Chapitre 32

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Je suis rentré à l'université en ressassant tout ce qu'il venait de se passer. Découvrir où était Ava, apprendre qu'elle avait l'intention de se suicider le premier soir où nous nous sommes parlés... J'ai l'impression qu'au fond de moi, je savais tout ça, pourtant j'ai aussi l'étrange sentiment que je ne la connaîtrais jamais totalement. Ava est un tel mystère qu'il me faudrait des jours et des jours de conversations et d'observations pour enfin pouvoir me faire une parfaite idée de ce qui m'attend dans le futur.

Pour le moment, je sais seulement que je la verrais le week-end et que je devrais attendre patiemment pour l'avoir près de moi. Mais même lorsqu'elle reviendra, je ne sais pas comment la suite des choses évoluera. Est-ce-que nous serons un couple normal, est-ce-qu'elle ira mieux ? Ce sont toutes ces pensées qui me trouble durant le trajet du retour. Je n'ai pas recroisé sa mère, heureusement. Néanmoins, je ne pense pas y échapper durant au moins l'un de mes week-end au centre.

Je compte les jours jusqu'à samedi. Je vais en cours, notamment mon cours de psychologie. Dès l'année prochaine, je devrais suivre des cours intensifs si je ne veux pas rester ici encore plusieurs années. J'essai tant bien que mal de ne pas trop déprimer en repensant à Ava, après tout, je sais maintenant qu'elle va bien. Elle m'a rassuré d'une certaine manière... Pourtant, j'ai l'impression d'avoir laissé une part de moi avec elle. J'ai peur des idées noires qu'elle pourrait avoir à chaque seconde, je veux la protéger même si je sais que je dois simplement l'aider à avancer.

Je décide de ne pas parler de ce que je viens de vivre, à personne. Ni à mes amis, ni à mes parents. J'ai menti à tout le monde jusqu'à présent, j'ai dit que j'avais des nouvelles d'elle, que son stage se déroulait parfaitement. Je me suis enfoncé dans un mensonge auquel je croyais presque moi-même, et maintenant je préfère ne pas dévoiler toutes mes inventions. Ils pensaient tous que je déprimais à cause de son départ, mais ce n'était pas seulement ça. Je souffrais de ne pas savoir où elle était, mais aussi si elle dormait bien, si elle mangeait bien, si ses journées la faisait rire, si elle se faisait des amis, tous ces détails qui font que je pensais plus à elle qu'à ma propre personne. Une chose que je n'avais jamais connu. Et encore aujourd'hui, je me pose toutes ces questions. Est-ce-qu'il n'y a pas des moments où elle déprime à cause de la solitude, ou du fait d'être dans ce genre d'endroit ? Tout cela reste sans réponse. J'aimerais pouvoir lui parler, lui envoyer des messages, mais je vais simplement devoir prendre sur moi et attendre, comme je le fais depuis le début de notre relation.

Le samedi arrive enfin, et je me lève le plus tôt possible pour pouvoir voir Ava plus longtemps que samedi dernier, si bien que je dois attendre dans ma voiture avant que les portes n'ouvrent. Lorsque j'entre enfin, la jeune femme de la dernière fois m'accueille avec un sourire amical. Je signe le registre, et je suis la secrétaire dans un long couloir. Ava n'est pas dans le jardin, la jeune femme m'apprend qu'elle n'est pas sortie de sa chambre cette semaine, sauf pour manger et se rendre à ses rendez-vous. Je m'inquiète un peu, mais l'excitation et la hâte prennent le dessus. Lorsque je la vois assise sur son lit, ses jambes recroquevillées sur sa poitrine, je reste immobile à côté de la porte. La jeune femme passe devant moi et s'approche timidement d'Ava en lui apprenant que je suis là. Elle tourne rapidement la tête vers moi et fait presque un bon en descendant de son lit. Elle court presque jusqu'à moi et me sers dans ses bras, alors qu'une seconde plus tôt, elle semblait sur une autre planète.

- Je vous laisse un peu d'intimité, chuchote la jeune femme en souriant.

Je sers Ava de toutes mes forces et durant plusieurs minutes elle ne me relâche pas. Je profite de son étreinte jusqu'à ce que je sente son cœur accélérer contre moi.

- Ava ?

Je recule pour la contempler, mais son visage est plus pâle encore que d'habitude. Ses yeux sont emplis d'une détresse nouvelle et je la pousse doucement vers le lit pour que nous nous y asseyons. Je suis à deux doigts de vraiment m'inquiéter lorsqu'elle se met à parler, très lentement, en articulant chaque mot.

Sur ses lèvresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant