Voilà une heure qu'Ava est partie. Je suis resté debout, attendant que quelque chose se passe, ou simplement d'avoir le courage de rentrer seul chez moi. J'ai pensé à faire un tour, me vider l'esprit, mais pour aller où ? Aucune destination ne m'a emballé. Je suis donc rentré en gardant précieusement mon téléphone à côté de moi. J'ai lutté contre la fatigue, physique et mentale, pour ne pas prendre le risque de manquer un appel ou un texto. Tout le monde dormaient dans la maison, et je m'en suis senti soulagé. Ils auraient tous été compatissant, ils auraient même eu pitié de mon lamentable état. Et la dernière chose dont j'ai besoin est bien ça. J'ai besoin d'être seul, de me morfondre comme un con en écoutant les musiques d'Ava. N'importe qui aurait envie de se flinguer sur Oh my Love, surtout une personne dans ma situation.Je ferme les yeux, appréciant la musique et me vidant la tête. Ce n'est que le premier jour, la suite sera plus facile, avec le temps je m'y ferais. Voilà ce que mon esprit me répète sans cesse depuis une heure. Comment était ma vie avant de la rencontrer ? Je n'arrive plus à m'en souvenir. Il y avait ma vie. Et ma vie avec Ava. J'étais plus heureux avant qu'elle n'entre dans ma vie ? Non, j'étais à mon bonheur maximal juste avant qu'elle ne disparaisse. C'était l'exaltation, c'était un orgasme constant. C'était aussi ne jamais savoir ce qui allait se passer, en une minute tout pouvait changer.
Mon téléphone vibre et me réveille. Je m'étais assoupi malgré toutes mes pensées. Lorsque je vois le nom d'Ava, mon cœur se met à palpiter étrangement. Ce n'est pas un appel, et même si j'aurais aimé entendre sa voix, je suis plus qu'heureux d'avoir de ses nouvelles. Je veux simplement savoir qu'elle va bien, et qu'elle pense à moi autant que je le fais. Trois heures après son départ, j'ouvre le message et je concentre toute mon attention sur ces quelques mots.
Voilà, je suis enfin arrivée à destination... J'espère que tu vas bien, pour moi tout vas très bien, à part le fait que tu me manques. Ne t'inquiètes surtout pas pour moi, s'il-te-plait, même si je ne te donne pas de nouvelles, je penserai à toi. Tout le temps.
Ma première réaction lorsque je lis le message est de dire à voix haute " pourquoi est-ce-que tu ne pourrais pas me donner de nouvelles alors que c'est un putain de stage ?". En suite, je réalise qu'elle ne me donne aucun détails supplémentaires, où est-elle, où dort-elle, dans un hôtel ? Elle est partie, voilà tout ce que je sais. Est-ce-qu'elle fêtera Noël là-bas ou avec ses parents ? Je m'en veux de ne pas avoir exigé de réponses, j'ai été faible parce que je ne voulais pas la brusquer et je le regrette amèrement. Du coup, savoir que je lui manque n'est qu'une minime satisfaction.
J'aimerais en savoir plus sur ton stage, vous êtes où exactement ? Je pense à toi aussi Ava, et tu me manques, douloureusement.
Je me contente de poser une seule question pour ne pas la harceler. Pourtant une heure passe, puis une seconde, sans que je n'ai de réponse. Et lorsque je décide de l'appeler, je tombe directement sur la messagerie. Je me demande alors si je n'ai pas tout gâché en ne m'investissant pas plus dans son départ. Mais elle était tellement sur la défensive lorsque j'osais lui demander ne serait-ce qu'une petite chose... Et si elle n'est pas à ce fameux stage, où pourrait-t-elle être ? Elle aurait pu simplement mentir, m'inventer une ville ou je ne sais quoi pour me faire taire. Alors qu'au final, elle me laisse planté avec mes questions.
A la suite de ce moment de réflexion, je fais la première chose qui me vient à l'esprit. Une chose que j'aurais peut-être dû faire avant. Je met mon ordinateur en route et je fais des recherches tout en mangeant des chips. Je tape "stage de photographie", j'en trouve plusieurs, plus ou moins loin. Et à partir de là, il n'y a malheureusement rien que je puisse faire. Il n'y a pas de liste de noms, elle ne m'a pas donné le nom de la compagnie qui organise ça. Je cherche alors "concours avec stage de photographie", mais je ne trouve rien qui corresponde à cette date précise. Je referme mon ordinateur, un peu à bout de cette sensation dans mon estomac et dans ma gorge. Ils sont noués, j'ai comme une boule qui m'empêche de me sentir normal. Ava n'a ni facebook, ni aucun autre compte sur les réseaux sociaux. Je tente de l'appeler encore une fois en fin d'après-midi mais elle est toujours sur messagerie. Je décide alors de laisser un message, assez simple, sans m'énerver. Je lui demande de me dire où elle est, que cela m'aiderait à ne pas m'inquiéter. Je lui ai promis que je l'attendrais, alors je vais le faire.
Et c'est de cette manière qu'une première semaine défile. Je n'ai pas eu d'appels ou de messages, mais je crois que je n'ai toujours pas perdu espoir. Elle m'avait prévenu, alors je crois que d'une certaine manière, je m'étais préparé mentalement. Je ne dors pas très bien, je ne fais pas grand chose de mes journées, mais j'attend. Et au bout d'un moment je suis forcé de m'avouer que l'université empire mon état. Parce que chaque couloirs, chaque allées, et même ma chambre me la rappelle. Elle est partout, son odeur ne me quitte pas, la musique m'enfonce plus profondément dans mon gouffre. Mes amis ne peuvent rien pour moi. Vendredi soir, nous fêtons Noël chez mes parents, et je décide de faire un sac pour rester plusieurs jours. J'ai besoin d'être ailleurs, et même si la maison de mes parents a aussi été touché par son aura, je pourrais peut-être réussir à penser à autre chose. Le week-end de Noël défile bizarrement à une allure folle.
Joyeux Noël Ava. Je t'aime. Tu me manques.
Est-ce-que j'ai l'air d'un imbécile ? Je le suis peut-être, mais je m'en fiche pas mal. Lui envoyer des messages, même sans réponse me fait du bien. Elle ne répond pas, mais je passe la soirée à penser à elle et à espérer qu'elle en fait de même. Mes parents m'ont demandé pourquoi Ava n'était pas là, et si elle nous rejoignait plus tard dans la semaine, mais je leur ai dit qu'elle ne viendrai pas. Je leur ai parlé du stage, et j'ai simplement ajouté que je n'avais pas envie d'en parler. M'entendre poser des questions dont j'ignore les réponses ne fera que remuer le couteau dans la plaie. Je repousse mon départ, je reste jusqu'à la fin des vacances chez mes parents. Parce que finalement, je suis bien ici. Mes parents, leur maison, des souvenirs heureux... La journée tout se passe bien. Et le soir, avant de m'endormir, je me contente d'écouter la musique et de regarder les photos d'Ava sur mon téléphone. Quelque fois je me met à rire, je me moque de moi-même, et puis lorsque je revois le sourire d'Ava, son visage, sa beauté, je me dis que je défis quiconque de rencontrer cette fille, de faire sa connaissance et d'en tomber amoureux pour ensuite ne plus la voir, comme si elle n'avait jamais existé.
Au même instant, je repense étrangement au type qui l'avait harcelé dans les toilettes du pub ce soir-là. Elle n'avait couché avec lui qu'une seule fois, pourtant, il ne se remettait pas du silence qui en avait suivit. Alors maintenant, si je le croisais... Je veux dire, là tout de suite, je pense bien que je compatirai avec lui. On pourrait même créer un groupe de soutien sur internet. Je réalise sur mes pensées loufoques que je dois dormir car mon esprit divague. Je suis fou d'Ava, mais je suis surtout fou, tout simplement.
Demain, je serais de retour à l'université. Les cours reprendront comme si ces deux semaines n'avaient pas défilé. Je vais faire des grasses mat', suivre mes cours, et me plonger corps et âme dans la recherche de mon futur métier, comme je l'ai promis à Ava. Ce sera comme si une part d'elle était avec moi. Mon énième déprime me refait penser à mon après-midi d'hier. Il n'y a rien de particulier à retenir sur mon séjour chez mes parents, sauf une gueulante de mon père, qui, pour la première fois de ma vie, ma clairement laissé sur le cul. Je revois la scène, j'étais assis sur le canapé à regarder la télé, ma mère faisait du rangement et mon père lisait un magazine de sport il me semble. Il l'a posé sur la table et m'a regardé quelques instants avant de me faire la morale.
- Tu as finit de tirer la gueule ? Ta copine est parti, tu souffres, tu es amoureux, on a compris. Mais fais-moi plaisir et bouge toi le cul ! Sinon lorsqu'elle reviendra je lui parlerai de ton comportement d'enfant.
Je me suis mis à rire alors que ma mère s'est offusquée. J'aurais pu lui sortir qu'il ne comprenait pas ou quelque chose dans le genre, mais je me suis mis à rire parce que je me suis rendu compte que c'était exactement la chose à faire. J'avais besoin que quelqu'un me remue, et d'une certaine manière, je crois que c'est pour ça que j'ai voulu venir ici. Je savais, inconsciemment, que mon père était la seule personne capable de me remettre les idées en place. Il avait raison, il a toujours raison, Ava va revenir, où qu'elle soit je la reverrai, tôt ou tard. Parce que même si j'ai beaucoup de doutes, il y a une chose en laquelle je suis sûr. Ses sentiments pour moi. Je l'ai vu dans son regard, dans sa façon d'être, je ne sais pas exactement, mais je sais qu'elle tient à moi. Je l'ai senti au plus profond de mon être.
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Sur ses lèvres
عاطفية"Elle m'a tenté, elle m'a envouté, elle m'a poussé à aller plus loin que je ne l'avais jamais été. J'en suis tombé amoureux, aussi rapidement qu'on puisse le faire, sans que je ne puisse rien contrôler. Et je lui en ai voulu. Je lui en ai voulu de m...