Les mains aux ongles roses m'entraînèrent de plus en plus profondément dans l'eau des lacs. Au début, je ne réagissais pas ; j'avais comme perdu ma rage de vivre.
Puis l'eau s'engouffra dans mes poumons.
Elle avait un sale goût, un mélange de vases et de je-sais-pas-quoi d'autre. Cela me valut un haut le cœur, et lorsque je repris ma respiration, l'air me manqua.
Ce qui n'était pas étonnant, étant donné que j'étais sous l'eau.Dégage toi de là Angèle ! Elle va couper le lien, je ne pourrais plus te guider ! Tu dois t'éloigner d'elle !
Étrange. La voix masculine venait de m'appeler par mon prénom. Il ne m'avait pas appeler "mon petit ange" comme il le faisait. La situation devait être urgente. Mais je n'y fais pas attention, pas même un peu. Pourquoi aurais-je besoin d'être guidé si je voulais mourir ?
En mourrant, je délivrais tous mes proches. Ainsi, ils n'étaient pas condamnés à mourir. Je n'étais que celle qui montrait à la Faucheuse ceux qui devait mourir. Ma mère, mon oncle et ma tante, Gabriel. Maintenant, Jamie, Axel et Cléo, leur mère : Diane. Plus tard, Naora. Indirectement, je les condamnais tous.
Et je ne voulais pas ça.
Puis une douleur atroce me plia en deux, dans l'eau. Manquer d'air était incroyablement douloureux.
Ma frayeur de la mort et mon envie de vivre étaient revenus brutalement. J'avais peur. Même si je la voulais, la mort me faisait peur.
Je commençais par me débattre de la poigne des mains au vernis rose, qui me lâchèrent au bout de quelques instant. Un rire clair me parvint aux oreilles.
Ne m'en préoccupant pas le moins du monde, je me mis à nager vers la surface, battant des bras et des jambes de façon désordonné.Et je me souviens.
Je ne sais pas nager!
La panique s'empara de moi. Qu'est-ce que je voulais déjà ? Mourir ? Quelle belle blague, je voulais me donner la mort alors que cette dernière me terrifiait. Je n'en avais pas les tripes. Et si je ne retournais pas à l'air libre, j'allais mourir au même endroit que ma famille.
Continuant obstinément à agiter les bras et les jambes, j'essayai de retourner à la surface, sans grande réussite. Est-ce que même je me dirigeais vers la surface? N'étais-je pas en train de m'enfoncer dans l'eau?
L'eau se mélangeait à la vase que je soulevais, me brouillant la vue au fur et à mesure que je bougeais. Les algues des lacs s'enroulaient autour de mon corps, réduisant mes mouvements. Mes jambes devenaient plus lourdes, et surtout, mes poumons me brûlaient.
J'avais besoin de respirer.
Une grosse bulle d'air -la dernière- remonta le long de ma gorge, et j'ouvrais la bouche la laissant s'en aller. Je la regardais remonter vers la surface, tandis que l'eau prenait la place qui venait de se libérer dans mes poumons.J'allais du bon côté, remarquais-je en voyant la bulle disparaître.
Mes forces me quittèrent graduellement. J'étais comme prise de léthargie. Je tendis la main vers la surface, essayant de l'attraper.
Quelque chose m'aggrippa une nouvelle fois le pied, m'entraînant encore vers le fond.
J'aurais voulu crier, mais je n'avais plus d'air dans les poumons.
J'aurais voulu me débattre, mais mon corps était entièrement engourdi.
Des points noirs s'invitèrent dans mon champs de vision.
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Βαθια Νηρα : Les Eaux Profondes [EN PAUSE]
خيال (فانتازيا)C'est l'histoire de ma cousine et la mienne, bien sûr. On se considérait comme des sœurs et nous étions inséparables. Pendant des années nous avons vécu dans un orphelinat, étant devenue orphelines assez tôt. On était toutes deux exactement l'opposé...