Βαθια Νηρα : Les Eaux Profondes [EN PAUSE]

Chapitre 26:

Quoi? Que venait de dire Naf?

J'avais l'impression d'avoir reçu un violent coup de poing dans le thorax, m'empêchant de respirer calmement.

Le Roi des Eaux Profondes nous accusait du meurtre de nos parents? Mais pour qui se prenait-il? Connaissait-il, juste notre histoire? Savait-il ce que nous avions enduré? La douleur que nous avions éprouvé à ne pas les connaître? L'amour qu'on leur portait sans avoir de réels souvenirs d'eux?

-Nous n'avons pas tué notre famille! m'écriai-je, hors de moi. Nous n'avions même pas encore deux ans!! On ne les a pas assassiné..

Naf recula surprit par mes cris. Il ne renchérit pas. J'étais en larmes. Ce Roi ne nous connaissait pas, et il nous mettait à dos le meurtre de nos parents. Pourquoi? Je commençais à peine à marcher sur mes deux pieds, et à dire "Maman", comment aurais-je pu les assassiner? Même avec l'aide de Naora, je n'aurais pas même pu leur faire un simple bleu. Nous étions beaucoup trop jeune pour penser! Alors tuer trois personnes? Trois personnes de notre famille en plus! Était-il fou? Ou avait-il un quelconque lien avec leur mort?

"Vous ne les avez pas tué en réalité, c'est ça? Pour vous les sirènes, deux ans c'est jeune?"

Je hochai la tête.

-C'est beaucoup trop jeune.. À cette âge là on ne peut pas vivre sans adultes..

Il sembla comprendre. Il sembla me croire. Je calmais mes pleurs, en reniflant bruyamment.

"Ma jumelle est sûrement en train de la conduire au Palais. Elle voulait que je l'y rejoigne. Elle ne veut pas de problèmes. Alors elle obéit aux lois à la lettre, même si elle ne les approuve pas. On ne peut pas fuir aux sentences du Roi.." dit-il gravement.

Son visage s'assombrit. Les deux hyppocampes jumeaux avaient sûrement vécu un tragique événement qui avaient dû les ébranler, vu la mine sombre que Naf affichait.
Je préférais ne poser pas poser de question.

-Que veux-tu dire par là? Ce Roi est si terrible que ça?

Le petit être soupira, et s'il avait eu des mains, je l'aurais bien vu se gratter nerveusement la tête.

"Il inspire la terreur à son peuple. Pour se faire respecter. Ceux qui se révoltent en sorte rarement indem. Son frère est un pro en la maîtrise de la... torture. Ce qu'il dit et ce qu'il fait subir à ses victimes.. Jamais ces souvenirs-là ne peuvent s'effacer de la mémoire de ses victimes, et cela marque leur esprit définitivement. C'est un traumatisme incurable pour ceux qui sont passer par être épreuve. La plupart se suicident, ou alors ils ne deviennent que des loques."

Je fus déconcertée par cette révélation. Surtout que j'étais persuadée que Naf et Lìa, sa jumelle, avaient du vivre je-ne-sais-quoi de similaire. Ou ils en avaient été les témoins. Et cela m'horripilai monstrueusement.

Le petit hyppocampe avait passé outre les rumeurs qui couraient sur les sirènes Naftilìas et il m'avait cru! Imaginer que celui qui se disait Roi était en réalité cruel et torturait son peuple pour qu'ils lui obéissent, j'en étais paralysé de rage.

-Cet homme ne devrait pas avoir le titre de Roi. À tout les coups, il a organisé la mort du précédent Roi!

J'étais outrée pour le petit être, sa jumelle, et tous les autres animaux marins. Durant toutes ces années sous le règne de ce sauvage, ils ont souffert, sans aucuns doutes possibles.

Je ne disais pas ça car le Roi Déchu était peut être mon grand-père, je ne le connaissais pas. Je savais juste que grâce à lui ma grand-mère était vivante, et que ma mère et mon oncle ont pu naître pour qu'ils nous donnent naissance à Naora et moi plusiseurs années plus tard. Je lui étais simplement reconnaissante de tout mon cœur.

Je voulais tellement aider les pauvres habitants de ce monde sous-marins, dont il y a quelques jours à peine, j'ignorais complètement l'existence.

"Tu n'aurais jamais du le dire! Jamais, jamais, jamais! Les murs ont des oreilles... et pas n'importe lesquelles! Il t'a entendu, et il te le fera payer..." dit Naf, terrorisé.

Il reculait en regardant tout autour de lui, comme si un énorme monstre allait débarquer et nous dévorer.

Un craquement sinistré se fit derrière moi, et je me dis soudain, que j'espérais réellement que ma théorie était totalement hors-sujet, en me retournant pour voir ce qui avait causé le bruit.

Le corail gelait sur place, et se brisait comme des brindilles. Une seconde branche tomba en morceaux, gelée. Puis je vis des poissons subir le même sort, tout comme d'autres petits animaux marins.
Le courant glacial s'approchait dangereusement de moi.

Ne sachant pas utiliser ma nageoire, je me tenais immobile, face au courant sibérien qui gagnait de plus en plus de terrain. J'allais finir en statue de glace s'il ne déviait pas de trajectoire ou s'il ne se réchauffait pas.
Je levais les bras pour le protéger de ce courant d'eau polaire qui n'était plus qu'à un mètre de moi. Je le sentis passer, mais je n'eus pas froid. Je n'avais même pas frissonner.

Pourtant, tout ce qui était autour de moi était geler, sauf un cercle dans lequel je me trouvais, évidemment. Était-ce un pouvoir de sirène de changer la température de l'eau?

Naf se tenait derrière moi, littéralement congelé. Je le pris dans mes mains, nettement affolée.

-Eh, Naf! Reste avec moi le poisson!

Que venait-il de se passer? L'hyppocampe avait reculé comme s'il s'attendait à ce qu'il allait arriver.

"J-je ne s-suis pa-pas un sata-né p-poisson! F-f-franch-chement j-j-je me de-demande si-si je n-ne devrait p-pas t'emme-mener au P-palais.."chuchota-t-il en claquant des dents.

La réponse était là! S'il me livrait à cet enflure de Roi, je retrouverais Naora, et je pourrais nous ramener à l'hôtel! Là où tout le monde devait sûrement nous attendre : Diane, Axel, Cléo, Jamie.
Mais.. comment ferais-je pour nous ramener là-bas? Je ne savais pas où l'on se trouvait.

-Raaah! C'est trop compliqué, m'énervai-je.

Je m'y au clair mes idées. D'abord Naora, ensuite je chercherai comment retrouver notre chemin. En allant à la surface cela devrait être plus simple, non?

-Naf, livre moi au Palais.

Il me regarda, les yeux agrandit d'étonnement.

"P-pourqu-quoi?" bégaya-t-il, encore frigorifié.

-Parce que je veux retrouver la cousine!

"T-ta cousine?"

-Ma cousine, ma sœur, Naora! La sirène verte!

Il acquiesça, ayant trop froid pour continuer à parler, et m'indiqua d'un signe de tête la direction à prendre. Je le plaçai dans les cheveux, le tenant près de moi, afin de le réchauffer.

Puis je me rendis compte que, malheureusement, ma queue de poisson ne s'était pas dit :"Ah tiens, la pauvre petite Angèle ne sait toujours pas se débrouiller avec moi, pourquoi ne l'aiderai-je pas?" Bien sûr que non, cela aurait été beaucoup trop simple.
Je tentai alors de nager par mes propres moyens, en me souvenant des gestes que faisaient les mammifères marins dans les reportages télévisés que je regardais de temps en temps.

Donc.. les bras le long du corps.. la nageoire qui bouge de haut en bas.. de bas en haut.. de haut en bas..

Ma queue de sirène se mit à onduler. Je poussai le sol de mes mains, pour m'élancer. Je sentais chaque musclé vibrer sous mes écailles.

Puis finalement, je commençais à avancer. Victoire! J'avais apris si facilement comment cela pouvait être possible!?

Très fière de moi, je fis quelques tours sur moi-même, je montai, je descendai, et j'adorai la sensation que ça me procurait. J'étais euphorique.

Quatres immenses ombres passèrent au-dessus de moi. Je levais les yeux.

Quatres magnifiques baleines tueuses, ou orques, me regardaient.