Les Tribulations d'Agathe

40 - Mystère du Coeur...

La nuit tombée depuis des heures, le sommeil me fuit. De retour dans ma chambre et dans mon lit, après trois semaines de vacances, me voilà insomniaque. Sans doute le changement de literie... Mais bien sur ! Arrête de te mentir Agathe. Pas de public à l'horizon, et pourtant... mon incapacité à revenir sur ces évènements prouve la force de leur impact.

Revenons sur la suite de cette fameuse journée. Après des débuts très mouvementés, suit un déjeuner morose pendant lequel les convives gardent une réserve prudente. Les dérapages précédents invitent à la diplomatie, aux sourires et autres politesses... Enzo, les yeux rougis, ne fait pas honneur au contenu de son assiette et pinaille. Idéale, l'excuse de sa nuit blanche. Son père et le mien discutent, tranquilles, avec Ségo. De quoi, je l'ignore, mon esprit est parti en balade, loin, mais loin...

Difficile de dire si la relation Mike-Hugo se développera. La rencontre initiale, explosive, risque fort d'entraver la « chose ». Attention, je n'éprouve aucune rancune envers le bulldozer, ma joue pas davantage. Cependant la nature bouillonnante de ce cow-boy et le caractère posé de mon père, ne penchent pas vers une amitié spontanée et inconditionnelle. Le premier qui me sort que les contraires s'attirent... direction le Zoo le plus proche, la cage au Lion ou le bassin des alligators, voilà qui lui passera l'envie des poncifs du même genre. Exit les odieux clichés, bienvenue à la créativité !

Sasha dort comme un bienheureux, en bon chat squatteur de canapé, lové sous son plaid. Il ne devine pas sa chance. Et non, à mon niveau pas de malaise... presque pas... A peine quoi ! La vérité ? J'avoue : pendant tout le repas, j'évite de regarder Enzo, placé à ma droite et même chose pour lui. Je devine sa gêne et son incapacité à gérer cet étrange élan. Après l'épisode de la buanderie, je l'ai abandonné dans la salle de bain pour qu'il se rafraîchisse le visage et les idées par la même occasion. L'envie de le plongé dans une baignoire remplie d'eau glacée...  Mais, me faire surprendre entrain de tenter de le noyer... Très délicat l'argumentaire pour ma défense !

Oui, vous comprenez monsieur l'inspecteur, il y a eu un léger accident. La socquette a glissé, pour un peu elle m'embrassait. Panique à bord, je l'ai repoussée un peu trop fort, je le concède, et oust, dérapage de la chaussette sur les fesses, virage à droite, puis à gauche et hop, dans la baignoire. Et c'est là, alors que je tentais de lui porter secours... j'ai avec maladresse appuyé sur sa tête ! Beaucoup de coïncidences étranges, je le concède. Mais à la base, juste un mauvais réflexe. Et après tout, noyer une Chaussette de compétition, est-ce un crime ? Comment cela préméditation ? La baignoire déjà pleine pour l'exécution ? Une fuite du robinet pendant nos vacances, rien de plus...

Après une petite incursion dans la cuisine pour proposer mes services, Panda-ballon m'a refoulé avec bonne humeur. Du coup, retour express au salon pour m'abreuver de l'expression endormie de Sasha de longues minutes. Une véritable drogue. Un baiser prolongé sur sa tempe m'a requinqué. Rien de plus efficace que sa peau veloutée pour me rendre le sourire.

Le repas achevé, la table débarrassée, j'arrache à Dorade-tyran l'autorisation de servir le café et les douceurs sur la terrasse. Il serait temps qu'elle lève un peu le pied, une vraie tornade depuis notre arrivée. Les Mini-Pandas doivent en avoir le tournis ! Il est donc urgent de calmer ce Panda-hyper-agité.

Mike, lui, doit partir pour la Clinique retrouver la mère des garçons. Le rendez-vous téléphonique avec le chirurgien de Boston est fixé à 16h00, soit 10h00 en local. Une annonce qui m'a desséchée la bouche et m'a privée de l'envie d'un dessert. Le regard d'Enzo à son père, à cet instant, j'en ai encore des frissons. Socquette appuyée contre le mur, Mike s'est levé et, avec un sourire pas très assuré, a proposé :