OS31-Toi et moi, on est perçus comme des monstres...

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OS31-Toi et moi, on est perçus comme des monstres...


J'entra dans l'enceinte du bâtiment qui, bien que trop peu fréquentable, était déjà noir de monde. L'ambiance était propre au salon, les projecteurs qui dansaient dans la pièce coloraient les murs d'une teinte bleutée. La salle se divisait en trois grandes parties, les banquettes auxquelles étaient affalés quelques ivrognes, les tables recouvertes de bouteilles et de verres, et le comptoir où s'activaient les barmans. Plus loin, la piste de danse, où se déchainaient un tas de monde, sans pudeur ni gêne. Et, enfin, les différents ilots privée des plus grands clients, et bien sûr, celui du patron, aux allures d'immense glacier. En somme, une nuit banale au salon de l'Iceberg.

J'ai à peine le temps de posé un pied sur le sol que la fameuse Candy m'accoste. Depuis qu'Oswald avait ce bijou, il ne le lâchais plus, et il était rare de ne pas le trouver ici, à surveiller sa nouvelle machine à sous. Et, bien sur, sa secrétaire le suivait de près.

<<-Le patron veut te voir, m'adresse-t-elle sans grande conviction.

-Je partage ton enthousiasme, dis-je toute souriante en prenant les devants.>>

Je ne l'attend pas, et m'avance vers les escaliers en colimaçon. Je grimpe les marches, une main sur la rambarde, scrutant le haut.

Je suis accueillis par le Pingouin en personne, qui se lève du canapé douillet dans lequel il se prélassait et m'ouvre ses bras.

<<-Hello mon p'tit Pingouin chéri, je lui adresse en gardant un large sourire.

-Quinn, sa faisait un bail!>>

Il n'a pas changé, toujours ses habitudes de parrain mafieux, et toujours habillé d'un beau manteau de velours avec ce col en fourrure. Toujours son habituel monocle, ses chaussures cirées, ses dents d'or et d'argent, et son parapluie-canne-fusil au pommeau d'or. Il avait peut être le crâne un peu plus dégarni, et avait pris quelques rondeurs supplémentaires, mais il restait ce vieux Cobblepot que je connaissait depuis longtemps, que j'avais étudié, puis en avait fait un allié.

Je ne pris pas la peine de saluer les gangsters avec qui il avait affaire, dans la mesure où ils n'osaient parler. Et dans tout les cas, il ne valait mieux pas, j'étais une veuve endeuillée qui avait soif de revanche.

Il me fit servir un verre, un shooter que j'avais l'habitude de prendre ici, et me le tendit. J'en bu une gorgée. Il fut étonné d'ailleurs que je ne finisse pas mon verre cul-sec, comme il en était coutume. Je m'avançais vers l'immense baie vitrée qui donnait sur tout le salon, comme une grande salle de surveillance. Ma boisson au bord des lèvres, mon coude soutenu par mon autre bras que j'enroulais sous ma poitrine, je scrutais la masse humaine qui se mouvait juste en dessous. Je me demandais bien comment j'avais atteints cette pièce vivante, on aurait dit des animaux enragés qui se déchainaient. Un troupeau.

<<-T'étais une bonne cliente, pourquoi t'es partie?>>

La voix de l'homme rondouillard me parvint à peine, j'étais obnubilé par cette masse noire qui ne tenait pas en place.

<<-Une longue histoire, répondis-je simplement avant de reprendre une gorgée.

-Je sais pourquoi t'es là, reprit-il. Et mon offre est toujours valable. Je tient mes propos, je t'offre la meilleure place dans mon réseau.>>

Sa phrase m'arracha un sourire. Un gloussement. Une troisième gorgée.

<<-Je sais que tu prends grands soins de tes oiseaux, mais je lui reste fidèle. La mort n'y changera rien.>>

Je me tourna vers lui, et remarqua un rictus déçu sur son visage plissé et ses joues pendantes. Il ressemblait à un molosse, un peu abattu, comme si on lui avait retiré son os à moelle.

<<-Je suis là pour affaire. Je veux ma revanche, Cobblepot.>>

Face à mes propos, son regard se mit à briller. J'imagine ce qu'il doit penser, "Je la reconnais bien là".

Il pose son verre sur la table basse en bois, n'ayant pas beaucoup à se pencher. D'un geste froid de la main, il vire les deux gangsters qui grognent face à moi. Ils me lâchent un regard noir, remballant leurs petites affaires. A mon avis, ils étaient près à signer le contrat. Mais j'étais là pour tout gâcher, je serais toujours là. Finalement, c'est dans un dernier soupir d'exaspération qu'ils quittent la pièce. Mon cher 'associé' hurle alors le nom de sa secrétaire qui accours. Essoufflée, elle attend sagement les ordres de son patron. Ce dernier lui ordonne de tenir compagnies aux messieurs criminels de bas étage.

Il ne faut pas croire, le Pingouin s'occupe très bien des femmes qu'il a sous sa garde. Mais, avec Candy, c'est différent. Il faut le dire clairement, c'est une bonne à rien, et s'il le pouvait, il changerais vite de secrétaire. Il me l'a dit lui-même. Mais voilà, les personnes ne se bousculent plus autant pour être à son service, il est trop effrayant. Les autres, la population dite criminelle, mais que l'on préfère surnommer gangster, n'est pas assez impliqué dans la noirceur de la ville pour comprendre. Parce que, finalement, c'est le meilleur sort qu'il puisse vous arriver, en tant une femme, dans ce milieu.

Nous nous retrouvons seuls face au bijou d'Oswald. Il s'approche de la vitre, reprenant son bourbon à la main, et se pose à mes coté, une main sur le pommeau de son parapluie.

<<-J'aurai besoin de ton salon, demain soir, dis-je avant de finir mon verre.

-Je t'écoute.>>

J'inspire profondément, scrutant au loin les lumières froides qui se baladent sur les murs.

<<-J'ai un invité de marque, et je lui dois le meilleur accueil. Disons simplement que je ne serais plus Harley pendant cette soirée, ou du moins, physiquement.

-Je vois.>>

J'aurais bien aimé un second verre, l'alcool m'a bien détendu. Mais j'ai mon plan à fignoler, et j'ai beau bien tenir l'alcool, je ne veux pas m'écrouler sur mon bureau en ronflant comme un buffle.

<<-Mais bien sur, rajoutais-je, un invité en cache un autre.

-Et qui est ta couverture?

-James Gordon.>>

Il se tourne vers moi, un rictus amusé étirant ses lèvres.

<<-Je dois avouer que cela me fera bien rire de voir ce pourris te tomber dans les bras.>>

J'en esquisse une grimace rien qu'à l'idée de devoir flatter l'égaux de ce flic. Mais c'est le jeu. C'est ainsi que tout ce passe, à Gotham. Et rien ne change, à Gotham.

Soudain, Cobblepot se dirige vers la table, me prenant mon verre des mains, et les remplis à nouveau, mais d'une bouteille qui me semble plus vieille, plus poussiéreuse, plus couteuse.

<<-Un contrat avec Harley Quinn, la fille qui n'a jamais de plan, sa se fête! Dit-il d'un ton ironique.>>

Il me donne mon verre et nous trinquons. Je fais attention à ce qu'un peu de ma boisson tombe dans son verre lorsque les deux récipients de verre se cognent. J'ai confiance en lui, mais pas en ses mauvaises habitudes.

Je le finis d'une traite, cette fois-ci, et j'ai bien peur de m'effondrer sur mon bureau ce soir lorsque je dose la force de l'alcool. Mais c'est si agréable, ce liquide qui brule votre oesophage et vous monte peu à peu à la tête. C'était devenu un quotidien bien plaisant, depuis que j'étais de ce coté de la lois. L'alcool, la cigarette, les meurtres et la torture étaient devenus presque un rituel journalier pour moi.

<<-Je veux ma vengeance, Cobblepot.

-Et je te donne de quoi l'accomplir.>>

Loving madness [HarleyXJoker]{fiction+Os}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant