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Je relève les yeux. Mon cœur manque un battement, avant de frapper fort contre ma poitrine, au bord de l'explosion. Je masque un maximum ma surprise et la terrible envie de sortir de cette cabine, retirer ses menottes et le laisser s'enfuir. Je me reprend en voyant le regard interrogateur de l'agent de sécurité. J'imprime le formulaire, puis le lui tend, ainsi qu'un stylo. Alors qu'il signe, il s'approche de moi. Je le scrute un instant, la respiration irrégulière et mon pouls qui fait des siennes.

<<-Bonjour , Honey. Je t'ai manqué ?>>

Sa voix grave et pourtant amusée me provoque un frisson qui parcoure ma colonne vertébrale. C'est à cette instant que le garde me rend le formulaire. La main tremblante, je pris le tampon à ma droite et l'appuya sur la feuille qui fut marqué.

<<-Vous pouvez y aller.>>

Ils acquiescèrent et je leur rendit le formulaire pour le montrer aux surveillants et agents de sécurités. Ils passèrent en premier, tirant le nouveau patient.

<<-Oui. Très. Répondis-je avant qu'il ne s'en aille.>>

Je vois un immense sourire se dessiner sur son visage puis, il disparaît derrière la porte de métal.

Lorsque je ne l'eu plus dans mon champ de vision, je soupira. Il avait tout chambouler dans ma tête. Cela me tuait de le voir enchaîné ici, loin de cette ville, dans un endroit où je ne pourrais plus le voir comme avant. Toute cette torture mentale était insoutenable.
Harley, faut que tu le sorte de là. Y a que toi qui peut l'aider! Non, Harleen fait pas sa! Voila, il est enfermé, c'est la meilleur façon de tourner la page! Mais y a pas de page à tourner! Écoute. Il t'aime, tu l'aime, vous devez être ensemble, coûte que coûte! Tu connais le prix de tout ça !? Tu ne pourras plus exercer, tu seras sa proie pour toujours, tu subira ces mauvais jours! Ce seras l'enfer! L'enfer il est déjà là ! Regarde toi! Tu es coincée, tu veux à tout prix rentrer dans ce moule de la personne parfaite. Tu ne l'est pas! Lui, il l'est pour toi! Fais-le! Non, le fais pas! Si!

<<-Stoppe! arrêtez !>>

Je me tenais la tête, l'esprit torturé par ces voix incessantes. Je me leva, des maux de tête terrible. Je sorti de la cabine. C'est à cet instant que le docteur Kellerman arriva pour prendre ma place, cette nuit. En voyant mon état, il s'arrêta et prit mes épaules.

<<-Tout va bien?

     -Oui, dis-je les larmes aux yeux.>>

Il me lâcha, un sourire compatissant, tandis que je le laissais passer. J'accourt alors jusqu'à aux toilettes du rez-de-chaussée. Je pousse les portes et ouvre chaque cabine pour voir s'il y a quelqu'un. Par chance, l'endroit est vide. Je ferme alors la porte à clefs. Je pose mes mains sur le rebord du lavabo, asseyant de reprendre un souffle normal. J'ouvre alors le robinet et m'asperge le visage d'eau. Lorsque je relève le regard, je cru le voir dans le reflet. Oui, c'est bien lui ! Je touche le miroir comme si ma main caressait sa joue. Non, ce n'est pas lui. Ce n'est que moi. Moi, et mon teint malade, mon mascara éparpillé, et mon rouge à lèvres massacré. Je détache mes cheveux qui, jusque là, était en queue de cheval. Des mèches blondes et humides retombent sur mon front, et quelques gouttes glissent le long de ma joue.

<<-Ok, Harley. Non, Harleen! Ok. Tu.....tu vas le laisser croupir...dans cette fichu cellule et....et poursuivre ta vie comme elle l'étais avant......Non! Non, je vais l'aider. Une dernière fois. Et....et après, ce seras fini, je l'oublierais. Juste....juste une dernière fois. Une toute dernière fois. >>

Je glisse à nouveau mes doigts sur mes lèvres. C'était si...incroyable.

<<-Je vous aiderais, Mister J'....Jo-Joker. Pas Mister J, Joker. Il n'est rien d'autres pour....pour.....>>

Les larmes coulèrent d'elles-mêmes sur mes joues, gâchant encore plus mon maquillage et ravageant mes joues pales qui devinrent rouges. Mes yeux bouffis, injectés de sang, mes lèvres tremblantes, j'étais loin d'être agréable à regarder.

Je pris rapidement du papier dans le distributeur, d'ordinaire pour se sécher les mains, et essuya mon visage. Lorsque je ne fut plus trop effrayante, j'enfile mon manteau, ainsi que mon foulard, et sors. Je ne prends pas le temps de saluer mes collègues et me précipite vers ma voiture. J'allume le moteur qui gronde désormais dans tout l'habitacle, et sors du parking. Je roule plus vite que de raison, sans trop me soucier des autres voitures. J'allume la radio, pour la première fois depuis très, très longtemps. A cet instant, c'est 'You don't own me' de Grace et G-Eazy qui passe. Je chante les quelques paroles que je connais, le sourire aux lèvres.
Tu es folle ma pauvre fille. Je t'emmerde foutu conscience! Ouais, c'est bien Harley, tu deviens enfin toi-même.
J'arrive devant l'appartement et, par chance, je n'ai pas eu le GCPD à mes trousses. J'entre en trombe dans la salle à vivre et referme à clef derrière moi. Je jette mon manteau et mon foulard plus loin, sur le parquet, et me dirige vers le mini bar. Je sors d'un des placards un verre et me verse un peu de whisky. J'en bois une gorgée et, comme à chaque fois, cela me détend. Je traverse alors tout l'appartement, verre en main, et entre dans ma chambre. Je m'approche de l'armoire du fond dans laquelle je range quelques vieux effets personnels. J'en sors un carton sur lequel est écrit en gros 'SPORT' . Quand j'étais petite, je faisais beaucoup de sport, pour être acceptée par les autres, ce qui n'a jamais vraiment marché pour moi. J'avais fait de la gymnastique, du Handball, du karaté, et même du Baseball. En fouillant un peu, je retrouve même quelques affaires de théâtre. J'en sors un corset rouge, plutôt foncé, cette même couleur que l'hémoglobine. J'entends encore ma mère ronchonner :<<-C'est la dernière fois que je dépense autant pour un de tes passe-temps débiles!>> . Je le posa juste à côté de moi et poursuivis mes recherches. Je trouva aussi mon juste corps de gymnastique sur le thème d'arlequin . Je l'observa sous toutes les coutures et me souviens du sourire narquois qu'avait les autres, moi qui était si maigre et plate , dans ce juste corps. Je l'envoya rejoindre le corset en cuir. J'y rajouta mes bottes rouge et noire de théâtre, ainsi que mon maquillage blanc, mon masque, et ma ceinture. Et, tout au fond du carton, je découvrais ma vieille batte. Encore en bon état, le manche blanc, le reste en bois. Je bu une nouvelle gorgée et je me senti encore mieux, je me laissais aller. Je prend le relais si tu veux bien, Harley.

<<-Vas-y. Tu sauras quoi faire.>>

J'esquisse désormais un sourire fou, dévoilant toutes mes dents blanches d'un air carnassier. Mes vêtements sous le bras, la bouteille de Jack Daniel's dans l'autre main, je me dirigea vers la salle de bain. J'allume la lumière qui éclairait de moins en moins, signe qu'il fallait que je la change. Je sorti de l'armoire à pharmacie une paire de ciseau et étendais sur le lavabo mon juste corps. Je retira toute la partie du ventre. Une fois découpé, je repris une gorgée de whisky, au goulot de la bouteille cette fois-ci. Je pris un marqueur et ma batte de baseball, sur laquelle j'inscris tout ce qui me passais par la tête, en souvenir de cette incroyable transformation. Encore une gorgée. Je retira cette foutu jupe trop longue, et cette chemise trop strict. Je garda cependant la cravate et l'accrocha à la petite porte du placard, près de moi. J'enfile le bas de mon juste corps, ainsi que la haut qui s'arrêtait au dessus de mon nombril. J'ajoute mon corset que je serra du mieux que je pu. Je mis ma ceinture cloutée qui, étrangement, m'allait encore. Une autre gorgée. Je pris mon maquillage de théâtre blanc et l'appliqua sur tout mon visage comme un simple fond de teint. Un peu de fard à paupière noir et, comme cela, il manquait le sourire et j'étais sa version féminine. Je souris à nouveau. J'applique mon masque noir, un simple morceau sombre qui entourait de façon exagérée mes yeux, mais qui était très élégant, sexy et mystérieux, d'une matière qui adhérait parfaitement à ma peau. Avec deux élastiques, je me fit deux queues de cheval de part et d'autres de ma tête. Je me chaussa de mes bottes noir et rouge à talon assez haut, heureusement que j'en portais tout les jours et que j'y étais habituée. Je sortis enfin de la salle de bain, l'air fier sur le visage. Je m'arrêta un instant. Je me dirigea vers la petite commode sous le miroir et attrapa le rouge à lèvre rouge. Je me regarda dans le miroir, avant de finalement le mettre sur mes lèvres. Satisfaite du résultat, je pris mes clefs de voiture, ma batte, et sortis de mon appartement.


La nuit ne fait que commencer....

Loving madness [HarleyXJoker]{fiction+Os}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant