47 - Confidences et Rencontre...

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Après cette séance mouvementée, les dernières consignes de discrétion de Rem, un nouveau bisou de réconfort à Pierre, nous nous retrouvons dans le jardin à l'arrière de la maison des voisins. Les toutous, toujours entreprenants, décèlent notre présence et réclament quelques caresses mais Samuel les ignore, royal. Ses déboires récents avec un matou irascible l'ont vacciné pour un moment de sa crainte des deux molosses, très frustrés de ce manque d'attention.

Nous passons dans notre parcelle et mon compagnon finit par abandonner ses converses et son tee-shirts puants dans un coin, bien planqués. Je veillerai à faire disparaître ces preuves malodorantes dans la machine à laver dès que Panda-Ballon aura le dos tourné. J'espère que je pourrai leur redonner une seconde jeunesse. Surtout au tee-shirt collector, sinon le Dragon-tatoué en fera une jaunisse.

Quelle idée aussi de porter son haut préféré pour une mission de secours ? D'accord, il n'est pas un professionnel des expéditions nocturnes, il a dû passer en catastrophe les vêtements posés la veille au retour de la Fête d'anniversaire d'Enzo. Faut avouer qu'il était craquant en plus. Convoqué au milieu de la nuit, je ne peux pas lui reprocher... et je dois avouer qu'il m'a impressionnée à plusieurs reprises, et beaucoup fait marrer à d'autres.

Je n'oublie pas un petit sms à Sasha pour le rassurer, prétendre que tout va bien ou presque... pour Enzo, passé à la Clinique voir sa mère pour un petit souci. Il se contente de cette information sibylline sans doute déjà à moitié endormi et, rassuré, plonge dans le sommeil.

Et les explications à Samuel ? Déjà, remonter via le treillis ne se fait pas sans mal. Je lui suggérerai sous peu de faire rallonger les ailes de son dragon pour ajouter de la légèreté aux prochaines ascensions. Les forces dépensées à traîner Enzo manquent pour répondre à l'appel des cimes. Une fois arrivés sur le toit de la véranda, Samuel, à genoux, reprend son souffle. La fraîcheur de la nuit le chasse, sinon il se roulerait en boule pour piquer un roupillon. Mais la curiosité et la rancœur le ramène dans ma chambre. Bonne fille, je lui file des lingettes et du déo pour chasser les mauvaises petites odeurs résiduelles, puis un sweat.

Pas question de passer à la douche et de provoquer le réveil de Maman-Panda. Rien de pire qu'un bruit de tuyauterie au milieu de la nuit. Gonflé, il se réfugie en chien de fusil sur mon lit, sans même me demander la permission ce malotru, et toujours bien décidé à connaître le fond de l'histoire. Dans la pénombre, je devine son expression attentive. Il est quand même très mignon, il cumule une force et une fragilité très attachantes. Je vais devoir travailler sur mon côté Chamalow, ce soir Pierre et Samuel le sollicitent beaucoup trop.

A mi-voix je tente une explication bateau, sans trop rentrer dans les détails mais la perspicacité de Samuel me coupe l'herbe sous le pied. Loin d'être idiot, il relève la tête et balance :

- Stop l'Asperge, là tu me prends pour cet abruti de Max. J'ai une cervelle en état de marche et surtout une très bonne ouïe. Je vous ai entendus causer Rem et toi, concernant l'Iceberg. C'est quoi ces histoires de baston ? Comment Rem pourrait se prendre une volée alors que toi... Et puis nous laisser entrer dans cette baraque, il n'est pas bien votre copain flic ! Avec la bande de tarés qui nous a pris à partie, t'imagine s'ils avaient sorti des couteaux, ou pire ?

Les craintes de Samuel se révèlent identiques aux miennes. Oui après coup, cette réalité là m'a sautée au visage. J'ignore ce qu'il se tramait réellement dans cette villa. Notre présence évitait peut-être d'alerter la véritable cible ? Qui était-ce d'ailleurs ? Je m'ébouriffe les cheveux et trahis ainsi ma totale perplexité. Avec des mots choisis, je confie à Samuel tout ce que je sais de l'existence du Black Swan, le fait qu'en dehors des techniques de combat très poussées, je ne connais pas grand-chose des activités du groupe, encore moins de sa proche collaboration avec la police. Mais je crois deviner une chose. Jamais Marc ne nous aurait laissés entrer en cas de trop grand danger.

Les Tribulations d'AgatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant