Chapitre 28

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Peut-être que dès le départ, notre relation n'a jamais été normale. J'ai essayé de me dire qu'elle voulait la même chose que moi, j'ai cru très fort qu'elle avait les même sentiments que moi, mais voilà un mois que je suis sans nouvelle et même s'il y a peu de temps j'étais convaincu de ses sentiments pour moi, je me rend compte qu'il y a toujours eu un gouffre entre nous que l'on comblait par de l'affection, du sexe, des petites attentions. L'espace entre nous n'a fait que s'agrandir, encore et encore. Dès le départ j'ai eu des questions, des dizaines que j'ai même oublié au fur et à mesure. J'en ai posé certaines, et au final je crois que j'oubliais, que je mettais ça dans un coin de ma tête, puis elle m'a attiré à elle. Elle a su, à chaque moment, comment me rendre fou, comment me donner envie d'elle. Je ne sais pas comment elle a fait, je ne sais pas ce qu'elle m'a fait mais elle ne s'est peut-être jamais rendu compte de l'emprise qu'elle a eu dès le premier jour. Ou peut-être que si, peut-être que ce n'était qu'un jeu. Elle aimait le fait de rencontrer et séduire des hommes, j'en étais sûrement un de plus sur sa liste. Oui, je me suis dit qu'elle ne me considérait pas comme eux car elle voulait me revoir, mais encore une fois, si ça n'avait été qu'une illusion de ma part ?

J'ai l'impression d'être dans une cage depuis tout ce temps. Je n'arrive pas à ne pas penser à elle, ne serait-ce qu'un instant. Je n'essai pas de l'oublier, je sais que c'est impossible. J'aimerais seulement quelques minutes de répit. J'aimerais la voir, avoir des réponses. J'aimerais qu'elle fasse taire tous mes doutes. Et parce qu'il est plus facile de la détester, je me répète sans cesse qu'elle m'a fait du mal intentionnellement, qu'elle a joué avec moi. Est-ce-que ça marche, est-ce-que j'ai moins mal ? Je n'en sais rien, peut-être. Je ne sais même plus ce que je ressens. Colère, tristesse, manque, doutes ? Tous se mélange et même les cours, même mes amis, même mon investissement dans mon avenir professionnel ne semble pas avoir d'effet sur le temps. Il passe lentement, je le vois défiler seconde par seconde comme si j'observais les scènes autour de moi au ralentis, comme si c'était un film dont j'étais spectateur. Et même si cela me fait une belle jambe, oui, j'ai trouvé ce que je veux faire plus tard. Je me suis rendu à plusieurs forums, j'ai fait plusieurs tests, je suis resté à plusieurs cours particuliers, parfois moins longtemps que d'autre, et j'ai finis par trouver exactement ce vers quoi je voulais me diriger. Je vais devoir rester au minimum une année de plus ici, sans que cela ne me surprenne vraiment car je n'allais pas partir sans avoir de voix à emprunter. Et j'ai donc réalisé que des études en psychologies me convenaient parfaitement. On pourrait y trouver plein de raison, le fait que ma mère aie fait ça, le fait que j'ai du mal à analyser Ava. Je suis déjà plutôt doué dans mon futur métier, puisque je m'auto-analyse, non ?

La première chose que j'ai fait lorsque j'ai arrêté mon choix était de penser à Ava. Je voulais lui en parler, lui annoncer la "bonne nouvelle", en discuter avec elle tout simplement. J'aurais pu en parler avec mes amis ou mes parents, mais je ne l'ai pas fait parce qu'elle était la seule personne qui importait dans ma future vie. Pauvre con. C'était avec elle que j'aurais poursuivit mes études, j'aurais peut-être pris un appartement avec elle par la suite, on aurait eu des projets. Est-ce-que c'est toujours possible ? Je n'y croyais plus vraiment, pourtant, en ce jeudi 19 janvier, plus d'un mois après le départ d'Ava, j'ai cru percevoir l'espoir, le signe que je n'attendais plus. Je sortais à peine de chez moi, je marchais d'un pas traînant comme tous les jours, pour aller en cours. J'ai croisé certains de mes amis, Chloé qui ne m'a pas adressé un seul mot, elle a enfin compris, je suis arrivé devant le bâtiment d'Ava. Ce serait peut-être le moment de préciser que je suis déjà revenu ici depuis. Je dois avouer, non sans honte, que je suis venu frapper à sa porte. Même si je savais qu'elle n'était pas là, et que je n'étais pas venu pour ça, je reconnais avoir eu un petit espoir tout de même. Mais à la base, j'étais là en espérant que sa colocataire soit assez sympa pour me parler. Elle m'a accueillit plutôt bizarrement, et pas très amicalement. Ava a eu de la chance de ne pas la voir souvent. Je lui ai posé des questions auxquelles elle n'avait pas de réponses puis je lui ai demandé si je pouvais entrer pour regarder si Ava m'avait laissé quelque chose. Je lui ai dit que j'étais son copain, que je n'étais pas un psychopathe, mais elle m'a claqué la porte au nez. Je voulais fouiller, évidemment, mais ça elle n'était pas censé le savoir.

Sur ses lèvresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant