Chapitre 21

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Flash-back de Ava

Je marche lentement, sûre de moi, je sais d'avance ce pour quoi je sors ce soir. J'ai besoin de me sentir belle et désirée. Demain, je me sentirai tout aussi mal, je le sais, mais pour le moment c'est la seule chose qui me rend vivante. J'ai enfilé une de mes robes favorites pour ce genre de soirée, elle est moulante, noire, juste au dessus du genoux. Elle n'a rien d'original, mais généralement elle fait passer mon message à la perfection. Je ne suis pas là pour rencontrer l'homme de ma vie ou me faire des amis, voilà ce qu'elle veux dire.

Le taxi me dépose devant le pub plutôt sélectif. Parce que, ce que je ne veux pas, c'est de rencontrer des étudiants de mon université. Pas beaucoup de personne ne m'adresse la parole à cause de mon caractère, mais ils pourraient tout de même me reconnaître, et je ne veux pas prendre le risque. Ni de me justifier, ni de me voir gâcher la soirée par une conversation inutile. Et ce que je veux par dessus tout, c'est un homme plus âgé. S'il est là en voyage d'affaire ou juste pour se changer les idées, il sera là pour la même raison que moi : passer une bonne soirée. Autrement dit aucun futur envisagé, aucunes attaches. Quelques fois j'ai eu du mal à me faire comprendre, mais au final tout rentre dans l'autre. Je ne donne pas mon nom de famille, je ne donne pas mon adresse ou ce que je fais dans la vie, je viens en taxi pour ne pas me faire suivre : Il y a beaucoup trop de taxis le samedi soir pour garder le fil.

Je m'assois au bar, ça fait paraître moins solitaire. Je ne repère pas les hommes dans la salle, je me prend d'abord un verre pour me détendre seule. La soirée ne fait que commencer, je ne suis pas pressée. Je demande une pina-colada, c'est l'un de mes cocktails préférés. Je porte la paille à mes lèvres rouges en ignorant les regards du barman. Il est sympa et mignon, mais si je me met à discuter avec lui, tout mon plan tombera à l'eau. La première fois que j'ai fait ça, je me suis senti bizarre. J'ai eu l'impression d'être une fille délurée, pourtant lorsque j'ai sentie le regard de Stan sur moi, je n'ai pas regretté une seconde. Je me souviens parfaitement des hommes avec qui j'ai couché, chacun, sans exceptions.

Je termine mon verre lorsqu'un homme vient s'asseoir à côté de moi sur l'un des tabourets libre. Je tourne le visage vers lui en l'examinant attentivement. L'avantage dans ce pub, c'est que la plupart des hommes ont entre 25 et 40 ans, et qu'ils sont assez classes. Certains plus que d'autres. Il m'est arrivé de ne pas poursuivre à cause de mes goûts mais cela est très rare car je ne suis pas difficile. Et je ne suis jamais partie bredouille. Cela n'est pas si choquant, aucun homme ne sort ici seul ou entre amis - purement masculin - juste pour boire un verre. Et ils ne vont jamais passer devant du sexe gratuit sans au moins tenter le coup. Je ne dit pas que l'expression "free sex" est gravée sur mon front, mais une fille seule un samedi soir à un bar n'a pas des tonnes de raisons d'être là, soyons honnête.

- Je vous offre un verre ? Le vôtre est finit...

Dans ce genre de moment, il ne faut pas analyser les répliques de la gente masculine au risque de prendre la fuite ou de se mettre à rire. Ce qui, clairement, refroidirait n'importe qui. Il n'a pas beaucoup d'inspirations, il sait pourquoi je suis là, il sait pourquoi il est là, il cherche à discuter pour ne pas paraître mal poli, voilà tout.

- Pourquoi pas. Je vais reprendre la même chose, merci.

Il commande donc une seconde pina-colada et un verre de vin pour lui. Il marque déjà un point, je déteste les hommes qui boivent du whisky, ça laisse une haleine déplaisante. Tout comme la cigarette. Il me regarde en souriant et lorsque je fais de même, il porte ses yeux à mes lèvres. Je peux déjà deviner ce qu'il pense dans sa tête, il a des pensées impures, il a des images perverses dans sa tête. Il me demande comment je m'appelle, et j'apprend que ma sixième "expérience du samedi" comme j'appelle ça, se prénomme Paul. Il est plus âgé que les autres, il me dit qu'il a 31 ans mais je sais qu'il ment. Je lui dit que ce n'est pas nécessaire de se rajeunir avec moi et il sourit. En plein dans le mille.

Sur ses lèvresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant