1ère partie
Aujourd'hui, petit tour au stade, situé près du collège. Le récit de ma convalescence ? Je n'ai pas oublié, mais d'abord, faisons ce détour en cours d'EPS, histoire de rire un brin... Brun, le nom de ma nouvelle prof de sport.
J'étouffe un bâillement prononcé. D'un pas traînant, comme la majorité des filles, j'entre dans ces vestiaires, de triste mémoire... Oui, ce sont les mêmes. Vous trouvez bizarre que j'ai repris les cours dans le même collège ? Personne ne m'a obligée ou même conseillée... Mon choix a été de revenir, plutôt que fuir à l'autre bout de la ville ou dans une ville voisine.
Affronter mes peurs résiduelles, mes démons...
Affronter les regards, effacer le souvenir de la petite fille terrorisée faisait aussi partie du processus de guérison. Dans mon esprit, le film et le personnage principal, flous, s'apparentent à une projection ancienne tachée d'ombres. Ne subsistent que des images qui défilent bien trop vite pour que je m'y arrête. Les souvenirs d'une autre, une enfant terrifiée qui n'existe plus. Leur poids ne m'encombre pas. J'ai vaincu cette terreur abrupte. Me voilà devenue simple spectatrice... d'un évènement odieux et révoltant.
Et non, je ne me voile pas la face, je ne fais pas semblant d'avoir oublié ! Parfois, quand un détail, une attitude, déclenchent mon mode « soupçon », alors oui, je reconnais qu'un écho résonne en moi. Il réveille un reste de colère enfouie qui pulse soudain. Là, j'ai comme une vilaine envie de mordre ou de planter ma pointure quarante dans la partie charnue (les fesses quoi !) de certains de mes congénères dont le comportement aberrant mérite un traitement de choc.
Rester indifférente serait le pire après ce que j'ai moi-même subi. Je l'avoue, la passivité des témoins réveille aussi ma rancœur. Laisser faire par peur d'être la prochaine victime, je peux comprendre, en partie. Mais « l'union fait la force » ! Se mettre à plusieurs pour s'opposer aux bourreaux, serait une chose intelligente et généreuse à faire. Mais chacun se méfie de l'autre et à cause de cette méfiance, la notion « ensemble» ne peut pas devenir réelle. Pourtant elle l'est, une réalité, quand il s'agit de se mettre à plusieurs pour se moquer et pourrir la vie de quelqu'un... La chasse en meute, les animaux, eux, ont des excuses. Leur instinct les poussent à agir. Trop d'individus, eux, oublient de se comporter en être humain sensible et conscient...
Et la victime de cette traque, est-ce qu'elle mérite de se subir tout ça ? Pourquoi ? Parce qu'elle est antipathique, trop moche ou trop bien, mal habillée, trop crétine, maladroite ou juste timide, pas assez « mode », la voix trop aigüe, les cheveux gras, la peau boutonneuse, pas du bon quartier, la peau trop claire ou bien trop sombre... ? Toujours « trop » quelque chose ou pas « assez », pour que les "bien pensants" s'intéressent à lui ou à elle. Franchement, quelle est l'excuse « bidon » de tous ces témoins pour qu'ils n'interviennent pas ? Quelle est la vôtre ? Zut, c'est fait, je suis en rogne ! Passons à autre chose avant que je ne me mette à mordre tout ce qui passe ! Là, mes crocs me démangent.
Grand moment de notre scolarité, "l'éducation physique et sportive"... Petite expérience odorante et hilarante. Oui, comme le gaz... Testons l'odeur fétide des vestiaires ! Tout le monde a déjà expérimenté ? En dehors des chanceux aux sinus bouchés ou à l'odorat déficient, le souvenir émeut déjà vos narines qui se pincent dans un réflexe de survie. Ces odeurs résiduelles, surtout après les matchs du week-end, quand vous arrivez le lundi matin. Félicitations aux équipes masculines de foot, rugby, basket... qui répandent le parfum le plus répandu de la planète : « Fauve N°5 ». Mélangé à l'odeur de nettoyant-désinfectant utilisé pour stériliser, euh pardon, pour laver le sol, et vous respirez un pur délice ! Là c'est un créneau d'enfer pour les marques de parfums, elles feraient fortune à créer la fragrance correspondante. Le meilleure moyen d'obtenir une place dans les transports en commun, mouvement de recul immédiat de la foule révulsée. Imaginez la pub... Le type ou la fille grimpe dans le bus et là, dans un même élan, tous les occupants fuient vers le fond ! Sorry pour ce bref instant de délire olfactif. À force de sniffer des mauvaises odeurs, je me grille des neurones...
Et n'oublions pas la glaise bien grasse, collante à souhait récupérée sous des crampons avides de collecter toutes les horreurs possibles. Cette fameuse terre, il en reste toujours une ou deux mini-mottes bien vicieuses, planquées dans un coin. Comme si elles possédaient une volonté propre, elles attendent le moment propice pour se glisser dans vos affaires. Pour rappel, les fameux crampons sont à gratter avant de revenir aux vestiaires... Oui, ces gros hérissons métalliques avec tous leurs piquants déployés, à l'entrée juste à côté de la porte, sont faits pour ça. Et non, il ne s'agit pas d'œuvres d'art d'un goût douteux, vous connaissez ma passion pour l'art moderne, et posées là en guise de déco ! Et l'option de retirer les chaussures pleines de boue avant d'entrer dans les vestiaires ? Bon, apparemment ça n'effleure pas l'esprit de grand monde qui en ignore l'usage. Dire que dans certains pays, au Japon notamment, dès l'entrée de l'école, les chaussures sont retirées et placées dans des casiers, des petits chaussons tout propres enfilés à la place... Vive le bon sens nippon ! Sans compté son génie niveau mangas, mais je m'égare...
Pour n'oublier personne, question horreurs dans les vestiaires. Je balance aussi les filles qui offrent gratos un mélange irrespirable, amalgame étrange de spray coiffant, déo et parfums écoeurants. Sans parler des petites choses abandonnées par terre, qu'une mobilité réduite empêchent de trouver le chemin de la poubelle.
Et pour finir, l'immense bonheur des salles de cours après les fameuses séances d'EPS... concert d'éternuements et grimaces en tous genres, sans exagération. Pas étonnant que les élèves ne comprennent rien, obligés qu'ils sont de rester en apnée pendant les trois quarts de la leçon. Pas évident de se concentrer quand il faut retenir sa respiration pour éviter le malaise. Résultat les élèves ne comprennent rien du cours pour cause de cervelle en manque d'oxygénation. Il y a bien la solution d'utiliser les douches, quand elles fonctionnent et fournissent de l'eau chaude... Parce que l'eau tiédasse... Mais retourner au collège dans le temps imparti, relève du pur exploit. Et puis sans casier pour ranger les affaires de sports qui puent autant qu'un rat crevé sinon plus que la pauvre bête trépassée, avec la serviette de douche trempée enfouie au fond de son sac... La salle de cours est vite envahie de vapeurs odorantes et qui troublent d'autant la concentration d'un public avide de connaissances. D'accord, "avide", peut-être dans un monde idéal !
Évacuer les vestiaires devient donc une question de survie pour la population collégienne. Objectif : se changer sans traîner, sans respirer et parvenir à éviter tous les pièges vicieux cités auparavant. La vie scolaire recèle des dangers insoupçonnés. Les adultes n'imaginent pas à quoi est confrontée leur adorable progéniture... Si, je maintiens, adorable ! Avant de sortir de ces lieux de perditions, un dernier petit conseil, vérifiez vos semelles. Ces bouts d' « élasto » qui traînent et qui ont échappé à la vigilance du pauvre gars qui se tape l'entretien. Mais si, vous savez bien, rappelez-vous votre dernière entorse ! Ses trucs collants qui vous assurent une épilation d'enfer si vous avez le malheur que votre « strapp » soit réalisé sans précaution. Cette dernière remarque s'adresse surtout aux garçons parfois pourvus d'un système pileux hérité de nos ancêtres cro-magnons... Nous, les filles, compatissons à leur douleur, non sans quelques gloussements hypocrites. Rien à voir avec de la moquerie, ne confondez pas ! Enfin, à peine...
Notre nouveau professeur frappe à la porte, passe la tête pour nous presser. Ah ! Elle n'a pas enfilé de masque à gaz... Sans doute un rhume ou une anomalie qui la préserve des senteurs paradisiaques stockées ici...
- Allez-les filles ! Un peu plus vite s'il vous plaît.
Comme si nous avions besoin d'un encouragement ! La majorité se laisse charmer par sa jeunesse et son sourire chaleureux. La petite trentaine, une brunette aux cheveux courts, très tonique et enjouée. Je l'observe depuis son arrivée et j'admets que sa manière de faire me plairait presque. Mais il m'en beaucoup faut plus pour accorder confiance et respect. Malgré tout, je ne sabote jamais les efforts des profs. Parfois, d'un simple regard, je calme les guignols de service. Pas par assiduité ou compassion pour le pauvre enseignant confronté aux indisciplinés pathologiques, mais quand je sais que mes activités « particulières » ne me permettront pas de retravailler un cours, alors je fais l'effort d'écouter et de comprendre ! Toujours du temps de gagné et du sommeil en plus. Je suis sagittaire ascendant marmotte, avec une grosse passion pour mon oreiller préféré et avec qui j'entretiens une complicité jamais démentie.
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Merci d'aller faire un tour du côté de ma nouvelle fic :
LE PRINCE ENDORMI💖💖💖
inspiré au masculin de la Belle au bois dormant... en plus... "fantasy"
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Les Tribulations d'Agathe
AdventureLes tribulations d'Agathe - Wattys 2017 catégorie Maître Conteur : Adolescente déjantée, Agathe croque la vie et adore par dessus tout manipuler son entourage : proches, amis, profs, petits copains, camarades de classe, l'épicier du coin... t...