4 ~ Un bras tatoué

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Le lendemain, matin, je me dépêchais encore une fois pour arriver à l'heure. Pourquoi fallait-il que je sois toujours en retard, ou beaucoup trop en avance ? Je devais me rendre à l'évidence, avec moi, il n'y avait jamais de juste-milieu, du moins, en ce qui concerne ma scolarité. Je devais me rendre à l'évidence ! J'étais un petit être qui ne cessait de divaguer entre deux extrêmes. Bien que cette fois, je me rendais compte que c'était totalement de ma faute. Non... En fait, pas que cette fois. C'était toujours la même chose, chaque nuit, et cela, depuis maintenant quelques années, je me couchais trop tard. Cette nuit n'était pas une exception. Je ne devrais pas rentrer aussi tard, surtout en sachant que je dois me lever le matin pour des cours plus ou moins intéressants qui méritaient toute mon attention, dès mon entrée dans la salle de cours, pour huit heures.

Le pire est que pour arranger ma mine défaite qui n'était pas prête de se réveiller (voilà un résultat direct d'une courte nuit de quatre heures), hier soir, je me suis très mal rattrapée, ce qui aujourd'hui me donne en plus de cet aperçu dans le miroir, une main et un bras tout éraflé que j'avais dû soigner au plus vite sans faire de bruit. En plus... nom d'un chien ! Qu'est-ce que ça me faisait mal ! Voici donc le deuxième effet que ces sorties nocturnes avaient sur mon corps. Le parkour ne vous fait pas de concessions et quand vous vous loupiez, eh bien, vous vous loupiez pour atterrir généralement comme une grosse loque quelques mètres plus bas ou sur le toit d'en face, mais dans une mauvaise posture, et si vous aviez de la chance, que moi pour le moment, les chutes ne se comptaient qu'en légères cicatrices qui finissaient par disparaître.

Malgré mon retard évident, je prenais tout de même le temps de choisir une tenue qui me plaisait. Je faisais partie de ces filles au style vestimentaire indéfini qui pouvait passer de quelque chose de beaucoup trop chic à un pantalon décontracté et un sweat-shirt pour se camoufler. J'optais donc, en cette belle journée, pour une paire de collants avec des fleurs brodée sur du résille accompagnée d'une robe manche longue rouge foncée, ou comme dirait ma mère "un parfait mélange entre le cassis et le grenat". Cette volonté qu'elle avait de répartir tout avec son coup d'œil expert capable d'inventer une multitude de couleurs, lui venait certainement de sa passion et aussi de son métier qui n'était autre qu'architecte d'intérieur. Je souriais au fait que je pouvais prédire les moindres paroles de mes parents et continuais de me préparer.

À la fin, de ce petit rituel matinal que tout le monde avait, je me rendais compte avec mon plus grand agacement que ma chambre pouvait enfin rivaliser avec un vrai taudis. Mon père n'avait pas intérêt à voir ça, sinon il ne se priverait pas de me rappeler "qu'il ne vivait pas avec des chats Bengal connu pour autre de vrais petits monstres qui réduisaient tout en pièce". S'en suivait souvent un long laïus sur le fait que dans la société actuelle, il était important d'être ordonné, ce laïus horrible et bien trop répétitif selon moi, auquel je répondais que je ne pouvais pas avoir toutes les qualités du monde. Cette réponse dont je suis sûre mon père raffolait, car à chaque fois, il avait ce petit sourire qui se dessinait au coin de ces lèvres et qui se voulait protecteur tout en m'indiquant qu'il me pardonnait. Pourtant, ce matin je fis vite fait un petit rangement pour éviter qu'il ne voit mon gilet taché de sang et quelques mouchoirs qui traînait eux aussi imprégnés de ce qui fluait de ma peau hier.

J'attrapais rapidement ma capeline que je vissais sur ma tête et descendais dans l'entrée aussi vite que Pietro Maximoff pour ne pas rater le début de mon premier cours. Des talons et un manteau enfilaient à toute vitesse, je criais un "au revoir" à toute l'assemblée qui se résumait à mes parents et à Lucie avant de me faufiler dans le garage. Sur mon vélo, je prenais de la vitesse et en quelques minutes qui me parurent interminables tellement je me sentais à bout de souffle, je pouvais enfin me dire que j'étais à l'heure. Je pouvais donc ralentir le rythme, une fois passé la petite montée qui menait aux universités. Le vent n'était pas si froid que je me l'avais imaginé, mais il se glissait partout entre mon manteau et sous ma robe, ce qui me faisait légèrement frissonner. Peut-être que cette tenue n'était plus de saison ? Ce n'est pas grave, je pouvais m'habiller comme je voulais, je n'avais pas à me tenir aux diktats des quatre-saisons qui nous imposées inconsciemment une façon de s'habiller. Si je voulais, je mettrais des débardeurs en hiver avec des couleurs vives et a contrario des habits mornes et chaud en été pour rappeler aux habitants de cette petite ville que dans notre région tout était éphémère, comme l'était l'été. Ce qui voulait dire que je m'en contre-fichais bien que cette dame ne me regarde avec un visage décomposé sous-entendant que j'allais attraper la mort.

EN QUÊTE (fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant