Chapitre 45:

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J'étais à présent collée au mur, essayant de m'éloigner au maximum de la lame qui s'approchait dangereusement de la jugulaire de mon cou. Il suffisait qu'il me l'entaille juste un peu pour que je me vide de mon sang.

Peut être est-ce la solution? me souffla ma conscience.

Peut être que cela évitera la mort de Naora, ou la mienne par sa faute. L'une de nous deux est destinée à mourir en sacrifice pour tout un peuple. Pour le peuple d'Aaron. Étant l'enfant du mal, ma mort est la plus acceptable. Et puis je ne supporterais pas de savoir ma sœur morte.

Es-tu idiote?

Je sursautais légèrement en l'entendant : je ne pouvais pas réellement faire un grand sursaut avec un couteau dans la gorge. Et dire que je pensais qu'il allait enfin me laisser tranquille.

Ils ont dit qu'ils allaient vous tuer toutes les deux.

J'ai entendu je te signal! Je suis celle qu'ils vont buter en premier!

Oui. En premier. Si tu meurs, qui sera le prochain cadavre?

À ce moment là, je ne savais plus si mon choc était dû au fait que je n'y avais pas pensé, ou parce que mon géniteur semblait enfin dire quelque chose qui pouvait m'être utile.

Je semblai à nouveau voir ; j'étais perdue dans mes pensées. C'est ce qui arrivait lorsque je parlais avec mon paternel, je perdais le fil du temps et je ne remarquais pas ce qui se passait autour de moi. J'étais ailleurs.
Cependant, là, j'étais de nouveau avec mon bourreau, mes bourreaux. Ceux qui avaient menacé de tuer ma sœur après l'avoir torturé. Ceux qui l'avait déjà torturé.

Si je mourrais, je signais l'arrêt de mort de Naora, alors que c'était exactement ce que je voulais éviter.

Eh bien. Mon sacrifice est reporté.

Qui a décidé que tu es destinée à mourir mon ange?

Moi. Et j'ai tout les droits sur ma propre vie.

Non non. Je suis ton père, c'est moi qui ait...

Le droit de disparaître de ma vie et de laisser mon esprit en paix!

Alors que je viens juste d'éviter la mort de ta chère sœur..

Il avait sussurer ceci d'une voix exagérément mielleuse, mais je ne pouvais pas le contredire.

Ouaip. Ouaip je sais.

Je le prends comme un merci! Digne fille à ton père.

Je m'abstiens de lui répondre et mon cerveau se mit à chercher à toute allure -oui, c'est une entité à part entière et totalement indépendante : il fait comme bon lui semble- une solution pour me sortir de la situation dans laquelle je me trouvais. Le problème, c'est qu'il cherchait une solution où je ne serais pas plus blessée corporellement. Laissons faire l'instinct.

Je m'avançai d'un geste brusque vers Zahäk, et lui assénai un coup de tête dans le nez. La lame du couteau s'enfonça plus profondément, ce qui m'arracha un grognement de douleur. Le Roi fit plusieurs pas en arrière, les mains sur le visage. Il s'attendait à ce que je me débatte, pas à ce que je l'attaque. Mais l'offensive est et restera toujours la meilleure défense.

Il me fusilla du regard, une rage furieuse dans les yeux.
J'allais lui balancer une phrase qui l'aurait sans doute énervé encore plus, quand je me rendis compte que le couteau était toujours dans mon cou. En ouvrant la bouche, une importante quantité de sang se déversa sur ma langue avant de couler le long de mes lèvres et de mon menton pour ensuite se mélanger à l'eau qui m'entourait. Ce qui fit sourire de contentement ce qui servait de Roi à ce Royaume.
La souffrance des autres lui donnait une impression de puissance. Et l'affront le rendait fou de rage.

Βαθια Νηρα : Les Eaux Profondes [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant