J'attache mes cheveux en chignon. Mes yeux se posent soudain sur ma montre, posée sur le bord de l'évier; je l'enfile puis je sors de cette salle de bain qui me file les frissons rien qu'en pensant à ce qu'il s'est passé ici toute à l'heure.
- Tu es prête ? Me demande Mikael en me voyant sortir en peignoir.
- Où sont mes vêtements ? Je demande, le coeur qui bat à dix mille.
- Disparus.
- Je ne plaisante pas. Dis-moi où ils sont, s'il te plait.
Il s'étouffe dans un rire grave.
- Enfile la nuisette sexy plutôt.
- Non, je dois rentrer.
- Ah, pauvre petit bébé. Tes parents vont s'inquiéter c'est ça ?
Il se fout de moi. Les nerfs me montent.
C'est plutôt Terry qui va s'inquiéter oui.
- Exact'.
- Ahlala les vieux. Ils nous casseront toujours les couilles ceux-là.
- C'est irrespectueux en vers tes parents ce que tu viens de dire.
- Je m'en branle.
Même en vers ses propres parents il est désagréable.
- Tu veux pas aller faire un tour au parc plutôt ? Me propose-t-il. Le plus réputé de San Diego.
Lui qui est toujours habitué à être méchant, il m'invite à se balader ? Je le sens mal...
- Il y a 20 minutes tu me sautes dessus et maintenant tu m'invites à sortir ? Tu es bizarre.
- Je sais, je suis comme ça. Allez, viens.
- Non, Mikael... Je dois partir.
- En plus d'être coincée, t'es chiante. Putain ! T'as pas de vie ou quoi ? Les vacances c'est fait pour s'éclater, pas pour rester avec papa et maman.
- Ferme-là...
Oups.
- Répète ?
Il s'avance près de moi, me tenant le menton en l'air avec sa main droite.
- ...La fenêtre, je t'en prie. Il y a un air frais, c'est désagréable.
- Ça vaut mieux pour toi, p'tite.
Il ferme la fenêtre de derrière lui et change de sujet. J'ai échappé belle.
- Va t'habiller et on part Katy Perry.
- Keth, je le corrige en soufflant.
- Elle est sur le canapé.
- Qui ?
- La tunique.
- Quelle tunique ? Je veux mes vêtements.
Il se plaint en marmonnant, me fixe avec ses yeux noirs en amande, et finit par laisser tomber son idée.
- Dans ma chambre, dans l'armoire.
- Merci.
Ce n'est pas trop tôt ! Je m'y rends alors et finit par trouver mes vêtements, un peu froissés certes, mais tant pis.
En sortant de sa chambre, habillée, pleins de questions se posent dans ma tête à propos de Mikael et de toutes les affaires qu'il peut bien avoir, puisqu'il a l'air de ne pas s'entendre avec ses parents. Vole-t-il ? Venant de lui, ça ne m'étonnerait pas.
- Qu'est ce que tu regardes comme ça ? Me demande-t-il en voyant que je suis figée, les yeux vers le mur.
- Rien, je... Je me demandais juste...
- Je déteste les questions. Évite ça.
- Pas de problème...
Dommage. Peut-être qu'il cache un lourd secret et qu'il ne veut pas qu'on s'en mêle...
- Détache et lisse tes cheveux, c'est moche là.
Je ne te permets pas.
- Non, je préfère comme ça. Mais attends une minute, ne me dis pas que tu as un lisseur ?
- Je te rappelles que des centaines de meufs sont venus dans cet appart'. Elles me laissent toutes un petit souvenir en partant.
Il se marre tout seul pour cette dernière phrase, mais je reste effrayée.
Ses yeux se posent sur ma montre Festina que mon frère m'avait offert pour mon seizième anniversaire.
- N'y compte même pas, je dis lentement en touchant mon objet.
- Tu verras, me lance-t-il avec un sourire narquois.
- Non, j'y tiens. C'est un cadeau de mon grand-frère.
Alors c'est pour ça qu'il s'intéresse autant aux filles ? Pour leur voler leurs objets de valeur ?
C'est immonde.
- Il était au bahut ?
Depuis quand s'intéresse-t-il à ma vie ?
- Oui, en terminale... Il vient d'avoir son BAC cette année.
- C'est quoi son nom ?
- Stanley Hoffman. Mais on l'appelle Stan.
- Connais pas.
- Oui, je sais. Il n'est pas très connu dans le lycée, sauf au club de maths.
- Il y a un club de maths au lycée ?
- Ben oui.
- C'est ringard !
- Il fait du baseball aussi.
- Encore plus nul. Rien n'est mieux que le basket.
Je me mets à rire, car c'est vrai que je ne suis pas contre son opinion. Je lui ai toujours dis que c'était nul ce sport, mais il ne m'écoute pas. En parlant de lui, s'il savait ce que j'ai fais jusqu'à maintenant, il ne me le pardonnerait jamais.
- On y va, il me dit en prenant ses clés de voiture.
- Euh, je dis. Je ne sais pas si c'est une bonne idée que nous sortons.
- Pourquoi ça ?
- J'ai l'impression que tu vas encore m'obliger à faire des trucs...
- Je ne t'oblige en rien, tu en n'as juste envie.
- Non...
- Alors pourquoi tu ne m'as jamais repoussé, hein ?
Il n'a pas tord. Depuis le début, j'ai eu terriblement peur de lui et je ne lui ai jamais dis "non". Ça ne veut pas dire que j'ai envie pour autant.
Je ne dis rien et je baisse les yeux.
- Bon..., continue-t-il. Je t'attends dans la voiture.
Il part et me laisse seule dans cet appartement qui me donne une angoisse terrible. Quand je pense que des centaines de filles innocentes sont venues ici, tout comme moi, je me dis que je ferai mieux de m'échapper. Le problème, c'est qu'il a une voiture et il réussira toujours à m'attraper où que j'aille. Le mieux, c'est d'obéir à ses désirs et peut-être qu'il me laissera tranquille.
Hésitante, je prends les clés sur le bar, je pars, ferme la porte à clé derrière moi et descends le rejoindre.
- C'est pas trop tôt ! Se plaint-il, le bras pendant au travers de la vitre ouverte.
Je lui rends les clés et m'installe à côté de lui dans la voiture.
Je me racle la gorge lorsqu'il allume son poste radio.
- Tu peux ouvrir la boîte à gants s'te plait ? Me demande-t-il en démarrant. Donne-moi Arctic Monkeys.
J'exécute sa demande.
Il insère le CD dans le poste et la musique bruyante commence déjà à me brûler les oreilles dès la première note.
Il se met à danser et à chanter au rythme de la musique, ce qui me fait rigoler.
Garés sur le parking, nous descendons de la voiture et marchons jusqu'au parc qui paraît immense et super beau.
- Qu'est ce que nous allons faire ici ? Je demande.
- Juste une petite ballade qui détend. Tu as eu assez d'émotion comme ça ce matin, n'est ce pas ?
Il me regarde avec un sourire vicieux. Je rougis.
- Ce sera la dernière fois, je murmure.
- C'est loin de l'être, me répond-t-il.
- Quoi ?
- J'aime bien ta naïveté et ta sensibilité. C'est... Excitant. D'habitude, j'ai à faire à des chiennes.
- Ah...
Je ne sais plus quoi dire.
- Suis-moi, je connais un endroit sympa...
Je le suis.
Il m'amène vers un petit endroit du parc isolé, où il n'y a personne. Il n'y a que des arbres et des buissons.
- Personne ne vient ici, me confie-t-il. Sauf moi.
Je n'aime pas trop la tournure que cela prend. Je m'imagine encore un de ses plans vicieux.
Il s'avance vers moi, me caresse le cou avec sa main, tout en enlevant sa ceinture.
Je comprends directement de quoi il s'agit et mon angoisse reprend vie.
- Je ne fais pas ça..., je dis timidement en reculant.
- Tu en n'as beaucoup à apprendre petite.
Je dois m'enfuir. Il est prêt à me violer dans un lieu public. Je ne peux pas me laisser faire.
Sans hésiter, je commence à m'en aller mais il me retient par le bras.
- Où tu vas comme ça ?
Je ne réponds pas. Les sanglots me montent. Je n'aurai jamais dû venir avec lui ici.
Il descend son pantalon, laissant apparaître son boxeur Calvin Klein. La bosse qui en ressort me file la boule au ventre, puis j'ai envie de vomir.
- Laisse-moi tranquille, Mikael...
Mes yeux se plongent dans les siens, je vois sa pupille noire se dilater complètement et sa mâchoire se serre.
- Et bien..., me dit-il doucement. Tu es encore trop fragile, Hoffman.
Il remet son jean. Je ne dis rien mais mes yeux se posent sur son visage pâle, une leur d'espoir traversant mon esprit.
- Ramène-moi chez moi, je t'en prie.
- Déjà ? On vient d'arriver.
- Je ne suis pas ce genre de fille, qui...
Je n'ose pas le dire.
- Suce ? Corrige-t-il sans gêne.
- V... Voilà.
- Je m'en doutais. Tu as déjà peur de parler de sexe, alors le faire c'est trop pour toi. Ah !
Il passe devant moi sans un regard et part de cet endroit sombre. Je le suis, encore choquée.
- J'ai 16 ans je te rappelle... J'ai encore tout mon temps pour faire ce genre de truc complètement idiot.
- Tu n'es pas assez mature, c'est tout.
- Pardon ? En quoi cela veut dire que je ne suis pas mature ?
Je commence à m'énerver en marchant derrière lui et j'aperçois plusieurs personnes nous fixer.
- Regarde-toi Keth ! Tu es encore un bébé autant physiquement que mentalement.
Je ne réponds plus rien. Ces paroles m'ont terriblement blessées, pourtant ce n'est que Mikael. Je devrais m'habituer à ses remarques.
Et d'un coup, je lève la tête et j'aperçois une tignasse rose qui me rappelle celle de Terry au loin. En plissant les yeux, je me rends compte que c'est elle. Merde ! Et qui vois-je à côté ? Derek ! Si ils me voyaient ici avec Mikael, je serai morte.
- On doit partir ! Je hurle à Mikael en le prenant par le bras.
- Il t'arrive quoi ?
- Chut ! Dépêche !
Malgré le fait que je sois complètement attristée, je monte dans sa voiture à toute vitesse, et il fait de même pour une fois.
- Qu'est ce que tu as vu de si effrayant ? Me demande-t-il en démarrant.
- C'était... Ma mère. Elle aime bien aller au parc de temps en temps.
Je ne sais pas mentir, c'est horrible.
- Et alors ?
- Elle... n'aime pas trop que je traîne avec des garçons en fait...
- Je vois.
Il me croit. Ouf.Il revient à son appartement, alors que je lui ai dis cent fois de me ramener au MB.
- Tu es égoïste... Je dis en m'essayant sur son canapé.
- Fais gaffe y'a un briquet sur le canapé, tu vas te cramer le cul.
Il s'en fiche royalement de ce que j'ai à dire.
- Quand est-ce que je pourrais rentrer chez moi ?
- Demain matin.
- Pardon ?!
Hors de question que je passe une deuxième nuit ici.
- Je me sens seul ici, j'ai besoin de compagnie.
Ça sent l'ironie.
- Pourquoi tu ne demandes pas à une fille plus "accessible" que moi ?
- C'est cool de changer de catégorie des fois.
- De catégorie ?
- Je classe les filles que je rencontre par types. Il existe les putes qui assument, les putes qui se disent ne pas l'être pour faire bonne impression, les putes qui ignorent encore qu'elles le sont, et les putes qui tombent amoureuse.
C'est ignoble.
- Il y a des exceptions.
Je lève les yeux au ciel.
- Toi je te classerai dans celles qui ignorent qu'elles le sont.
- N'importe quoi ! Je ne le serai jamais.
- Tu verras par toi même.
- Comment tu peux penser une telle chose ? Tu ne me connais pas.
- Ça se voit.
N'importe quoi. J'en n'ai assez d'entendre des idioties.
Il reprend.
- Et puis au fil du temps tu tomberas amoureuse et là ce sera la fin du monde pour toi.
Ses paroles m'étranglent encore.
- Toujours plus...
Il s'assoit à côté de moi sur le canapé et je me
fais toute petite.
- Tu ne peux pas imaginer le nombre de filles amoureuses de moi.
- Je pense que tu es aussi amoureux de toi même.
Il rit.
D'un coup mon téléphone se met à sonner, et je vois le nom de "Terry" sur l'écran. Mon poux s'accélère.
- C'est qui ? Demande Mikael.
- Personne.
En me levant, il arrive à attraper mon téléphone mais je le reprends aussitôt.
- Terry ?
- Oui, donne-moi ça.
Je m'en vais dehors pour répondre. Heureusement qu'il n'a pas eu l'idée de répondre à ma place.
- T'es où ? On va rentrer au MB dans pas longtemps.
- Euh... Je suis avec Jacob, on prend un verre. Je te préviens quand je rentre. Bisous !
- Attends Keth, une seconde !
Et je raccroche. Michael me suit dehors. Et merde !
- Elle voulait quoi ? Me demande-t-il en remettant son t-shirt.
- Ça ne te regarde pas.
- Elle va bien ?
- Très bien.
- Tu aurais dû me la passer...
- Elle n'a pas envie de te parler après tout ce que tu lui as fais.
Il grogne.
- Vaut mieux que tu rentres chez toi.
Enfin !
- Oui, ça serait bien.
Il prend les clés et nous partons.
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Un été mouvementé
Genç KurguKeth est la fille sage, studieuse et réservée, sous la protection de son grand frère. Terry est plus folle, elle aime la liberté, les garçons et la fête. Ces deux meilleures amies vont vivre l'été le plus improbable, celui qui changera le tournan...