Chapitre 38

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Nous marchons le long de la plage, les pieds dans l'eau. Durant cet instant, nous oublions tous ce qui se passe autour de nous. La sensation de sa main dans la mienne, le soleil qui nous réchauffe, la légère brise dans nos cheveux, le bruit des vagues, l'odeur marine. Voilà, il n'y a que ça. Ava, moi et le bonheur de la retrouver. Elle doit me parler, nous le savons tous les deux, mais là tout de suite, nous faisons le vide. Bientôt la réalité nous frappera à nouveau et nous ne pourrons pas empêcher cela. Nous nous allongeons sur une serviette de plage et elle met une chanson sur son téléphone. Con las Ganas de Zahara. Je ne l'avais jamais entendu, mais elle convient parfaitement à ce moment de calme. Nous fermons les yeux en nous tenant la main, puis je sens son regard sur le mien.

- Est-ce-que ça va ?

Elle me sourit sans me répondre immédiatement.

- Ça ira.

J'inspire en regardant le ciel et elle se rassoit. Mes yeux suivent le mouvement de son corps et je l'observe regarder l'horizon.

- J'ai tout raconté à mon père. Enfin, je lui ai dit que je n'étais plus allé en cours depuis un mois, que ma mère m'avait fait retirer ma chambre de l'université, que j'étais internée dans un centre... Il m'a dit qu'il allait tout arranger. Il veux qu'on mange ensemble ce soir, il a dit qu'il m'invitait au restaurant.

Elle se retourne vers moi en souriant discrètement pour cacher son bonheur et je me redresse. C'est comme si, malgré son soulagement, elle s'empêchait d'y croire.

- C'est super Ava, c'est une bonne nouvelle non ?

- Oui, bien sur. Je suis juste un peu stressée de le voir depuis tout ce temps... Et seulement tous les deux. Avec ma mère je n'ai jamais pu parler, elle s'énervait pour rien.

- Pourquoi tes parents se disputaient tout le temps au restaurant ?

Je pose la question qui me brûle les lèvres depuis un moment.

- Honnêtement, c'est pathétique. C'était pour tout et pour rien, je ne pourrais même pas te donner un sujet précis. Ça pouvait être par rapport à un déplacement trop long, ou parce que le vin ne lui convenait pas. Je ne sais pas même pas si ils se sont aimés, tu sais, j'ai des souvenirs heureux de mon enfance avec mon père, quelques moments passés avec lui, mais je ne me souviens pas avoir vu mes parents affectueux l'un envers l'autre.

- Pourquoi ils ne se sont pas séparés ? Je veux dire... Si ils n'étaient pas heureux.

Je tente de garder du tact pour ne pas lui faire de la peine. Elle a assez souffert...La musique se termine et elle éteint le téléphone.

- Je ne sais pas. Je crois que ma mère ne le supporterais pas, elle a été avec lui toute sa vie, elle l'a connu très jeune. C'est étrange, elle a toujours été dur avec lui, comment est-ce-qu'il pouvait supporter tout ça, je me le suis toujours demandé... Moi-même j'ai finit par ne plus parler. On a commencés à se voir au restaurant, et elle trouvait toujours à redire. Sur la photographie, sur mes vêtements, ma façon de me maquiller, si j'ouvrais la bouche elle me contredisais. Alors j'ai arrêté de parler, j'ai même commencé à éviter de la regarder. J'ai continué à venir pour mon père, parce que je voulais le voir et qu'elle n'aurait pas supporté que je le vois seul.

- C'est dur...

J'ai mal pour elle, je ne sais pas comment elle a pu supporter tant de chose. Et malgré mes sentiments, malgré ce que j'ai cru lui apporter tout ce temps, je comprend pourquoi elle n'a jamais été heureuse.

- Oui, mais je m'y suis faites. Maintenant que j'ai repris le contrôle de ma vie, je vais essayer de voir mon père sans elle. Je vais seulement devoir aller là-bas demain...

Sur ses lèvresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant