53 - Randonnée

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Le train stoppe en gare dans un bruit de frein qui écorche les tympans. Les wagons gris et bleus poursuivent leur course, et la voiture tant convoitée se retrouve bien sûr à l'autre bout du quai. Un grand classique.

Dans une robe fleurie, la jolie silhouette de Kali apparait. Son sourire éclatant nous salue et les exclamations joyeuses fusent. L'équipe au complet, enfin ! Elle embrasse Panda-ballon avec les félicitations d'usage pour son ravissant embonpoint. Oui, voilà sans aucun doute le seul cas où une femme acceptera ce genre de compliment. Néanmoins, restez prudent, une erreur reste possible et là... bonjour les dégâts. Je vous laisse imaginer la scène :

- Oh  ! Mais il est pour quand ce bébé ?

Et la réponse glaciale ensuite... Un séjour en Sibérie orientale en plein hiver semble plus enviable. Et vous aurez beau vous confondre en excuses, la case "maladroit pathologique" ou " peau de vache" sera pour vous.

- Quand j'ai eu ton appel Agathe, j'ai enquiquiné ma mère comme une malade ! Merci Ségo d'avoir discuté avec elle pour la rassurer, sinon jamais elle ne m'aurait autorisée à venir.

Et la voilà qui enlace mon « Iguane rondouillarde ». Hum ! Un petit pincement me serre la poitrine. Un sentiment étrange se manifeste, jalousie... ? Non tout même, il ne faudrait pas abuser. Quand il s'agit de Sasha par contre, mon côté hérisson se dévoile en instantané...

Valise et sac embarqués dans le coffre, nous grimpons en voiture et quittons la petite ville nichée au fond de la vallée. Je jette un œil à la haute tour carrée qui domine la bourgade. Sa copie, presque conforme, existe de l'autre côté de la frontière mais le temps nous manquera pour une incursion en territoire étranger. Dommage, faire découvrir à notre petite troupe les arcades qui cernent la place du marché, les fresques de plafond pâlies par les siècles, les petites ruelles étroites et les arènes romaines... Oui pas gallo-romaine de l'autre côté de la frontière, ne faites pas comme moi, à ma première visite. Le cousin Théo s'est empressé de rapporter ma bourde, ce sadique.

La voiture grimpe la route en lacet et mon estomac me rappelle que le style de conduite de ma « Dorade de course » ne l'aide pas. Ségo jette un œil dans le rétro et hausse un sourcil.

- Tu te sens bien Agathe ? T'es pâlichonne tout à coup !

Le scoop du siècle, ma peau déjà blanche comment pourrais-je blanchir davantage ? Je deviens translucide peut-être ? Future femme invisible ? Chic ! Je pourrai espionner à tout va, me glisser dans la chambre des garçons, pour écouter les conversations (et seulement les conversations, pas les mater en petite tenue, aucun intérêt) et me servir des propos échangés en petite peste avisée... Petite oui ! Un projet d'enfer qui ravit ma conscience démoniaque et afflige l'autre benêt angélique. D'un côté des ricanements réjouis, de l'autre des sanglots attristés. Il veut un mouchoir l'autre emplumé avec son auréole basculée sur l'oreille ? Je rassure la conductrice. Il faut dire que j'ai cédé ma place à l'avant à Flo. Elle virait verdâtre à l'aller.

- Tout va bien...

Enfin nous attaquons le sentier pour atteindre la cour de la ferme où nous attend un solide comité d'accueil. Les garçons entourent Théo et Ronna. Je présente Kali qui salue, un peu intimidée par le regard transparent du cousin et la beauté de sa compagne. Les paroles chaleureuses la mettent vite à l'aise, elle bise les garçons, bisoute Sasha un peu trop longtemps pour mes nerfs et je fulmine. Son regard malicieux m'alerte et mes petits camarades pouffent de rire.

- Mais c'est qu'elle montrerait les dents l'Asperge, susurre le cousin, ça existe les légumes avec des crocs ?

Je le foudroie et rétorque peu aimable:

Les Tribulations d'AgatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant