OS23-Just dreaming

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OS23-Just dreaming


La porte claque. Je l'entend à peine, mais je n'avais besoin d'horloge ni de l'entendre pour savoir qu'il rentrait. Je m'approcha alors de la radio, qui crachait cette musique entrainante aux airs latino devenu célèbre, et baissa le volume. La chanson emplissait encore la pièce, mais faiblement, comme un bruit de fond. Comme dans les films.

Il entrait dans la pièce, grognant en pinçant entre ses doigts un pan de sa chemise qui était taché d'une auréole écarlate.

<<-T'en fais pas, va, lui adressais-je en souriant. Je m'en occuperais. >>

Il relève la tête, et m'adresse un tendre sourire. D'un simple geste, il retire cette maudite perruque brune qui le rendait trop banale, et passant une main dans sa chevelure verte, ébouriffant ses cheveux. Par mégarde, il avait frotté sa joue droite, y retirant une parcelle de fond de teint qui dévoilait sa peau blanche. Mais cela ne faisait rien, il était rentré, il était à la maison.

Il était chez nous.

Il s'approcha, retirant la veste de son costume noire, et m'embrassa tendrement. Un baiser qui signifiait "bonjour ma chérie", mais depuis le temps, les mots avaient laissé place aux gestes. Il glissa sa main dans mon dos, et me pressa un peu plus fort contre lui. Cette étreinte m'offrait une plénitude extraordinaire, un rêve, quelque chose de trop beau pour être vrai. Et qui m'étais destiné.

Les gémissements incompréhensibles de la petite nous sortie de notre rêverie. Nous nous détachâmes, et je gloussa face à sa mine déçu. Je me tourna alors vers les fourneaux, m'affairant à retourner une dernière fois les escalopes dans la poêle, pendant qu'il s'approchait de la môme, elle qui était déjà confortablement assise dans sa chaise haute, un bavoir propre encerclant son petit cou et masquant ses beaux habits roses. Elle observait son père de ses gros yeux verts, comme une chose merveilleuse. Ce dernier se pencha vers sa fille, et embrassa affectueusement son front encore lisse et doux. Puis, il caressant d'une main sa courte chevelure blonde, un sourire étirant ses lèvres.

C'est là que j'arrive avec le plat, et remplis les assiettes. Ou, du moins, l'assiette de mon mari. J'avais déjà mangé, car je savais que, plus tard, je devais nourrir Lucy. Alors, tandis qu'il entamait son repas, je m'assis près de ma fille et ouvrit un des pots qui remplissait la dernière étagère de la cuisine. Je planta la cuillère dans la purée orange et le tendit à la petite, qui m'ouvris grand sa petite bouche d'où on décelait deux petites quenottes à peine entières.

<<-Alors, ta journée? Demandais-je souriante en essuyant la bouche de la petite entre deux bouchées.

-Comme d'habitude, les mêmes affaires. Disons simplement qu'aujourd'hui j'ai du sortir les armes, termine-t-il dans un gloussement irrépressible.>>

Et j'engouffra une nouvelle cuillère dans la petite bouche adorable de Lucy.

<<-Et puis, il y a quelqu'un qui m'a donné des informations plutôt intéressantes, poursuit-il.

-Lesquelles, demandais-je, curieuse.

-Tu l'a revu?>>

Sa phrase portait un ton soudainement froid, un air de reproche. Je suis interloqué, je fronce les sourcils.

<<-On t'a vu, avec lui, avec ce pourris de Lawton!

-Mais, enfin, non!>>

Il sors, soudainement, de son dos, un revolver. Il me vise et, d'instinct, je m'éloigne de ma fille. Le visage de cette dernière se plisse, d'une mine affreuse, avant qu'elle ne se mette à hurler, effrayé, ses joues inondées de larmes. Je lève les mains de part et d'autres de mon crâne, je suis innocente! Je ne l'ai pas revu, je lui suis restée fidèle! Je n'ai rien fait, c'est une erreur!

Il tire. Sans sourciller, de sang froid, sans remord. Il me tue, d'une balle, et je m'effondre sur le sol.

Je me relève brutalement sur le lit, mes mains s'enfonçant dans le matelas.

Un rêve. Juste un rêve.

Et, étrangement, j'y retrouve à chaque fois cette môme, ma fille, d'une blondeur sans nom et de beaux yeux verts, que j'avais nommé Lucy. Simplement parce que j'aimais ce prénom, parce qu'il était beau, et cher à mon coeur. Parce que, étant petite, je m'étais jurée de le donner à ma fille. Cela faisait un moment que j'en rêvais. Je rêvais d'enfant, d'une fille, d'être mère. C'était mon désir le plus cher, je voulais être mère.

J'essuya de mon bras mon front ruisselant de sueur, et calma du mieux que je le pu ma respiration. Toujours ce tourment, toujours cette crainte. Il avait réussi à m'inculquer cette peur constante, c'était surement sa punition. Mais impossible, j'en avais toujours autant peur. Je me releva, et dans un élan de courage, sorti du lit. Mes pieds nus parcoururent le parquet grinçant, et je m'arrêta devant la fenêtre. A mes pieds, j'agrippa la bouteille à moitié vide et, de mon autre main, ouvris en grand la vitre. Je frissonna face aux bourrasques terrible qui pénétrèrent dans la pièce. Le vent glacé de Gotham vint embrasser mon corps et très vite, j'avais la chair de poule. Il faut dire que mon pauvre short et mon débardeur n'était pas très efficace face au froid terrible qui m'assaillait. Je pris alors une gorgée de l'alcool pour me réchauffer, avant de fermer la fenêtre légèrement, pour avoir moins froid. Et, très vite, mon regard ce perdit sur les ruelles sombres d'où s'échappaient quelques tueurs à gage, les jeunes filles trop peu habillés qui offraient leurs faveurs à tout les passants, et les ivrognes qui arpentaient les trottoirs d'une démarche bancale. C'était toujours comme ça. La routine.

La porte de la chambre claqua, et cela me rappela trop douloureusement mon rêve. Je ferma les yeux et m'efforça de chasser ces terribles images qui torturait mon esprit déjà brisé.

<<-Tu ne dors pas?>>

La voix rauque de mon lapin me réchauffa quelque peu, ce qui me poussa à fermer la fenêtre complètement. Plus aucun vent ne venait refroidir cette pièce désormais.

<<-Je n'arrivais pas à fermer l'oeil. Je me demandais si tu allais venir.>>

Il ne répliqua pas. Je l'entendis simplement s'approcher du lit, et se glisser sous les draps. C'était, en somme, sa manière de me dire 'viens'. J'en esquissa un sourire, et le rejoignis sous la couette. J'approcha ma carrure frêle vers son corps, ma vue emplis par ses larges épaules, et son parfum si charismatique m'enivrant toute entière, et colla mon buste contre son dos.

Il n'aimais pas ça. Parce que mes pieds touchaient les siens, et mes pieds étaient toujours froid.

<<-Tu as les pieds froids, Harley, grogne-t-il et j'échappe un gloussement.>>

Je retire alors mes pieds des siens, éloignant mes jambes des siennes, et glisse mon bras autour du siens. Là, je me laisse tomber, paisible, dans les bras de Morphée, bercée par la respiration ralentissante de mon amant. Mes craintes s'éloignent, et je suis prête à passer une bonne nuit, sans cauchemars ni terreurs.

Loving madness [HarleyXJoker]{fiction+Os}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant