle leva la main, et gifla violemment la gamine qui se trouvait devant elle.

Elle m'avait fait mal. Mais..

Le bandeau était tombé. Gabriel et la petite Naora s'était déjà précipité vers l'ancienne Angèle.

-Un.. un..!

La femme recula précipitament et fouilla dans son sac avant d'en sortir une croix en argent. Elle l'a tendit devant elle.

-Des monstres! Soyez... bannis du monde créer.. par Dieu!

...mais a cause d'elle..

Gabriel rit, a gorge déployé, et la petite moi vie sa sœur les larmes aux yeux.
Elle lui lança un regard noir. L'œil gris brillait d'un éclat effrayant.

...Naora a pleurer.

***