Chapitre 34

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Je reste allongée sur mon lit en ayant bien conscience de tout ce qu'il se passe autour de moi. Je ne peux pas vraiment bouger, je ne sais pas pourquoi. Est-ce-que c'est à cause des médicaments que la vieille sorcière m'a fait avaler ce matin où est-ce-que mes bras sont encore attachés ? Je n'arrive pas à le savoir. Je ferme les yeux et je me vois tomber dans le vide. Lorsque je frappe le sol, quelqu'un vient me secouer pour que j'ouvre les yeux à nouveau. La peur m'envahit, est-ce-que ce sera encore lui ? Je ne survivrai pas à un autre rendez-vous, je préfère de loin rester dans cette chambre confinée pour toujours. Je pense à Evan et ça me réconforte. J'imagine ses baisers, ses caresses, ça m'apaise beaucoup je le reconnais. Je me perd alors entre la réalité et le fantasme et plus rien ne m'atteint. Pas même ses regards salaces, son intention de connaître plus de détails et son envie de me voir immobile et à sa merci.

On me donne encore des cachets, et je m'endors toute la nuit. Je suis réveillée brutalement par un cri, je crois que c'est moi au départ, mais c'est seulement la folle à côté. Est-ce-que moi aussi, je suis folle ? Je dois l'être vu la manière dont les gardes m'ont emmenés. J'aimerais qu'Evan vienne me chercher, mais le Docteur Stan m'a dit qu'il ne me sortirai pas d'ici... Je ne le crois pas, je ne crois rien de ce qu'il dit, pourtant une part de moi est effrayée. Effrayée de le perdre, effrayée de ne plus jamais revoir la lumière du jour, effrayée surtout de ne plus le revoir lui. Comme c'est dramatique, je n'ai jamais cru en l'amour et maintenant que je rencontre le mien, on me l'arrache comme si je ne le méritais pas. Et c'est peut-être le cas. J'ai fais des choses dont je ne suis pas fière, ma mère me répète que je suis la cause de ses malheurs, elle dit des choses horribles au Docteur et il l'a croit. Toujours.

Je lui jure que je n'ai rien fait de mal, mais c'est comme si j'hurlais alors qu'aucun son ne sortait de ma bouche. Comme une enfant qui ment, on ne me croit pas, je ne dis que des mensonges et je suis une petite fille pourrie gâtée. Nous nous retrouvons tous les trois dans une pièce et je ne dois qu'écouter toutes ces accusations en silence. J'ai aussi de mauvaises pensées depuis l'enfance, c'est ce que le Docteur dit à ma mère, je ne fais pas exprès, je suis juste malsaine... C'est ce qu'il a dit la dernière fois alors que nous étions seuls tout les deux, pour la cinquième fois il m'a répété ça avant d'ajouter que j'adorais être de cette manière. Il n'a pas abusé de moi, mais si je n'avais pas hurlé il l'aurait fait, je le sais, je l'ai vu dans ses yeux. Sa main a simplement frôlée ma jambe et un cri strident et sortie de ma bouche comme si quelqu'un se faisait assassiner. Non, je ne supporterais plus ça. Je n'ai seulement eu des pensées suicidaires que deux fois dans ma vie, sur ce toit, et maintenant. Deux fois c'est déjà beaucoup trop, et cette fois-ci Evan ne viendra peut-être pas à temps. Si je devrais rester encore des mois ou des années ici, si ce Docteur devait me suivre encore, je ne pourrais pas résister à l'appel des ténèbres. C'est comme ça que j'appelle ça, car je suis fan de tout ce qui fait parti du monde irréel et enchanté, un monde que je me créé alors dans mes pensées pour ne pas prendre les choses trop à coeur. J'aurais pu être sauvée et vivre sereinement, mais je vais finalement être entraînée par une force maléfique... S'il me laisse sortir de cette chambre alors oui, ce sera la fin.

Je ne me rendors pas, je ne fais pas de bruits mais je devrais peut-être, les cachets qu'ils me donnent pour me faire taire me permettent de ne plus avoir conscience du temps qui défile. J'espère qu'ils me laisseront sortir samedi pour voir Evan ne serait-ce qu'une heure et pour éprouver, même si c'est pour la dernière fois, ce sentiment de bonheur si intense que je ressens en sa présence. Sa rencontre est de loin la chose la plus heureuse qui me soit arrivée dans ma vie. Je sursaute lorsque la porte s'ouvre, je ne suis plus attachée, je le réalise, et les effets des cachets encore présent dans mon sang ne me permettent pas d'être réactive. Mes yeux clignent, mon cerveau fonctionne parfaitement, mais mes réflexes ne sont pas totalement revenus. Je bouge à peine, comme si un serpent m'avait paralysé par son venin. Je tourne légèrement la tête et je regarde vers la porte, c'est lui. J'inspire et je regarde le plafond, j'aimerais pouvoir disparaître. Il me dit bonjour et je ne répond pas, je sais que ça l'énerve, mais dans ma position actuelle c'est la seule chose que je suis encore capable de faire.

Sur ses lèvresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant