Chapitre 1

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Une détonation et des cris me parvinrent de l'autre pièce. Aussitôt on me plongea à terre et les gardes me cachèrent sous le bureau. Je me tapai la tête contre le plafond du meuble lorsque j'entendis la porte être défoncée de plein fouet. 

- Attrapez-là ! Cria un de nos assaillants non loin de ma position.

Barre-toi, me dicta mon instinct.
Les sens en alertes, je regardai autour de moi, hébétée. J'avais du mal à m'habituer à ce genre de scènes. Les hommes de mon père sortirent leurs armes et tirèrent sur nos attaquants. Les coups de feu me vrillaient les tympans au fur et à mesure que les tirs s'enchaînaient. Mon dieu, j'étais à bout de ces choses-là, cela faisait déjà cinq fois que j'étais dans cette même situation. Une petite voix au fond de ma tête me répondit «cela ne faisait que commencer». Oui, malheureusement ce n'était pas la première fois qu'on voulait me faire du mal. J'entendis un cri d'effroi, un garde s'effondra à mes pieds, les yeux sans vie. Tristan. Je vis son corps plombé de balles, ses yeux d'un bleu océan que j'admirais tant, regardaient dans le vide. Mes yeux s'emplirent de larmes et je battis des paupières afin de retrouver la vue. Une balle frôla le bois du bureau où j'étais abritée et elle me permit de revenir à l'actuelle situation. Il fallait que je m'extirpe de là. Encore un autre cri. Je ne savais pas à qui il appartenait. A priori, il ne restait plus que quatre gardes, Roman, Gilles et deux autres que je n'avais pas vu souvent. Ils allaient sans doute mourir pour moi et je ne savais même pas comment on les appelait. Égoïste. Une autre balle frôla mon oreille et s'arrêta dans le mur en face. Bon sang, il fallait que je me tire, ils allaient bientôt finir par arriver jusqu'à moi et je n'osais pas me demander ce qu'ils me feraient.

- La porte de sortie ! Troisième porte à droite et puis à gauche, me lança Gilles en me jetant un coup d'oeil rapide.

Je lui envoyai un hochement de tête mais la seconde d'après, il était à terre, mort. Encore une mort sur la conscience. Un autre cri me ramena sur terre. Je n'avais plus beaucoup de temps. Les tirs continuaient de retentir. Je restai à terre mais je rampai en avançant vite. A plat ventre, les fesses légèrement tendues vers le haut, je savais pertinemment que ce n'était pas la position la plus classe qui soit mais elle me permettait de protéger mon visage des copeaux de bois qui éclataient sous les balles. Je passai donc aussi vite que possible de bureaux en bureaux jusqu'au couloir et après ce qui me sembla une éternité, la porte de sortie apparue.

Une fois dehors, je me mis debout et courus sans me retourner pendant quelques minutes. L'adrénaline m'aidait indéniablement à courir vite. Je n'avais jamais couru aussi vite. Après plusieurs minutes et plusieurs rues, le souffle court, je me cachai derrière une grande benne à ordures et pris mon portable afin d'appeler mon père. Première sonnerie, deuxième, troisième, plus ça allait plus je sentais mon cœur sortir de ma poitrine. Enfin à la quatrième, il décrocha.

- Mary ? C'est toi ? Dis-moi que tu vas bien je t'en prie.

En entendant sa voix, je me mis malgré moi à sangloter bruyamment.

J'étais une petite nature que voulez-vous. 

- Oui, c'est bien moi. Je vais bien. Je me suis cachée derrière une poubelle dans une rue.

Je jetais un oeil au panneau sur le mur.

- Marchal, je suis dans la rue Marchal. Viens me chercher au plus vite, je crois qu'ils sont toujours à mon bureau.

- Une équipe est déjà en route ma chérie, ils ne devraient pas tarder. Mais, bon sang ! Que s'est-il passé ? Philippe m'avait pourtant assuré que c'était un endroit sûr et bien gardé. Tu avais combien six, sept gardes ? Comment cela est-il arrivé ? Je savais que si tu continuais ton travail ça finirait mal tôt ou tard.

Bunker (T1 TERMINÉ, T2 En Pause )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant