Bunker (T1 TERMINÉ, T2 En Pause )

Chapitre 10

Il m'attrapa avec force pour me plaquer au sol.

- Tu vas souffrir, murmura-t-il à mon oreille de son haleine fétide.

- Non ! Lâchez-moi ! Je répètai inlassablement.

Il me cloua les poignets au sol avec une de ses mains et de l'autre se déshabilla. Il s'installa entre mes cuisses que je tenai pourtant serrées. Je pleurai toutes les larmes de mon corps. C'était fatidique, le violeur allait passer à l'acte. J'avais une impression de déjà vue sauf que quelqu'un venait m'aider. Luke. Où étais-tu ? Il approcha son bassin du mien pour me souiller. Je fermis les yeux avant de ressentir une douleur autant physique que mentale. Je criai. C'était trop tard. Il était en moi. De sa main libre il vint m'enserrer la gorge afin de mieux se rapprocher et de plonger au plus profond de moi. Je ne pouvais plus rien faire ou même penser quoi que ce soit. La douleur à la gorge se fit de plus en plus vive. Cela dura. Il dura trop longtemps et la douleur se fit de plus en plus terrible. Bientôt je ne pouvais plus respirer pendant que mon violeur s'affairait à finir son affaire. J'espérai juste que ça finisse. En terminer. Alors que je me sentis tomber dans l'inconscience, je le sentis se crisper sur moi et hurler son orgasme. Je m'enfonçai dans la brume obscure de la mort et je ne ressentis soudain plus rien d'autre qu'un vide obscure.

Je me réveillai en sursaut, j'étais dans mon lit, en sûretée, habillée de mon pyjama préféré les cheveux mouillés. J'éclatai en sanglots quand je vis Luke assit sur une chaise près de moi me fixant intensément. Quand je croisai son regard à travers mes larmes, je pus voir une profonde culpabilité. Il se relèva et vint s'assoir sur le lit à mon côté en conservant une petite distance. Je ne pus m'empêcher d'aller dans ses bras en pleurant de plus belle pour réduire cette barrière entre nous. Je revoyais mon cauchemars en boucle, le viol et la mort de Caroline, en boucle, je voyais tout en boucle. Je me glissai sur ses genoux et ma tête se nicha contre son torse tandis que ses bras se refermèrent sur moi dans une étreinte protectrice. Luke était tendu à mon contact mais au moins il ne me repoussait pas. Au contraire il me réconfortait autant qu'il le pouvait.

- J'ai demandé à Alicia de te faire prendre une douche. Elle a essayé de te réveiller mais cela n'a pas marcher donc elle a fait comme elle a pu. Je suis tellement désolé de se qui s'est passé. J'aurais du être là. Je ne vais cependant pas te demander des explications sur le pourquoi du  comment tu es partie parce que ce n'est pas le moment mais je le ferais. Tu as dormi pendant une journée entière. La drogue t'a certainement affaibli. En attendant, dis-moi de quoi tu as besoin et je te l'apporterais.

- Je suis désolée c'est de ma faute. Je n'aurais jamais dû aller en course et poster cette stupide lettre mais je voulais absolument que le mariage de ma meilleure amie...

- Attends attends quoi ? Tu as envoyé une lettre ? Merde, t'es folle ou quoi ! Ils nous pistent ! Je t'avais dit quoi bordel ! Pas-de-contact-avec-l'extérieur ! Rugit-il en se levant.

En voyant mes pleurs redoubler, il se radoucit en se pinçant l'arrête du nez et soupira.

- On en reparlera, en attendant repose-toi.

Il sortit de la pièce. Je ne savais pas qu'une simple lettre pouvait nous mettre en danger. Je n'avais même pas mis notre adresse ! Je me lèvai à mon tour pour marcher jusqu'à la salle de bain. La fille qui me regarda alors dans le miroir devant moi avait l'air  carrément malade. Elle était blanche, je voyais des veines bleues et vertes ressortir, ses yeux étaient éteints avec des cernes et sa bouche était tuméfiée, enfin une coupure sur sa lèvre inférieure saignait. Ses cheveux gras et emmêlées la laidissaient et son expression était dénuée de sentiments. Dans un excès de rage, je me déshabillai et rentrai dans la douche. Je démarrai l'eau et pendant longtemps me frottai le corps avec force et frénésie. Je voulais effacer l'odeur âcre des violeurs sur mon corps, effacer leurs traces, leurs empreintes. Tout effacer comme s'il ne s'était rien passé. Je me sentais sale alors que Alicia m'avait fait prendre une douche quelques heures plus tôt. A bout de forces, je m'effondrai dans la douche, pour me rouler en boule sous l'eau chaude.

Ma journée se résuma à dormir. Je dormai parce-que cela m'empêcher de voir Caroline dans cet état, de les voir eux. Le problème c'est qu'une fois endormie, ces images me suivaient jusque dans mes cauchemars. Alors je flottai entre conscience et inconscience au fur et à mesure des heures et des crises de pleures.

Le soir, alors que j'étais dans mon lit à regarder le plafond sans arriver à réfléchir convenablement, Luke entra discrètement dans ma chambre seulement vêtu d'un jogging.

- Excuse-moi pour tout à l'heure. Je me suis emporté. Je voulais voir comment tu allais. Mais, je ne... rien, je reviendrais.

Il soupira de frustration et se retourna pour sortir.

- Non ! Je le suppliai avant de murmurer : reste, reste avec moi. Je ne veux pas être toute seule. S'il te plaît.

J'ouvris les couvertures et me poussai pour lui faire de la place. Il me regarda, hésita, puis haussa les épaules avant me rejoindre dans le lit. Je me calai contre lui dans ses bras, la tête posée sur son épaule, le front calé contre son menton. Je respirai son odeur de menthe. Peau contre peau, la sienne réchauffant la mienne. Il resserra son étreinte et plongea sa bouche dans mes cheveux. J'avais vraiment besoin de ça de me sentir en sécurité dans ses bras, dans les bras d'un homme qui ne me ferait pas de mal, de savoir qu'il n'y avait pas que des enculés sur terre. La chaleur de son corps se propaga au mien. Sa respiration se cala à la mienne et je m'endormis dans ses bras.

Cette nuit-là je ne fis pas de cauchemars.

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