51. Keth

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Quelle heure est-il ? Peut-être... 7h du matin ?
Je me réveille doucement... Et j'ai tellement mal de crâne ! Où suis-je ? Putain.
J'ai du mal à ouvrir les paupières. Elles paraissent lourdes. Je touche les draps sans réellement deviner où je me trouve.
En ouvrant les yeux, je sursaute en voyant la silhouette torse nu de Mikael dans la pénombre.
- Désolé de t'avoir fait peur, s'excuse-t-il.
- On est où là ?
- Chez moi ! T'as perdu la tête ?
- Non, j'ai...
Il s'assoit sur le bord du lit en me caressant l'épaule.
- Tu t'es gavé d'alcool et de drogue hier soir ?
Il ricane.
- De quoi ?
Il plaisante j'espère.
- On s'est bien amusé hier.
Sa voix est cassée. Il est tellement sexy le matin...
- Qu'est-ce qu'on a fait ? Je me rappelle pas.
- On a bu, on a dansé, on a fumé... Et on a passé une superbe nuit ici, dans ce lit.
- Attends, attends... Tu peux répéter ? J'ai pris de la drogue ?
- Ouais ma jolie. Pourquoi ? Tu regrettes déjà ?
C'est pas possible. Mais où est ma tête ?
- Non, non...
- T'es tellement belle...
Je me sens bizarre. C'est comme si j'écoutais pas ce qu'il me disait.
- Mikael ?
- Quoi ?
- Qu'est-ce que tu entends par « superbe nuit » ?
Il sourit et recoiffe sa mèche brune correctement sans me répondre.
Je continue pour qu'il parle :
- On a couché ensemble ? C'est ça que tu veux dire ?
Son sourire m'énerve de plus en plus. Je commence à de nouveau détester ce côté mystique de sa personnalité. Il tente de m'embrasser mais je le repousse pour la première fois depuis que je suis ici.
- Oui. C'est ce que tu voulais, non ?
Je me lève du lit, complètement anéantie.
- Ce que je voulais ? Mais j'étais complètement inconscience, Mikael ! J'étais sous emprise de drogue !
- Tu ripostais pas, tu avais l'air d'aimer ça, pourtant... Tu me fais passer pour le fautif, maintenant ?
- Mikael. Tu m'as... violé.
- C'est pas un viol. Arrête de faire la victime ! Tu commençais à devenir une vraie femme, qu'est-ce qu'il te prend ?
- Tu n'es qu'un... Pervers narcissique.

D'un coup, la porte d'entrée de son appartement s'ouvre.
« La touche pas ! » Hurle... Terry.
Terry ?! Comment m'a-t-elle trouvé ?
- Qu'est-ce qu'elle fout ici, celle la ? S'énerve Mikael tout en serrant les poings.
- Je viens sauver ma meilleure amie de tes mains barbares. Je savais bien que t'étais là, dans ton pauvre petit appart.
- La ferme, dit-il.

Derek entre à son tour, les yeux rouges de colère. Sous le choc, il est à deux doigts de tomber à la renverse en posant ses yeux sur Mikael. Terry me prend dans ses bras en me chuchotant des paroles rassurantes telles que : « Ça va aller ma Keth. Je ne t'en voudrais jamais pour ce que tu as fait. Tu es forte. Je t'aime. »
Les larmes me montent aux yeux et je la serre fort dans mes bras.
« Tu es la soeur que j'ai toujours rêvé d'avoir » Je réponds.

A ces paroles émouvantes, on se tourne vers Derek et Mikael qui ne manquent pas de se foutre un poing dans la figure.
- Je pensais pas te revoir un jour, lance Derek.
- Si tu veux tout savoir, je rêvais de ne plus t'avoir en face de moi.
- Si on en est là, c'est uniquement de ta faute.
- C'est de ma faute si notre père m'a mis à la porte à 15 ans ? Et qu'il t'a tout donné ? Parce que t'étais son fils préféré ?
Quoi ? Je ne comprends rien. Mikael parle comme si ils étaient de la même famille. C'est impossible !
- Ne parle pas de lui. Il a toujours fait de son mieux...
- Il m'a jamais aimé, tu le sais très bien.
- Si t'avais évité de commettre tes petits délits, peut-être qu'il n'aurait pas agit de cette façon.

Avec Terry, nous restons bouche-bée face à ce dialogue.
- Derek, dit Terry. Tu peux m'expliquer ?
Derek paraît gêné et regarde au tour de lui.
- Tu veux que je te dise la vérité ?
Mikael regarde le sol, les poings tellement serrés que les veines de ses bras sont presque en train d'exploser.
- Oui. C'est tout ce que je demande. La vérité.
Derek reprend son souffle.
- Mikael et moi sommes frères. Enfin, demi-frères. Nous avons le même père.
On tombe des nues. J'aurai jamais pensé !
- Il m'a foutu dehors, ajoute Mikael. Je me suis retrouvé à la rue. Juste après le décès de ma mère, suite à un cancer. 
Cette phrase paraît être une douleur extrême pour Mikael. J'en reviens à avoir de la peine pour lui. Je comprends mieux pourquoi il est si malheureux.
Il continue, les larmes aux yeux et la voix tremblante :
- J'avais plus rien. Je suis devenu un petit délinquant au fil des jours... J'ai vendu de la drogue, j'ai participé à plusieurs braquages, j'ai volé des bagnoles, des armes. Quand j'en ai eu marre de tout ça, j'ai commencé à m'intéresser aux filles.
Derek le coupe :
- C'est vrai. Nous deux, on s'est détesté. On s'est retrouvé dans le même lycée, sans pouvoir se parler ni même se croiser. Mais on a commencé à se rapprocher de la même fille, toi, Terry.
- Et même quand je m'éloigne de toi, ajoute Mikael, tu finis toujours par me retrouver.

Il ouvre le petit tiroir de sa commode et glisse sa main à l'intérieur. Il en ressort un flingue.
- Mikael, je t'en prie, pose ça ! Hurle Derek.

Terry et moi essayons de nous cacher sous le lit, mais en vain.  Il est trop bas. Serait-il vraiment capable de nous tuer ?
Durant tout ce temps, j'ignorais qu'il cachait une arme chez lui.
Derek lève les bras et continue d'essayer de le raisonner :
- Pose cette arme. Tout va s'arranger, je te le promets. Tu es mon demi-frère. J'ai envie d'être là pour toi.
- Mais t'as jamais été là. Comme papa. C'est trop tard.
- Arrête. Fais-moi confiance.

Mikael pointe alors le flingue vers lui-même. Puis sur sa tempe.
- Je connais un endroit superbe où tu pourras jamais me retrouver..., dit-il en posant le doigt sur la gâchette.

Un été mouvementéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant