OS36-Je ne suis plus tienne !

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OS36-Je ne suis plus tienne!


Je parcourais les rues. Depuis maintenant une petite heure. Mes bottes claquaient gaiement dans les flaques du bas coté, et éclaboussaient d'un air railleur les passants. Je n'étais qu'une tache écarlate dans la mélasse, un peu de couleur dans cette sombre et morose populace. Mes bulles de chewing-gum roses enveloppaient l'air pollué de la ville et mes lèvres scellaient le ballon avant qu'ils n'explosent et collent contre mes joues. Puis, ma langue passait sur les commissures et retirait les traces de bonbons, en veillant à ne pas abimer mon beau rouge à lèvre. Ma batte traçait des petits ronds dans l'air, suivant les lignes blanches que laissaient les usines de Gotham dans le ciel gris, et parfois finissait contre des mollets ou des genoux. Plus les ruelles s'assombrissaient, et plus les lampadaires brillaient d'un éclat plus fort, plus intense. Ils rayonnaient à quelques mètres à la ronde avant q'un autre ne prenne le relais. Des petites touches lumineuses qui rendaient joviales les quartiers les plus sordides.

La silhouette du Bad Joke m'était de plus en plus claire. Elle était des plus effrayante, celle que je préfère. La pancarte arborait encore ce visage d'horreur souriant. La musique grondait contre les murs, accompagnant ma démarche excessive, un air que j'appréciait. Un air qui vous donnait la fièvre des samedi soir, qui vous menait dans une danse endiablé, et qui suivait votre souffle court. Des voitures, des deux roues, des véhicules, allant du plus banale au plus loufoque, encombraient le peu de place devant l'établissement.

J'ouvris grand les portes, me présentant à la foule qui comblait le sinistre bâtiment. Je reçus quelques sifflements maladroits, hésitants, et un tonnerre d'applaudissement, la plupart forcé et faux. Je me dirigea alors vers le bar, déposant ma batte contre un mur. Je m'assis sur un siège qu'on me libéra, m'accoudant au comptoir. Je croisais, souriante, mes mains sous mon menton, et attendit calmement que le serveur s'approche. C'est la carrure musclée de Tonny qui vint à moi. Il s'entrainait dur, pour s'endurcir, devenir à hauteur d'espérances clownesques. Aux espérances de Mr. J. Il nettoyait, comme habituellement, un verre avec un vieux torchon dont les couleurs faiblissaient après les lavages.

<<-Le patron veut te voir, boss, m'adresse-t-il en grimaçant.>>

Il dépose face à moi un shot, un tout petit verre remplis d'un liquide limpide et d'une teinte doré qui reluisait sous les lumières du bar. J'enroula deux doigts autour du verre et bu cul-sec, renversant violemment ma tête en arrière, le cocktail explosif qui me détendit rapidement. Je relâcha mes épaules, laissa mon corps s'affaisser sur le siège. Je m'allongea à moitié sur le comptoir, croisant les bras sur la plaque réfléchissante et y déposant ma tête.

J'avais reconnu sa grimace. Celle qui voulais dire 'sa-va-chauffer'.

<<-Il est si contrarié que sa? Risquais-je.

-Disons qu'il n'a pas apprécié le fait que tu lui tienne tête, répondit-il en envoyant valser le tissu sur son épaule droite et en tournant légèrement la tête, dévoilant une petite balafre sur sa pommette.>>

Je grimaça à mon tour. Je me releva sur la chaise, avant de descendre et de mettre pied à terre.

<<-Souhaite moi bonne chance.>>

J'eu un salut militaire avant mon départ, direction les escaliers. Je l'entendait râler des insultes lorsque j'atteignis l'étage. Je torturais mes doigts blancs, avançant d'une démarche hésitante jusque la porte du fond. Il hurlait, de colère, face à un homme qui n'osais répliquer.

<<-Va-t'en, ordonne-t-il.>>

Un silence pesant règne sur tout l'étage. Pas un bruit, pas une insulte, pas un grognement, un long silence qui m'effraie au fil des secondes.

Loving madness [HarleyXJoker]{fiction+Os}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant