33. Keth

42 2 0
                                    

J'ouvre un œil.
Puis l'autre.
Une odeur assez familière passe dans mes narines. Je reconnais le parfum de Mikael, un pur délice à sentir. Puis il apparaît devant moi, debout à côté du lit dans lequel je suis affalée.
- Debout ! Me dit-il.
Je devine que je suis chez lui.
- Qu'elle heure est-il ?
- Midi.
- Quoi ?
Je me lève d'un bond, comme si il y avait le feu dans la chambre.
- Du calme, ma belle. Je te ramène bientôt.
"Ma belle" ? Je n'avais jamais entendu ce surnom de sa part... Ça me fait comme un pincement au cœur agréable. Je ne reconnais plus le Mikael d'avant, celui qui me donnait envie de le gifler avec ses réflexions à deux balles.
Je me rassois sur le lit.
- On... On a... Dormi ensemble ?
Pourquoi je pose cette question ? Peut-être parce que j'ai toujours eu peur que Mikael ait des intentions avec moi. Même si il change, je me méfie.
Il est pris d'un fou rire avant de répondre, comme si cela était improbable. Je me sens gênée avec ma question.
- Non. Tu t'es endormie dans la voiture, alors j'ai du te porter jusque dans ce lit. C'est tout.
Oh. C'est tout.
- Tu as dormi où toi alors ?
- Sur le canapé, quelle question !
Il me fait un clin d'œil.
- Sérieusement ?
- C'est pas parce que j'ai l'air d'un psychopathe que je vais forcément profiter de toutes les gonzesses qui squattent mon appart !
Je me mets à rougir bêtement. Il ajoute :
- Je te rappelle que je suis habitué à recevoir du monde.
- Inutile de me rappeler ça.
Ça me refroidit. C'est comme si j'étais vexée, ou peut-être même jalouse... Jalouse que d'autres filles aient eu la même occasion que moi ? Impossible.
- Mais je ne te cache pas que j'ai beaucoup aimé ton baiser d'hier soir.
Hein ? Pourquoi dit-il ça ?
- Mon quoi ?
- T'as la mémoire courte !
- Je t'ai vraiment embrassé ?
Ça me paraît dingue. Trop dingue.
- Tu t'es jetée sur moi oui !
Je fixe ses yeux noirs avec effroi. Et là je me remémore peu à peu quelques moments de la soirée. Le mec qui a essayé de me toucher dans la salle de bain... Mikael qui est venu me défendre... Puis le baiser. Oh mon Dieu !
- Je suis désolée Mikael. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris...
Je gigote dans tous les sens. Il se met à ricaner en même temps. Je ne comprends pas vraiment sa réaction, ni ce qu'il pense de ce baiser. Il dit qu'il a aimé, mais je suis persuadée que c'est une blague. Je le connais assez maintenant.
- Tu es tellement jeune et naïve, Keth !
- De quoi tu parles ?
- Tu penses réellement que ça me dérange que tu m'aies embrassé ?
Euh...
- A toi de me le dire...
- C'est pas comme si t'étais la première.
Encore une remarque qui a le don de me vexer. J'aurai préféré autre chose comme réponse. Un simple "oui ça me dérange" m'aurait fait moins
d'effet.
Je me tais cette fois pour ne rien lui montrer, mais mon regard est vide.
Il retire son t-shirt devant moi. Mes yeux sont posés clairement sur son torse nu, parfaitement bien sculpté. Je m'efforce de soupirer. Mikael remarque que je le fixe, alors il sourit malicieusement.
- Je me change juste, ne te fais pas de faux espoirs.
Il plaisante ! Pourquoi dit-il ça ? Je n'ai rien derrière la tète.
Il prend un autre t-shirt posé sur son meuble et l'enfile de manière sexy.
- Tu... tu as fais de la muscu ? Je demande, gênée.
- Ouais. Ça se voit, non ?
Il me sourit. Je commence à connaitre le côté narcissique de Mikael par coeur.
J'hoche la tête mais je n'ose pas trop lui montrer que son corps m'attire. Je n'arrive même pas à me l'avouer à moi même.
- Et, tu fais toujours du basket ?
Pourquoi je m'intéresse à lui alors que lui ne s'intéresse pas à moi ?
- Non.
- Oh, pourquoi ?
- J'ai autre chose à faire.
- Et dans quel but es-tu venu ici ?
La question que je me pose depuis longtemps.
Il s'arrête et me fixe avec son regard plus noir que jamais.
- T'as fini avec tes questions ?
Je me lève du lit et je me mets face à lui.
- Je suis curieuse, c'est tout.
- Un peu trop même. Ça ne te regarde pas vraiment.
Je reste muette face à ce corps si immense à côté du miens. Il ajoute :
- Il est temps que je te ramène petite.
Ce surnom m'avait presque manqué.
- Mikael...
- Quoi encore ?
- Je... Je peux rester ici un peu plus longtemps ?
Il ricane avant de répondre. Je ne sais pas pourquoi, mais je voudrais rester avec lui aujourd'hui.
- Évidemment.
Sa réponse me surprend. J'ai clairement envie de passer du temps avec lui. Peut-être parce que j'ai l'espoir qu'il me dise pourquoi il est venu à San Diego. Je ne devrais peut-être pas, mais je l'apprécie de plus en plus. Je lui souris, une des premières fois d'ailleurs.
- Oh, au fait, me dit-il. J'ai entendu ton téléphone vibrer à mon réveil. Tu ferais mieux de regarder.
Je le vois posé sur le petit chevet de sa chambre. Je le prends avec appréhension, car je n'ai pas trop envie que Mikael sache quoi que se soit au sujet de Terry et compagnie.
Wahou... On m'a harcelé cette nuit. 10 appels manqués de Terry. 6 de Derek. Et des centaines de messages. Je n'ai jamais eu autant de messages de ma vie entière. Avec peur, je lis un des derniers messages de Terry.
"Qu'est ce que tu fous bon sang ? Viens à l'hôpital de San Diego dés que tu auras vu ce sms. C'est urgent."
Quoi ? C'est une blague ? Qu'est ce qu'il s'est passé ? Qui est à l'hôpital ? Des centaines de questions se mêlent dans ma tête. Je dois y aller et vite. Qui pourrait m'amener... Oh, Robin évidemment. Celui avec qui j'étais sensée passer la soirée.
- Qui est-ce ? Me demande Mikael.
Ce n'est pas le moment.
- Je dois y aller.
- Où ça ?
Je n'ai même pas le temps de répondre, je file à une vitesse incroyable. Il essaie de me rattraper, mais pour une fois je suis assez rapide.
Sur le chemin, je me dépêche d'appeler Robin, mon petit-copain. J'avais presque oublié son existence, le pauvre. Mikael prend presque plus d'importance que lui j'ai l'impression.
Il répond à la deuxième sonnerie.
- Keth ?
- Robin, je... J'ai besoin que tu m'amènes à l'hôpital.
- Qu'est ce que tu as ? C'est grave ?
- Ce n'est pas pour moi... Terry se trouve là-bas et j'ignore pourquoi. Viens vite s'il te plait.
- J'arrive ! A de suite.
Robin est quelqu'un d'extraordinaire tout de même. Il est toujours là lorsque j'ai besoin d'aide.

Nous arrivons à l'hôpital. Robin descend mais je lui ordonne de partir, car je n'ai aucune envie qu'il sache que j'ai passé la soirée ailleurs qu'avec lui, comme je l'ai dit aux autres.
- Tu es sûre ?
- Certaine. Si il y a quoi que ce soit, je t'appellerai.
Il démarre et s'enfuit l'air inquiet.
Je me dépêche d'entrer et je vois Terry qui m'attend à l'entrée, en pleurs.
Je la prends dans mes bras, ignorant le pourquoi du comment et mon cœur se met à battre à une allure incroyable.
- C'est... C'est... Co-connor et...
Elle a du mal à parler avec les sanglots et son mascara tout dégoulinant.
Je la prends par la main et elle m'amène à la chambre en question. Je devine donc que Connor est en état d'urgence. Et...
Nous ouvrons la porte de la chambre et je vois Derek assis au pied du lit, une infirmière, et Connor allongé, les yeux ouverts, un plâtre au bras et une minerve au tour du cou. Je chuchote un "Oh mon Dieu..." et m'approche de Connor.
- Keth, tu es là..., me dit Connor avec une voix fatiguée.
- Que s'est-il passé ? Je demande en regardant l'assemblée dans la chambre.
- Connor et Maria ont eu un accident de voiture cette nuit, me répond Derek.
Wow, j'en n'ai raté des choses.
- Et Maria va bien ?
- Justement... Dit Derek.
Keth pleure davantage. J'espère vraiment ne pas entendre ce que je crois.
- Où est elle ?
- Plus là...
- Comment ça ?
- Elle est morte, Keth.
Je m'effondre sur place. Je n'y crois pas. Terry pleure dans mes bras. Connor a des larmes qui coulent sur son visage, et Derek a le regard fermé.
Maria est décédée. Je viens d'apprendre ça comme si c'était normal. Dans la vie, tout peut s'écrouler d'une seconde à l'autre.

Un été mouvementéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant