Βαθια Νηρα : Les Eaux Profondes [EN PAUSE]

Chapitre 36:

La voix avait semé le trouble dans mon esprit et avait tout simplement disparu ensuite. Cette voix appartenait à quelqu'un de fourbe.

Mes jambes avaient de nouveau remplacé ma queue de sirène, et ma surprise, elle, avait été remplacé par une rage irrépressible.

J'étais l'enfant de Ténèbres. Naora était celui des Lumières.

Je l'avais toujours su. J'avais toujours su que j'étais l'exacte opposé de ma sœur. Elle était belle, bienveillante, sympathique, douce, agréable, attentionnée, impliquée, franche, vraie, modeste, amusante et.. et je pourrais continuer des heures à énumérer toutes les qualités qu'elle avait.

Moi, qui étais-je ? Le chien de garde. Toujours à vouloir la protéger, au péril de ma vie, à en devenir incontrôlable. À vouloir son bonheur pour être moi-même heureuse. Si elle souriait, j'étais heureuse. Si elle pleurait, j'étais anéantie. Si elle était énervée, je l'étais encore plus. Ma vie était basée sur la sienne.

Si elle ne vivait plus, je ne vivrais plus.

Alors j'avais déjà pris ma décision. Je me sacrifierai. Je mourrai pour qu'elle vive. Je ne voulais même pas mourir pour sauver le peuple des Mers. Je n'avais rien à voir avec, sauf peut-être une part de mes origines. Je n'en avais absolument rien à faire qu'il soit voué à sa perte. Tant que ma sœur vivait, le ciel pouvait me tomber sur la tête, une météorite pouvait tout détruire, le monde pouvait disparaître, je n'en aurais rien à faire.

Tant qu'elle reste vivante, mon sort m'importe peu.

-..gèle! Angèle!! Arrête ça merde!

On m'attrape soudainement par la taille, et mes pieds quittent le sol quelques instants. Je cligne des yeux, sortant de mes sombres pensées. J'étais debout, face au mât du voilier. Ou plutôt ce qu'il en restait. Le mât était brisé en deux, et des morceaux de bois étaient éparpillés un peu partout sur le pont du bateau. La voile était complètement déchiré, et du sang tâchait sa couleur immaculée. Je m'étais littéralement défoulée sur ce pauvre bateau.

J'avais la respiration haletante, j'étais tremblante, et mes mains me faisaient mal. Atrocement mal. Je les levai à hauteur de mes yeux.

- Tu m'étonne que ça fait mal, marmonai-je en voyant l'état dans lequel elles étaient.

Je m'étais déjà salement amoché les phalanges dans la grotte au bassin, et alors que les blessures avaient tout juste commencé cicatrisé, je les ouvrais encore, et aggravais les dégâts. Le sang s'écoulait le long de mes mains, et s'égoutait sur le sol lentement. Plic. Ploc. Plic. Ploc.

- Angèle ?

Je pose mon regard dans celui de Jamie. Il m'observait, inquiet et effrayé par mon excès de rage.

- Désolée, dis-je en m'asseyant.

- C'est tout ce que t'as à dire? me demanda-t-il après plusieurs minutes de silence.

Je le toisai en repensant à ma décision.

- Oui, rétorquai-je.

Il soupira bruyamment, et je levai les yeux au ciel. S'il voulait s'énerver pour une réponse qui lui déplaisait, et bien soit, c'était son choix mais pas mon problème par contre.

Mes mains me lançaient, et je me mordais la langue jusqu'au sang pour oublier cette douleur. Jamie se leva et attrapa mes poignets. Il afficha un air dépassé et laissa glisser doucement mes mains des siennes. Il entra dans le compartiment du bateau à grands pas, et en ressorti avec deux bandes. Il les enroula autour de mes blessures, sans désinfecter les plaies, n'ayant pas le nécessaire pour les nettoyer.