Chapitre 8

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Ma chère Anna,
Tu me manques tant ! J'aurais voulu t'appeler pour te dire que je partais, mais je n'en ai pas eu l'occasion. Je n'ai pas non plus l'occasion de te téléphoner, c'est donc pour cela que je t'écris cette lettre. Je voulais te dire que j'allais bien et que j'étais en sécurité dans un endroit bien caché. J'aimerai que tu me racontes comment ça se passe chez toi ? Et comment va Kylie ? Elle fait enfin ses nuits ? Dis-lui que je l'aime et que j'ai hâte de revoir ma filleule. J'ai tellement envie d'entendre sa voix, si tu savais. A vrai dire je me sens seule. Si tu veux me répondre, je te mets une adresse de poste, je me débrouillerais pour la recevoir. Je suis vraiment désolée je ne serais pas rentrée pour samedi prochain. Je souhaitais absolument que pour ton mariage tu ais ma bague, celle que tu m'as offerte lorsque nous nous sommes jurées qu'on resterais meilleures amies étant petites. Elle est bleue et en plus je te la prête comme cela je serais doublement avec toi. Je reviendrais la chercher quand tout sera fini et je t'emmènerais fêter ton enterrement de vie de jeune fille (en retard) comme il se doit pour ensuite fêter ta nouvelle vie de jeune mariée. Je te mets donc la bague dans l'enveloppe. Je suis encore désolée de ne pas être avec toi à ce beau jour. Pardonne-moi, mais je me rattraperais, je te le promets.

Gros bisous.

Mary.

Je refermai l'enveloppe avec la bague à l'intérieur et la mis dans ma poche. Il fallait que j'aille à une boite aux lettres. Si mes souvenirs étaient bons, il y en avait une à quelques kilomètres à côté d'un petit bar, d'une station essence et d'un supermarché. L'occasion de faire quelques courses puisque je n'avais plus de tampons et je ne me voyais pas demander à Alicia ou encore moins à Luke de me les procurer. Et puis même, je n'avais plus mes produits habituels. De toutes façons Luke ne voudrait même pas que j'aille aux toilettes si c'était trop loin de ma chambre. Anna devait se demander si les terroristes ne s'étaient déjà pas occupés de moi. Je grinçai des dents, je n'étais pas un animal, je savais me servir d'une arme et je m'étais entraînée au corps à corps, enfin il y a longtemps.

Cela faisait deux semaines depuis le baiser que j'avais échangé avec Luke et il était toujours aussi distant.

Aujourd'hui monsieur était parti acheter je ne sais quoi, je me décidai donc à sortir pour poster la lettre. J'avais besoin de me changer les idées, d'un bol d'air frais et surtout ô combien surtout un minimum de civilisation. Je ne pouvais même pas compter depuis le nombres de jours ou je n'avais pas vu un autre être humain que Alicia, Georges et mon maudit gardien. Je savais que c'était contre les règles mais là j'étais au bord de la crise de nerf. Je m'étais surprise à converser toute seule au moins trois ou quatre fois cette semaine. A ce train-train, je serais bonne à enfermer d'ici trois mois. Tout ce dont j'avais besoin c'était d'avoir des nouvelles de ma meilleure amie et d'un peu de connexion avec le monde extérieur. Je sortirais une heure tout au plus et il ne devrait même pas le voir. Lorsque je l'avais questionné, il m'avait répondu qu'il serait rentré pour vingt heures. Ce sera du gâteau.

Je me contemplai dans le miroir. Parfait, j'étais banale, invisible. Habillée d'un jean ample et d'un pull beige avec des bottines à talons et mon long manteau noir, j'étais comme n'importe quelle citadine. Nul besoin de maquillage, je n'allais pas aller jouer les allumeuses, seulement me balader un peu espérant passer inaperçue.

Je passai toute la mâtiné à tanner Georges pour demander à ce qu'il m'emmène après tout il avait une voiture. Je lui répétai encore et encore ce que je voulais comme une petite fille capricieuse. Il me rétorqua qu'il pouvait aller tout seul poster cette lettre et je rétorquai en disant que je devais faire quelques courses personnelles. Il refusa systématiquement en me rétorquant de faire une liste pour Alicia. Malheureusement pour lui, j'étais têtue et je pouvais être très patiente si je le voulais. J'avais joué à ce jeu toute la mâtiné et à force, il avait fini par accepter. J'avais usé de tous mes moyens pour le faire changer d'avis. Après tout, aller jusqu'à la boite au lettre ne pouvait pas faire de mal en plus il n'y avait aucune indication sur la provenance donc nous ne risquerions rien. Personne ne savait que j'étais ici encore moins en France. Tout allait bien se passer.

Bunker (T1 TERMINÉ, T2 En Pause )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant