Sur ses lèvres

Chapitre 11

Je retourne chez moi avec un sentiment doux-amer. Je ne sais pas quand je la reverrai, et même si elle était un mystère avant que tous ça ne se passe, je savais que je la verrais au moins le vendredi. À présent ces petits rendez-vous secrets n'auront plus lieu, et d'une certaine manière il ne me reste qu'à attendre.

Je marche dans les allées désertes de l'université. Tous dorment encore, et les nuages assombrissent le ciel de sorte qu'il semble être encore plus tôt qu'il ne l'est déjà. Je jette un coup d'œil à mon portable. 7h30. Le moins qu'on puisse dire est qu'Ava ne s'attarde pas, et j'aurais tous de même du me douter qu'elle allait être aussi expéditive avec moi. Je retourne dans ma maison et je me jette sur mon lit sans penser une seconde de plus et je m'endors à nouveau. La chaleur du corps d'Ava manque cruellement à côté du mien mais j'essai de prendre sur moi en me convainquant qu'une seule nuit ne va pas réussir à me rendre fou. Mais en réalisant que je me parle à moi-même, je me demande si je ne le suis pas déjà.

La journée passe sans que je n'ai de nouvelle d'elle, mais je n'en attendais pas moins de sa part. Je lui avais certes noté mon numéro, mais je savais d'avance qu'elle ne s'en servirait pas d'aussi tôt. La plupart des filles ne s'en serait pas servi d'ailleurs, simplement pour prouver qu'elles ne sont pas désespérées. Mais Ava est différente, et malheureusement je songe au fait qu'elle ne m'ai pas contacté car elle ne le voulait simplement pas. Mais je me demande ce qu'elle fait en dehors de ses cours. Car elle m'a avoué elle-même qu'elle n'en avait pas beaucoup, et je ne pense pas que des cours de photographie puissent combler toutes ses journées. Je ne l'ai jamais vu avec personnes, filles ou garçons, je sais aussi qu'elle ne voit pas ses parents et qu'elle n'a pas d'autre famille. Alors malgré moi, j'imagine une fille solitaire qui préfère écouter de la musique, se balader seule, et éviter le contact humain.

Je me lève seulement dans l'après-midi à cause de Jack. Il vient taper à ma porte comme un sourd et je hurle presque en ouvrant.

- Bah qu'est-ce-que tu fais là ?

Il me regarde d'un œil soupçonneux et je passe la main devant mes yeux pour m'aider à les ouvrir.

- Je suis dans ma chambre je te signal, rétorqué-je de mauvaise humeur.

- Oula, y en a un qui a les couilles à l'envers.

Il sourit et s'invite dans ma chambre comme il le fait souvent.

- Je t'en prie, fais comme chez toi...

- Alors, t'as passé la nuit où petit cachotier ?

- J'étais ici, dis-je en mentant lâchement à mon ami.

- Putain, je n'en reviens pas que tu puisse mentir comme ça ! Je me suis couché super tard et t'étais parti depuis un moment. Alors ?

- J'étais avec Ava, lâché-je en soupirant.

- La petite rousse ? Oh putain génial mec ! Alors, vous avez fait connaissance en profondeur ?

Je ris à sa réplique même sans être d'humeur. Je me rallonge sur mon lit alors qu'il s'assoit sur l'une des chaises.

- On peux dire ça, ouais.

- Tu vas vraiment m'en donner si peu ?

- Je n'vais pas te donner les détails, merde.

- D'habitude tu le fais, lance-t-il vexé.

- Oui bah là ça c'est différent.

- Pourquoi, parce que t'es amoureux ?

Je le regarde comme si il venait de parler une autre langue.

- Arrête tes conneries.

- Alors t'as pas réussit à la faire jouir ?