Un été mouvementé

37. Terry

L'idée m'est venue d'aller acheter deux trois trucs au supermarché du coin. Et puis je l'ai vu. C'est absolument irréel, et pourtant il est bien là. Devant mes yeux. Ses beaux yeux bleus merveilleux, sa prestance.
- Derek, mon Dieu...
Je ne peux m'empêcher de m'arrêter devant lui, figée. Il semble surpris lui aussi de me voir.
- Salut.
C'est tout ce qu'il répond ?
- Je... Je ne savais pas quand tu reviendrais.
- C'était pas prévu, je suis juste retourné chez ma mère car elle avait besoin de moi.
- Connor va mieux ?
- Il fait comme il peut. Il est rentré chez son père quand je suis parti.
- Oh...
Sa voix semble mal à l'aise, c'est un peu froid entre nous. Je pensais qu'il allait se réjouir de me voir, mais en fait pas du tout.
Je reprends la conversation avec désespoir :
- Tu vas faire quoi de tes vacances du coup ?
- Je bosse dans un bar pas très loin d'ici. Et toi ?
Oh, il s'intéresse à moi enfin...
- Moi pas grand chose. J'espérais te revoir...
- Et bien tu m'as vu. Passe une bonne journée Terry !
Quoi ? Il est sérieux ?
- Derek, attends.
Il s'arrête et se retourne vers moi, sans sourire.
Je reprends :
- Pourquoi tu me fuis ? Je... je veux dire... Tu n'étais pas comme ça avant.
Il souffle.
- Rien n'est plus comme avant.
- Je sais, mais ce n'est pas une raison pour être aussi froid avec moi.
- Tu comprends rien.
- Évidemment que je ne comprends rien ! Tu ne me dis aucun mot ! C'est toujours moi qui engage une discussion.
- Je peux rien y faire, je suis pas d'humeur. Et là, je dois y aller.
Alors je dois m'en prendre plein la figure juste parce que monsieur n'est pas d'humeur ? J'hallucine.
- Ouais, t'as bien raison, casse-toi.
J'ai les nerfs en moi.
- C'est ce que j'allais faire.
- Connard !
Il part.
Je me sens mal sur le chemin du retour. Mal d'en être arrivé là avec lui. Mal de m'être emporté, mais il est si changeant. Que faire ? Il n'y a plus rien à faire. Sauf... Aller chez lui. Enfin, chez sa mère. Je sais où elle habite. C'est pas tellement une bonne idée, mais c'est la seule solution. J'ai pas envie d'être en dispute avec Derek, surtout pas lui. Je l'adore, je l'aime tellement.

Quelques heures plus tard, je me dirige alors vers sa maison, et je surprends sa mère dehors en train de jardiner. Je crois que sa mère ne m'apprécie pas trop, mais ça ne me freine absolument pas.
- Bonjour, je pourrai voir Derek ?
- Il est à l'intérieur, entrez.
J'entre.
- Qu'est ce que tu fous ici ?
Il était visiblement en train de regarder un match de football et se lève d'un bond.
- Ta mère m'a fait entrer. Écoute, je voulais m'excuser pour toute à l'heure. J'ai été vraiment stupide de t'avoir parlé comme ça, mais explique-moi pourquoi tu es si distant avec moi.
Il se rassoie sur son canapé et me fait signe de m'asseoir aussi. J'exécute.
- Terry, je suis désolé d'être aussi désagréable. Tu sais, je t'aime beaucoup. Mais je pense que toi et moi ça ne marchera pas.
"Toi et moi" ? Veut-il dire... En couple ? Tout se bouscule dans ma tête.
- Comment ça ? Pourquoi ?
- On a pas les mêmes attentes...
- Alors tu me vois comme une vulgaire ex sexfriend ?
- Non, c'est pas ce que j'ai dit.
- Mais c'est ce que tu penses. Je ne suis plus comme avant. J'ai changé, tu m'as fait changé.
Son regard est droit dans le miens.
- Qu'est ce que tu veux vraiment Terry ?
Qu'est ce que je veux ? Je veux toi. Je veux seulement toi.
- Je...
- Voilà, c'est ce que je pensais. Tu peux partir maintenant.
- Non !
Je l'embrasse. Je n'ai pas pu m'en empêcher. Ses lèvres sont si bonnes.
Il ne me repousse pas, au contraire. Il m'attrape par le cou et continue de m'embrasser langoureusement. C'est ça que je voulais depuis le début. Voulait-il ça aussi ?
- C'est toi que je veux, je lui chuchote à l'oreille.
D'un coup, il recule et me regarde.
- Quoi ? Je lui demande, inquiète.
Ne veut-il pas de moi au final ?
- Terry... Je dois d'abord te dire quelque chose.
Je déteste ça.
- Dis-moi, j'écoute.
- Tu te souviens de la dernière soirée que l'on a passé à S.D ? Juste avant l'accident, j'ai...
Je ne cesse de le fixer avec insistance et mon coeur s'emballe.
Il continue :
- J'ai... Couché avec une fille.
Hein ?! Je ne sais même plus quoi répondre. Nous étions sur le point de clarifier notre relation et il ose me dire qu'il est allé voir ailleurs !
La seule chose qui me vient à l'esprit est de le gifler. Oui, je lui mets une énorme baffe et je suis sur le point d'éclater en sanglots.
- Sale con, tu me dégoutes.
- Terry, j'étais bourré bordel ! Je savais pas ce que je faisais, je te jure !
Il a que ça à dire ? Je rêve !
- Je pensais que tu étais quelqu'un de sérieux mais en fait je me suis trompé.
- Non, je t'aime Terry. Crois-moi, j'en n'ai rien à cirer d'elle.
Il ose me dire qu'il m'aime après ça, pfff. Quel abruti.
- J'ai plus envie de te croire, ni de t'entendre et de te voir. Je m'en vais.
- Reste !
Je suis à bout. Il peut toujours me retenir, ça ne marchera pas. Finalement, Derek est comme les autres.
Je m'enfuis de chez lui en courant et en larmes.