Les six éléments

Chapitre 21 - La vérité-

Il ne prit que quelques minutes à Flavius pour nous trouver une voiture et nous faire déguerpir de cet asile. Je m'en veux d'avoir eue recours à la manipulation, mais je dois y retourner. Je dois retrouver ma planète et comprendre. Voir de mes propres yeux le résultat de cette guerre déclenchée par ma seule faute. Une partie espère retrouver quelqu'un... De le retrouver lui. Je ne veux pas croire qu'il est mort. Je vivrai dans le déni pour le restant de ma vie si s'en est mon destin. Je ne porte pas une seconde mon attention sur la route que nous prenons ou même l'endroit où se trouve le portail. Je sors de mes pensées seulement quand la voiture s'arrête et que le moteur cesse de ronronner. Ma poitrine se soulève et s'affaisse à une vitesse irrégulière.

-    Es-tu certaine? Demande Flavius sans montrer son désaccord par rapport à mon idée.

-    Je dois voir, expliquais-je en sortant déjà du véhicule.

Le vent froid me fouette immédiatement le visage et envoie valser mes cheveux. Malgré l'air glacial, une certaine humidité m'empêche de profiter pleinement de l'oxygène. Je ne prends pas une éternité avant de remarquer que le soleil ne semble plus exister, mais une lueur lumineuse éclair faiblement la ligne d'horizon. J'inspire profondément en espérant retrouver l'odeur du lac qui se trouve non loin d'ici, mais rien ne vient à l'exception de la triste et morbide odeur de la mort. Le seul bruit, provenant du sifflement du vent désagréable, me donne la chair de poule. Mon regard se pose finalement sur la chose que je suis venue voir. Le manoir. Du moins, ce qu'il en reste. J'avance d'un pas peu décidé vers les ruines de cette demeure, qui me rappelle tous les mauvais souvenirs de ma courte existence. Je croise mes bras sur ma poitrine pour clamer les spasmes qui saisissent chacun de mes membres. L'étendue des dégâts s'étend sur plusieurs mètres. Je ne sais plus ce que je suis venue faire ici ou ce que je suis venue y trouver, mais ceci ne m'empêche a rien à avancer progressivement dans les déchets du manoir. Je regarde droit devant moi en essayant de retrouver une façon normale de respirer. Je trébuche soudainement sur quelque chose et Flavius vient rapidement m'aider à me relever.

-    Ça va merci... grommelais-je honteuse d'être aussi empotée.

Je me tourne vers l'obstacle qui m'a fait perdre pied et je sens une douleur déchirante dans le bas de mon ventre. Un corps en pleine décomposition s'y trouve. Je laisse échapper un hurlement alors que Flavius me serre dans ses bras pour me faire changer de direction.

-    Tu as assez fait d'observation pour cette terrible journée... Rentrons. Il est tard.

-    NON! Hurlais-je en sur le point de pleurer, je dois continuer!

Je me débats pour qu'il ma lâche et je prends une grande inspiration. Je retourne dans mon chemin en ignorant les cris de Flavius dans mon dos. Je m'arrête finalement en réalisant que je ne trouverais rien ici. Tout est détruit. C'est probablement une révolution... Voici le nouvel âge dans lequel nous vivrons à présent. L'apocalypse. Je le sens dans mes os et dans mes veines... Nous sommes tous sur le point d'atterrir directement en enfer. Je sens la main de Flavius sur mon épaule et je comprends qu'il est temps de partir.

-    Pardon? Murmure Flavius en se plaçant devant moi.

-    Je n'ai pas parlé, dis-je hébétée.

Nous replongeons dans un silence en tendant l'oreille.

-    ...ah...

-    Il y a quelqu'un par-là! S'écrit Flavius en pointant ma droite.

Il n'a pas besoin de le répéter deux fois, je commence à avancer le plus rapidement que je le peux dans les résidus du manoir en me rapprochant des gémissements. Quelqu'un de vivant! Non c'est impossible! Et pourtant... ce sont bien des plaintes que j'entends.