Valandil

Chapitre 38 : la confiance règne

Rose :

Toute cette gentillesse de la part de Nathan m'énervait plus que tout. J'avais bien essayé de le repousser comme je l'avais fait une foi à l'institut. Certes inconsciemment, mais je savais comment faire désormais. Pourtant, la barrière que j'avais mise en place n'avait pas l'air de le gêner le moins du monde. Il y avait quelque chose d'anormal chez lui...

Je me relevai pour montrer que je ne voulais pas en entendre plus de sa part. Il n'avait pas l'air de comprendre que ça ne servait à rien d'essayer.

- Vas-t-en s'il te plait, lui dis-je en m'éloignant vers les soldats statufiés. J'ai besoin de réfléchir seule...

Les gardes étaient tous armés, plus qu'il ne le devraient. Ils avaient tous des lances et une épée. Certains avaient des couteaux, d'autre des armes à feu. Celui posté devant moi possédait un arc et des flèches en plus de sa lance. Comme s'il partait en guerre...

Je lui ôta l'arc et pris une flèche avant de viser Nathan. Il n'avait pas bougé... Je n'avais jamais tiré à l'arc et même si je faisais tout ce que je pouvais pour ne pas le montrer, la corde de l'arc oscillait entre mes doigts.

-Rose, fit calmement Nathan en levant doucement les mains, pose cet arc. Ce n'est pas un jouet. Cet flèche et bien plus dangereuse que tu ne peux l'imaginer.

-Dans ce cas là, sort!

Je fit un pas de plus et feins de lâcher la corde. Il sursauta.

-Repose cette arme où tu l'as pris, reprit-il en se faisant plus insistant. Je sais que tu n'as pas envie de faire ça.

-Ah !? Et comment ? Ton super don de seconde vue te dit tout ? C'est ça ?

-Arrête, on dirait une gamine. Tes mains tremblent, répond-il avec un ton brusque. Écoute, dis-moi comment te prouver que...

À cet instant, tout ce passa si vite, en un clignement d'yeux. Quand je n'entendis plus sa voix et que je réalise que j'avais lâché la corde de l'arc, je craignais le pire. La flèche alla si vite. L'arc me glissa des mains. 

La main devant la bouche je contemplais, horrifié, ne croyant pas que j'avais essayé de tuer quelqu'un. Comment en étais-je arrivé là ?

Nathan, lui, regardai la flèche qui s'était planté dans le mur, à plusieurs mètres de lui. Je crus qu'à ce moment il comprenais enfin, qu'il savait que je n'arriverais probablement jamais à lui faire confiance. Comme pour tout le monde.

De mon coté, je m'attendais à ce qu'il m'écoute et qu'enfin il s'en aille. Mais à la place, il alla décrocher la flèche planté dans plusieurs centimètres de béton, et il vint ramasser l'arc qu'il plaça sur son dos de tel manière à ce qu'il ne le gène pas. Je le regardai faire, ébahis par mon propre geste et la signification qu'il aurait put avoir.

Il s'approcha de moi et prit mes mains. Dedans il y plaça la flèche en refermant mes doigts tremblants avec les siens.

-Et si je t'ouvre ma mémoire, me souffla-t-il. Est-ce que tu serais convaincu?

Sans attendre ma réponse, il enleva son bouclier. Celui qui m'empêchait d'entendre ses pensés. Jusque là, je n'avais perçus que les battements de son cœur. Déconcerté par l'importance de ce geste je ne savais plus quoi faire. J'avais essayé de le tuer, et lui insistait toujours pour que j'ai foi en son peuple.

Je n'avais aucune envie d'entrer dans sa tête. Qu'il soit de mon côté ou pas. J'avais assez mal vécu ce procédé pour ne pas le faire endurer à quelqu'un d'autre. Mais Nathan lui, n'avais pas l'air de craindre ce qu'il risquait de revoir. Aussi, il ne me laissa pas le choix.

Soudain, toutes sortes d'images défilèrent devant mes yeux. Je sentais de la peur et de la tristesse. Pourtant j'apercevais un petit garçon heureux avec sa famille. Mais au fur et à mesure, je découvris que ses parents étaient décédés. Que sa sœur l'avait élevé dans les meilleures conditions possibles pour lui. Et pourtant j'entrevis de la mélancolie et de la colère. Je compris que cela devait être la personne qui l'avait quitté, celle qui l'avait décrite avec tant d'amertume.

Je n'étais pas dans la bonne période de sa vie et je n'avais pas envie de tout regarder. Non seulement ça ne me regardait pas, mais en voyant la tête de Nathan blêmir à chaque seconde je réalisai qu'il accomplissait là un geste de confiance. J'essayai de m'échapper de son emprise, mais je n'y arrivais pas. Il m'obligeait à continuer...

Je tentai d'avancer le temps mais ça ne fonctionne pas non plus. Je décidai de fermer les yeux et de me concentrer, un moment, pour ne pas en voir trop sur son enfance.

-Arrête, chuchotais-je difficilement. Tu n'es pas obligé de faire ça...

Mais il n'en fit rien. Je rouvris les yeux pour vérifier qu'il était toujours là. Mais tous ses souvenirs revinrent. Je le vis discuter avec son frère dans la nuit. Je me rendis compte qu'il savait, ce soir là. Qu'il savait que j'avais réussi à couper les liens qui me retenais. Pourtant il n'avait rien fait. « Peut-être qu'elle aura la présence d'esprit de s'enfuir » se disait-il. 

Je le vis aussi discuter avec ses collègues dans la salle de réveil, et y entrer sous leurs reproches pour une raison que seul son subconscient devait connaître. Une force invisible qui l'avait poussé rentrer.

-Nathan stop, arrivais-je à dire d'une voix plus forte.

Je lâchais ses mains et le film s'arrêta. Le tintement du métal de la flèche résonna dans la gigantesque salle. Il mit du temps à reprendre tout ses esprit.

-Pourquoi tu as fait ça, demandais-je incrédule.

-Tu me crois ou pas ?

Je hochai doucement la tête, par reflex. Mais je savais que c'était la vérité. Il me prit par les épaules, contact que je jugeai trop proche et je ne pu m'empêcher d'avoir un mouvement de recule. Mais il reprit ma main avant de me dire :

-Sortons d'ici.