Les six éléments

Chapitre 18 -Solitude-

L'odeur de sang et la douleur dans mon crâne me font péniblement ouvrir les yeux. La chaise de plastique sur laquelle je me trouve est très inconfortable, mais pas autant que l'obscurité infinie qui m'englobe. De faibles faisceaux lumineux provenant de la mince ouverture d'énormes rideaux me permettent de constater que je suis dans une pièce complètement vide, à l'exception d'une autre chaise en plastique devant moi. La porte, complètement à gauche, est fermée et la lumière du couloir essaie de s'incruster dans la pièce ténébreuse. Mon regard se perd sur une peinture au-dessus du bureau. Elle représente une ville qui est entièrement détruite et elle semble gouvernée par le mal. J'essaie de me lever, mais quelque chose a lié mes mains et mes pieds sur la chaise. Je regarde autour en essayant de voir s'il n'y aurait pas quelqu'un d'autre sur le plancher. Je tremble à l'idée d'y trouver le corps de mon frère ou de mon partenaire. Jake... Où est-il? Je dois le trouver! Je dois trouver mon partenaire!

- Allo! Lançais-je en espérant que quelqu'un me réponde.

J'essaie de bouger, mais la douleur que me fait subir ma tête est terrible. Le souvenir de David abatant le fusil de Jake sur mon crâne me revient soudainement. Je réalise rapidement que cette odeur de sang désagréable provient de moi. Ne pouvant pas utiliser mes mains, je lèche délicatement le haut de ma lèvre supérieur pour y trouver du sang presque sec. Je crache immédiatement le cœur battant à une vitesse folle. Que va-t-il m'arriver? Où est mon cercle? J'essaie de glisser mes mains hors du nœud effroyable de la corde dans mon dos, mais je n'aboutis à rien. Il doit bien y avoir du métal ici qui pourrait me venir en aide... Tout à coup, un halo de lumière me transperce les yeux. Je tourne la tête pour m'habituer à cette clarté désagréable.

- Tessa Belar...! Récite Britney d'un ton hautain.

- J'en étais certain, précise David, que toi et Jake vous étiez véritablement comme l'ancienne génération des enfants du métal. Qu'est-ce qui cloche avec la ligner de Marc Belar et Lana Lanner?

- C'est toujours les fameux enfants du métal qui sont spécial, bougonne Britney en se dandinant jusqu'à moi, et j'en ai ma claque.

Elle lève sa main et me gifle avec force. La douleur en moi s'amplifie ce qui me fait voir flou un court instant. Je ne montre pas de signe de faiblesse pourtant. Je la dévisage avec effroi et colère.

- Kelly va fermer la porte, ordonne-t-elle.

Je n'avais même pas réalisé que Kelly était là et un frisson de reproche s'empare de moi. Quand je vois enfin se silhouette à la perfection, je risque un coup d'œil sur son épaule qui semble bien se porter. J'aperçois un petit morceau de tissu blanc dépasser de sa veste. Qu'ais-je fait? La pièce est de nouveau plongée dans le noir.

- Peu importe ce que vous voulez, maugréais-je, vous ne l'aurez pas.

- Oh chérie! Tu sais très bien que nous obtenons toujours ce que nous voulons, rectifie David.

J'arque un sourcil sous cette réflexion à double sens. Britney sourit en coin et sort « la » dague de sa poche.

- Comment l'avez-vous récupéré?

- On ne l'a jamais perdue, admet la fille de l'esprit.

Je fronce les sourcils, oubliant soudainement la haine et la douleur. Que veulent-ils insinuer? Je l'ai moi-même volée!

- Vous pensiez vraiment que nous vous aurions laissé partir avec une chose aussi importante? Rigole Britney en la rangeant dans sa poche.

- Je ne comprends pas, affirmais-je en ayant conscience du ridicule que prend la situation.

- Laisse- moi donc t'expliquer, lance David impatient.