Βαθια Νηρα : Les Eaux Profondes [EN PAUSE]

Chapitre 22:

Ce jour là, la pluie tombait sur l'orphelinat. Les épais nuages couvraient le ciel. Je voyais à nouveau les gouttes de pluie tomber en un flic-floc incessant, dans les flaques d'eau formées plus tôt.

Oh.. J'avais oublié que le temps avait été si mauvais.

Nous étions au réfectoire, pour le temps du midi. Je vis la moi adolescente se diriger aux toilettes, tandis qu'un enfant, Teo, âgé de 6 ans, venait chercher Naora, sous la demande d'Alain. Elle lui sourit avec tendresse : nous avions 7 ans de plus, et étant les "aînées" de tous ces enfants, on se sentait le devoir de nous comporter en "grandes sœurs" responsables, bienveillantes et compréhensives.

Comme Gabriel l'était, avec nous.

Lorsque l'ado Angèle revint et remarqua l'absence de sa sœur, elle jeta un coup d'œil inquiet autour d'elle. Teo leva la main pour attirer son attention.

-Elle est avec Monsieur Dasky. Il m'a demandé de vous appeler, et comme tu étais aux toilettes, elle y est allée. Tu n'as pas besoin de t'en faire Anjo! Elle va bien.

Tout le monde savait à quel point je m'inquiétais de tout, dès que cela concernait Naora. C'est pour ça que le petit garçon rit de son rire enfantin. Teo était d'origine portugaise, et Anjo signifiait "ange". Tout le monde aimait me donner ce genre de surnom. Après tout, c'était facile, avec le prénom que je portais.

La moi de l'époque jeta ce que contenaient les plateaux, et se dirigea vers le bureau d'Alain. Puis elle entendit les cris joyeux de sa sœur, qui s'approchait d'elle en sautillant dans les couloirs, une enveloppe qu'elle secouait au dessus de sa tête.

Nous venions de recevoir notre toute première lettre.

-Angie! Angie! La lettre vient peut être de quelqu'un de notre famille! On a peut être un membre de notre famille qui veut nous rencontrer! Peut être même qu'on nous adoptera!

Elle frétillait sur place, impatiente. Sa joie mêlée à sa curiosité se lisait facilement sur son visage.
Je me vis soutire tendrement. Elle était tellement enthousiaste et la voir ainsi me rendait vraiment heureuse.

Je ne me méfiais pas de ce que contenait ce bout de papier.

-Bah alors? Tu l'ouvres pas? avais-je demandé le sourire aux lèvres.

Et c'est toute guillerette qu'elle ouvrit précipitamment la lettre.

Nous n'aurions pas dû..

Deux photos se trouvaient à l'intérieur, avec une petite note.

Je vis ma sœur les prendre dans ses mains, lire rapidement la petite note, et les yeux agrandis d'horreur, regarda les photos.

Naora hurla d'épouvante. Elle lâcha l'enveloppe et ce qui se trouvait à l'intérieur.

"Dites bonjour à vos mamans et au papa" était-il écrit en rouge.

N'ayant pas vu ce qui avait tant effrayé la Naora adolescente, la moi d'avant c'était baissée pour ramasser ce que sa sœur avait lâché et elle eut un frisson d'effroi en y découvrant ce qu'il y avait.

Une femme blonde, la mère de Naora sans doute, était allongée sur le dos, un filet de sang coulant sur sa tempe. Ses bras étaient en croix, ses yeux fermés. Comme si on avait voulu qu'elle repose en paix.